Allocution de Valérie Pécresse, à loccasion de l'Ouverture de la Conférence nationale sur le logement étudiant

Mardi 5 avril 2011 – Centre Pompidou

Publié le 05 avril 2011

Seul le prononcé fait foi

Avant toute chose, je voudrais remercier notre hôte pour ses paroles de bienvenue et lui dire que je lui suis très reconnaissante d'accueillir nos débats dans ce temple de la culture et de la création qu'est le Centre Pompidou.

L'imagination et la créativité, très cher Alain Seban : on ne saurait trouver meilleurs augures pour cette journée de dialogue et de rencontres sur l'avenir du logement étudiant.

Car tout l'enjeu de cette conférence est là : répondre de la manière la plus efficace possible à un besoin toujours plus urgent en logements étudiants, mais le faire en explorant toutes les pistes, et le cas échéant en en inventant de nouvelles.

Pour cela nous devons agir vite, mais nous devons penser notre action sur le long terme, en prenant dès aujourd'hui la pleine mesure des diverses problématiques que nous aurons à surmonter.

Et c'est la raison pour laquelle, j'ai souhaité que cette conférence nationale sur l'avenir du logement étudiant, soit la plus ouverte possible. Qu'y soient associés tous ceux qui d'une manière ou d'une autre sont confrontés à cette question que je crois essentielle et à laquelle seuls, ni les CROUS, ni les
Universités, ni les collectivités ne sauraient faire face.

D'emblée je tenais donc à vous remercier d'avoir répondu si largement à cette invitation en vous disant que j'attends beaucoup des multiples débats que vous allez ouvrir tout au long de cette journée et qui, je l'espère, nous conduiront à un projet qui soit un projet solide et un projet partagé.


Alors bien entendu nous ne partons pas de rien. A la tête du Ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche, j'ai fait du logement étudiant, vous le savez, une priorité de mon action.

Pour une raison très simple : depuis 4 ans, je n'ai qu'un seul souci, qu'une seule ambition, refonder l'université avec les étudiants et pour les étudiants eux-mêmes.

Tous les rapports le démontrent en effet : la réussite scolaire, l'entrée dans la vie active, la confiance que les jeunes entretiennent dans l'avenir, tout cela est étroitement lié à leurs conditions de vie et d'étude.

Cette conviction que j'avais hier, je la ressens aujourd'hui avec plus d'acuité encore : travailler sur le logement comme sur les bourses ou la rénovation de nos campus, ce n'était pas seulement améliorer le cadre de la vie universitaire, c'était aller au devant même des défis que je me suis fixés pour notre
système de formation, pour la qualité de nos diplômes et pour l'insertion professionnelle de nos étudiants.

Or force est bien de l'admettre : après des décennies d'inaction et de négligence, nous avions pris sur cette question du logement un retard évident. Un retard qui pesait non seulement sur les jeunes bien sûr, mais aussi sur leurs familles et finalement sur la société toute entière.
Car à force de ne pas créer de nouvelles places dans nos résidences universitaires, dans le logement social, dans le parc privé, c'est l'ensemble des loyers qui se mettent à augmenter, réduisant d'autant les capacités des familles les plus démunies à investir dans l'avenir de leurs enfants et à financer leurs
études.

A qui douterait du reste des lourdes conséquences qu'entrainait cette pénurie en logements, il suffirait de se plonger un instant dans les deux excellents rapports que Jean-Paul Anciaux a livrés à la nation.

Au terme de ce travail remarquable, vous nous aviez, monsieur le Député, fixé un objectif ambitieux :
construire 50 000 logements supplémentaires d'ici 2015.

Eh bien, je veux vous dire que c'est de cet objectif que nous sommes partis et c'est à lui que nous nous efforçons de répondre depuis maintenant trois ans.

Nous le faisons en construisant des logements neufs tout en réhabilitant et en agrandissant les résidences les plus vétustes.

Nous le faisons en travaillant en lien étroit avec les collectivités territoriales autour de l'épineux problème du foncier partout où il se pose. Mais aussi en trouvant de nouveaux terrains disponibles, y compris sur les anciennes casernes militaires du Ministère de la Défense.

Nous le faisons en développant la colocation dans le parc public grâce à la loi de mobilisation pour le logement et la lutte contre l'exclusion. En encourageant le logement intergénérationnel et en expérimentant le logement modulaire. En facilitant l'accès au logement privé grâce aux services
« Logement en ville » des CROUS qui chaque année proposent plus de 50 000 locations aux étudiants. Ou encore en inventant de nouvelles formes d'hébergement comme les internats d'excellence. Bref en redoublant d'efforts et d'imagination et en faisant flèche de tout bois !

Et aujourd'hui les résultats sont là. Depuis deux ans, nous avons rejoint le sentier de croissance que nous avait fixé le rapport Anciaux, avec la création de plus de 5 000 logements sociaux par an.
J'ajoute que 28 résidences supplémentaires ont ouvert leurs portes à la rentrée dernière et plus de 8 500 places ont été réhabilitées par les CROUS.

Au total, ce sont ainsi près de 44 000 places supplémentaires qui auront été mises à la disposition de nos étudiants depuis 2007. Et permettez-moi de vous le dire : jamais depuis plus de 30 ans notre pays n'avait autant investi dans le logement étudiant.

Pour assumer un tel effort, il fallait des moyens financiers puissants. Et là encore, l'Etat a été au rendez-vous de ses engagements. En 3 ans à peine nous avons multiplié par 2 ou presque le budget consacré au logement étudiant : de 64 millions d'euros en 2007 à 110 millions en 2010, sans compter
naturellement les 47 millions d'euros supplémentaires apportés par le Plan de relance, ni les crédits exceptionnels du Plan Campus que nous lançons cette année.

Mais je veux dire aussi que ces moyens, aussi nécessaires et massifs soient-ils, n'auraient pas suffi sans une mobilisation générale de tous : je pense aux collectivités territoriales bien sûr dont je tiens à saluer l'engagement constant et décisif aux côtés de l'Etat, mais aussi aux acteurs du logement,
bailleurs privés et organismes HLM inclus, qui ont mis toutes leurs forces pour accélérer les chantiers et construire dans les meilleurs délais ces logements dont nous avions besoin.

Aux uns et aux autres, je tenais aujourd'hui à adresser mes remerciements les plus sincères et les plus appuyés.

A la CPU qui a participé très activement à la préparation de cette conférence, démontrant une nouvelle fois, très cher Louis Vogel, combien le logement est au coeur des préoccupations des universités, au même titre que la réussite de leurs étudiants.

Aux maires et aux Présidents de Région que je salue au travers des membres de leurs associations respectives : l'Association des régions de France qui sous l'impulsion de son Président, Alain Rousset, s'est fortement mobilisée pour la réussite de cette journée, mais aussi l'Association des villes
universitaires de France et l'Association des maires des grandes villes universitaires.

Aux membres de la Fédération des promoteurs immobiliers et de l'Association interprofessionnelle des résidences étudiantes et services dont je remercie très chaleureusement les deux Présidents, Marc Pigeon et Philippe Nicolet d'être présents parmi nous ce matin comme ils le sont sur le terrain
tout au long de l'année.

Et bien entendu, je n'oublie pas les CROUS, ni les représentants de l'ensemble des associations étudiantes présentes parmi nous.
*
Mesdames et messieurs, ensemble nous pouvons être fiers, très fiers même des progrès que nous avons accomplis, mais nous devons garder pleine conscience du chemin qu'il reste à parcourir.

Pour une raison simple : dans un futur proche et de manière durable, nous aurons toujours plus besoin de logements étudiants.

A en croire une enquête menée par l'institut IPSOS en mars dernier, ce mouvement qui pousse les jeunes à quitter le domicile familial pour s'installer ailleurs, loin de s'essouffler, s'amplifie et même s'accélère, et ce dès leur entrée dans le Supérieur.

Ils sont ainsi plus de 60 % à faire ce choix aujourd'hui, contre seulement 45 % il y a encore 3 ans.

Ce mouvement que l'on dit de décohabitation, nous avons d'ailleurs ni à le craindre, ni à le regretter.
Il traduit simplement une aspiration profonde de la jeunesse française à l'autonomie, sans doute plus forte ou plus précoce qu'autrefois. Une envie d'indépendance qui n'est pas immédiatement matérielle ou financière, mais qui participe tout autant à la construction d'une personnalité et à
l'émancipation d'un individu.

Et c'est la raison pour laquelle nous avons plus que jamais le devoir d'y répondre. Car ce désir d'indépendance est une étape décisive de la transition vers l'enseignement supérieur qui est un temps d'études bien évidemment, mais aussi un temps où l'on fait l'apprentissage des nouvelles
libertés et des nouvelles responsabilités qui seront celles ensuite de la vie adulte et de la vie professionnelle.

Vous l'aurez compris, c'est parce que je crois profondément que cette question du logement est intimement liée à la réussite de nos étudiants que je me refuserai à ce qu'à nouveau nous prenions du retard, faute d'avoir pris à temps l'exacte mesure de nos besoins.
A l'évidence nous partageons tous cette ambition et c'est la raison pour laquelle, ensemble, nous devons nous poser les bonnes questions :

Quel objectif ambitieux mais raisonnable pouvons-nous fixer en termes de construction de nouveaux logements ? Et par conséquent comment répondre aux demandes qui ne seront pas satisfaites ?

Comment mieux faire connaitre aux jeunes les possibilités qui leur sont offertes et comment encourager sous toutes ses formes de nouvelles opportunités, dans l'habitat social comme dans le privé ?

Quelle doit être enfin le rôle et la place de chacun dans cet effort général que nous devons mener ?

Quels partenariats favoriser ? A quelle échelle doit-on les mettre en oeuvre

A toutes ces interrogations, c'est à vous qu'il revient maintenant de répondre. Mais je veux vous dire dès maintenant deux convictions auxquelles pour ma part je ne dérogerai pas.

La première d'entre elles c'est que nous n'avons pas toute essayé, loin s'en faut, en matière de logement étudiant. Que ce soit sur le foncier, le bâti ou encore les manières d'habiter ou de cohabiter, nous devons redoubler d'efforts, mais aussi d'imagination et d'inventivité.
Ma seconde certitude, c'est qu'à l'évidence les étudiants souffrent d'un handicap d'image sur le marché du logement, alors même qu'il n'y a aucune raison à cela et qu'à plus d'un titre, je crois que cela devrait plutôt être l'inverse. Pour nous tous en tous cas, c'est là un défi de taille que d'une
manière ou d'une autre nous aurons à relever.

Mesdames et messieurs, je vous remercie de votre attention et vous souhaite une excellente journée de rencontres et d'échanges. Je ne doute pas qu'elle vous permettra d'appréhender l'ensemble des enjeux que je viens d'évoquer et ainsi de nous faire avancer sur la très belle cause qui nous réunit


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