Valoriser les filières par apprentissage

La Conférence des grandes écoles et la Conférence des présidents d'université militent pour une meilleure valorisation des filières par apprentissage.

Publié le 10 février 2015

Alors que le nombre d'apprentis a baissé au cours de ces dernières années (-8% de l'effectif constatée au niveau national), le gouvernement maintient l'objectif d'atteindre 500 000 apprentis en 2017.
Bien que difficile, la Conférence des grandes écoles (CGE) et la Conférence des présidents d'université (CPU) jugent l'objectif atteignable, à condition de soutenir l'apprentissage à tous les niveaux de formation.

Défendre les moyens de l'apprentissage dans l'enseignement supérieur

Dans un rapport du Conseil d'analyse économique rendu public le 7 janvier dernier, les auteurs[1] proposent, parmi leurs recommandations de « concentrer sur l'apprentissage et le pré-apprentissage les moyens publics en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes peu qualifiés » et ce au détriment des formations par apprentissage dispensées dans les établissements d'enseignement supérieur.

Ces dernières, développées par les universités et les grandes écoles ont pourtant largement contribué à améliorer l'image de l'apprentissage. En effet, ce sont près de 10 000 apprentis qui sont recrutés par les universités chaque année depuis 2007 (chiffre MESR) ; ils représentent désormais 10% des étudiants des grandes écoles. Les résultats en matière de réussite aux examens, d'insertion professionnelle ou d'épanouissement reflètent le succès de cette politique.

Concentrer les moyens publics vers les filières à bas niveaux de qualification repose sur une vision réductrice et peu valorisante de l'apprentissage alors que le problème est structurel : les CFA requièrent avant tout davantage de souplesse et de réactivité dans leur capacité à adapter leurs formations pour répondre à l'évolution rapide des métiers et des technologies.

La CGE et la CPU rappellent donc qu'il est essentiel que l'apprentissage soit développé à tous les niveaux afin d'offrir aux jeunes qui le souhaitent des possibilités de parcours complets de formation jusqu'à bac +5.

Promouvoir l'image des cursus de formation par apprentissage

En outre, à l'heure où les jeunes lycéens sont amenés à faire leur choix d'orientation, il convient de rappeler que la construction d'un projet professionnel passe par une information neutre, exhaustive et de qualité. Or, s'agissant de l'apprentissage, les jeunes ne bénéficient pas toujours d'une information objective et complète.

Pour permettre une meilleure valorisation des filières en apprentissage, il faut casser les blocages et conservatismes qui, depuis des années, expliquent qu'elles ne constituent qu'une filière mineure de formation dans notre pays, (7 à 10% des jeunes formés), et qu'elles représentent une voie de relégation pour les jeunes en situation d'échec scolaire.

En réalité, l'apprentissage est avant tout une voie pédagogique de formation initiale à part entière, d'égale dignité avec la voie en temps plein. Il requiert donc volontarisme, cohérence et continuité sur le long terme. Si les enseignants et le personnel en charge de l'orientation considèrent l'apprentissage à parité d'estime avec les formations en temps plein, cela permettra de développer réellement cette filière et de la faire porter par les plus hautes autorités publiques.

Pour atteindre 500 000 apprentis en 2017, il faut cesser de mettre à mal ce qui fonctionne et se donner les moyens de valoriser l'apprentissage à sa juste valeur.

La France est probablement le pays qui pratique le plus ce mode pédagogique au niveau de l'enseignement supérieur, contrairement au mythe allemand qui ne l'a in fine développé qu'infra bac.

Ce mode de formation doit et peut par conséquent être

d'autant plus qu'en période de crise il y a une vraie valeur ajoutée en matière d'accès au premier emploi.

[1] Pierre Cahuc et Marc Ferracci, (avec les contributions de Jean Tirole et Étienne Wasmer)