JE SUIS CHARLIE... et étudiante

Témoignage touchant d'une étudiante

Publié le 14 janvier 2015

Il me semble qu'en ce jour de rassemblement, de soutien aux familles mais aussi de peur, la moindre des choses que nous puissions faire en tant que, futurs journalistes, journalistes, rédacteurs, humains tout simplement c'est de partager notre ressenti, nous qui sommes si concernés par cette liberté d'expression qui anime notre âme.

Ces journalistes vouaient leurs vies à l'information au travers de la satire. Détourner l'actualité grâce à l'humour, informer tout en gardant ce trait d'humour propre à Charlie Hebdo qui visait toutes les générations confondues. Il faut garder une lueur d'espoir pour que la France devienne meilleure, car sans espoir, expliquez-nous comment survivre dans une France telle que celle de notre génération, nous les 15-30 ans qui devons construire notre avenir et soutenir cette France du futur ?

Lequel d'entre tous ces journalistes, dessinateurs et autres, aurait imaginé ce mercredi matin, partir exercer sa profession-passion comme chaque jour et ne jamais rentrer pour embrasser ses enfants, sa famille ? Aucun d'entre nous ne peut admettre ne rien éprouver pour ces hommes et ces femmes pris au piège par ces assassins dénués de toute humanité et qui sont les seuls coupables. Car oui, Charlie n'est pas coupable. A moins de l'être du crime d'avoir usé de la liberté d'expression. Nous sommes tous Charlie. Nous sommes tous touchés par ce drame. La France ce n'est pas ça. L'Islam non plus ce n'est pas ça. La religion ne tue pas, la religion rallie les hommes à une même cause : la paix. La religion n'ordonne pas de tuer lorsque l'avis de ton prochain diffère du tien, la religion t'ordonne d'aimer et de pardonner ton prochain lorsqu'il t'offense. La religion ne demande pas d'agir en son nom, elle parle d'elle-même et est assez forte pour exprimer un message de paix. Et cela, Charlie l'avait compris. Charlie n'a jamais sali quelconque religion. Charlie n'a fait qu'utiliser l'humour en tant que pouvoir d'écriture. Cela a-t-il choqué ? Certainement. Mais comment avancer sans choquer ? Car, qu'est-ce qui fait réellement réagir les Français de nos jours ? Le choc. Voyez par vous-même toutes ces foules qui se soulèvent lorsqu'elles sont choquées. Cela a donc choqué quelques personnes mais cela en a fait rire d'autres, pourtant touchées par ces tirades, ayant compris la subtilité de celles-ci.

La pire chose qui pourrait être faite dès à présent, dans cette France déjà meurtrie serait l'amalgame. Vous savez, cette chose que font ceux qui ignorent. "Mettre tout le monde dans le même panier", dirons-nous. Mélanger musulmans et terroristes. Pensez-vous que cette femme faisant ses courses, cet enfant à l'école, cet homme qui se rend au travail chaque matin, mais qui sont tout de même musulmans, approuvent cet acte barbare ? Non. Bien sûr que non. Et aujourd'hui ce n'est pas uniquement la France qui pleure mais toute la communauté musulmane qui se trouve de nouveau sujette aux amalgames et obligée de porter le fardeau de la honte à cause de quelques individus se sentant investis d'une mission divine.

Nous venons tous d'horizons différents, de familles différentes, nous possédons tous un avis différent mais nous sommes tous unis aujourd'hui pour clamer haut et fort que la presse et la liberté d'expression vaincront dans cette épreuve. Nous devons tous agir à notre niveau. Ajouter une pierre à l'édifice, aussi petite soit-elle.

Ne ressentiez-vous pas de la peur lorsque vous entendiez que des individus ayant abattu 12 personnes de sang-froid soient en liberté ? Ou lorsqu'au plus profond de vous, vous savez que ces individus ne sont pas les seuls et qu'il y en aura d'autres...

N'êtes-vous pas effrayés de sortir de chez vous, de laisser votre famille, vos amis, sachant que vous ne serez en sécurité nulle part ?

C'est en tant qu'étudiante et humaine que je m'exprime. Je suis outrée par ce crime. Je ne me sentirai plus jamais en sécurité comme avant. Je ne pourrai plus jamais dire "ne vous inquiétez pas pour moi, à ce soir" à ma famille. Car si, justement ils ont le droit de s'inquiéter comme je m'inquiète pour eux, pour ma propre vie. Pour la vie de mes proches. Comment faire le serment de chérir une personne et de veiller sur elle pour la vie si nous ne sommes même plus capables de prendre soin de notre propre vie ?

La rédaction d'un hebdomadaire pacifiste n'est-elle pas censée être un lieu de neutralité parfaite ? Car dans le fond, Charlie ne souhaitait pas être au centre des conflits comme aujourd'hui. Il souhaitait s'exprimer et laisser s'exprimer les Français.

Malheureusement, maintenant, chaque jour, les survivants de ce drame, se souviendront de cela en se rendant au travail la peur au ventre. Le traumatisme encore en tête.

C'est pour eux, pour ceux qui sont partis bien trop tôt et en leur mémoire que nous devons nous rassembler et faire face à ce drame que la France n'oubliera jamais.

Toutes nos pensées aux familles des victimes.

Merci à Kevin Benard, 18 ans, étudiant en architecture et concerné par cette cause comme nous tous pour son dessin illustrant à merveille ce drame mais aussi la magie de la liberté d'expression.

Marie-Emilie Germaine.




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