Aéronautique et développement durable :

quel partenariat durable entre les entreprises et les jeunes ingénieurs ?

Publié le 19 décembre 2012

Après avoir traité des questions environnementales et techniques lors des éditions précédentes, la conférence « Aéronautique et développement durable » organisée par l’IPSA 11 décembre 2012 s’est intéressée au troisième pilier du développement durable : le social. Consciente que les ingénieurs sortant actuellement des écoles d’aéronautique ont des attentes différentes de leurs aînés, l’IPSA a réuni un panel d’experts (sociologues, jeunes ingénieurs, entrepreneurs, recruteurs) pour étudier ces nouvelles attentes et les moyens que les entreprises peuvent déployer pour répondre à ces demandes.

 

La génération Y, généralités et enjeux

La conférence s’est ouverte par une présentation de Monique Dagnaud, directrice de recherche en sociologie au CNRS, rattachée à l’EHESS. Après avoir siégé huit ans au CSA, elle a orienté ses recherches sur la jeunesse. Depuis quelques années, elle s’intéresse plus particulièrement à la génération Y.

Est appelée génération Y la tranche de la population née entre 1980 et le milieu des années 1990. Elle est caractérisée par une multitude de facteurs socio-économiques qui la différencie des générations précédentes (génération X et baby-boomers en premier lieu) :

·         Ses membres ont été élevés dans un esprit de compétition scolaire, du fait de l’environnement de crise dans lequel ils ont grandi ;

·         Ils ont grandi avec Internet et utilisent cet outil pour communiquer, coopérer et créer. Ce rattachement à Internet a forgé une culture où l’humour et le cynisme ont une place importante. Ils soutiennent par ailleurs les idées de culture pour tous (et donc de la gratuité des produits culturels). Ce sont des digital natives. Dans les marges, cette attraction pour les écrans peut entraîner des dérives (vie privée, problème vis-à-vis de la réalité, addiction) mais ces phénomènes restent très rares.

Cependant, cette génération n’entretient pas forcément de rapports conflictuels avec ses aînés. Du fait de l’éducation calquée sur le modèle Bourdieu/Dolto (l’enfant est un individu et doit être écouté) qu’elle a reçu, elle est plus enclin à la diplomatie, et cherche donc à éviter le conflit. Par ailleurs, du fait des différents contextes (études longues, crises, chômage), cette génération bénéficie d’un soutien familial que la génération X n’a pas forcément connu. Enfin, idéologiquement, les notions de gratuité de la culture et de partage la rapprochent des baby-boomers.

 

En conséquence de quoi la génération Y entretient des rapports différents à l’entreprise que ceux qui ont pu être par le passé. Ainsi, ses membres entretiennent un rapport étrange à l’autorité, la rejetant a priori (c’est la génération de l’individualisme expressif, où la personne vaut mieux que le groupe), mais suivant beaucoup moins les mouvances antiautoritaires que ses aînés. De fait, cette génération a besoin d’accompagnement.

 

De nouveaux métiers pour une nouvelle génération ?

Suite à cette intervention, une table-rondeétait animée par Gil roy,journaliste aéronautique . Intitulée « De nouveaux métiers pour une nouvelle génération ? », elle réunissait François Baert (chargé de recrutement chez UTC Aerospace Systems), Catherine Bayle (IPSA promotion 2007, ingénieure cotation/suivi gros chantiers chez Dassault Falcon Service), Anne Chamarande (directrice communication, recrutement et relations écoles chez Akka Technologies), Monique Dagnaud, Guillaume Imbert (IPSA promotion 2009, customer service Representative chez Embraer), Philippe Moniot (PDG de Rex Composite) et Marie-Sophie Pawlak (présidente de l’association Elles Bougent).

En partant du constat que les responsables en ressources humaines peuvent avoir une image faussée de la génération Y, les différents intervenants ont disserté sur les tenants et les aboutissants du rôle des membres de la génération Y dans l’entreprise.

Un premier profil a été dressé : pour la génération Y, l’intitulé de poste aura souvent plus d’importance que le salaire. Ainsi, le début de carrière d’un jeune ingénieur peut amener ce dernier à changer régulièrement d’entreprise. Cependant, cela varie en fonction de l’intensité de la culture d’entreprise : si l’intégration est bonne et si le team building est efficace, l’entreprise peut capter l’attention du jeune ingénieur. La génération Y est curieuse, a soif d’apprendre.

S’en est suivi un débat sur le rôle de la femme ingénieure. Les femmes sont nécessaires en entreprise, par leur point de vue. Cependant, elles ne représentent que 27,8 % des effectifs dans les écoles d’ingénieurs. Il y a nécessité à informer et former les filles dès l’école. De fait, des freins plus ou moins conscients existent : une ingénieure (évoluant dans un milieu essentiellement masculin) pourra plus ou moins consciemment avoir des exigences salariales moindres que celles de ses collègues hommes (à niveau et compétences égales) ; l’entreprise va prendre en compte la maternité des candidates à un poste avant de les employer… Pour pallier à ces phénomènes, des politiques égalitaires sont mises en place (quota de femmes siégeant aux conseils d’administration, congés paternité allongés…)

Dernier point abordé lors de cette table-ronde : le rôle des jeunes ingénieurs dans les PME. Ces structures sont associées à un patriotisme d’entreprise fort (carrière au sein de la structure jusqu’à la retraite, promotions internes) justifié par des craintes de fuites de savoirs et de compétences. Aussi, les PME sont a priori peu enclines à employer des ingénieurs issus de la génération Y, souhaitant plus de flexibilité dans le travail. Pour concilier ces deux points de vue, des initiatives communes entre entreprises et collectivités territoriales voient le jour, sous l’angle « vivre et travailler au pays ». En mettant en place des infrastructures attractives, en améliorant la qualité de vie et les services, les régions peuvent attirer l’attention des jeunes ingénieurs. Ainsi, la région Auvergne propose par exemple d’indemniser le loyer des nouveaux arrivants venus travailler dans la région. Ce afin de faire émerger un nouveau tissu de PME en France.

La conférence s’est terminée sur la signature d’une convention de partenariat entre l’IPSA et l’association Elles Bougent.


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