Interview de Marc SELLAM, Président et Fondateur du Groupe IONIS

Plein feu sur la saga du groupe IONIS

Publié le 15 octobre 2008

Capcampus

Mr Sellam, vous dirigez Ionis Education Group, premier acteur du marché du supérieur privé en France. Avant de conquérir cette place de leader sur le marché de la formation, quel était votre activité professionnelle ?

Marc SELLAM

Après des études d’ingénieur à l’ESME Sudria, j’ai commencé par travailler dans l’industrie chez Thomson CSF devenu Thales. Je suis devenu directeur de l’enseignement supérieur et des télécommunications à Paris. J’ai été inspecteur principal et j’ai eu le rôle de préparer la numérisation du réseau (c'est-à-dire : passer de la technologie analogique à la technologie numérique).

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Et votre cursus / formation !?

Marc SELLAM

Ingénieur ESME Sudria 3e cycle à l’Institut Supérieur des Techniques d’Organisation et de Management.

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Quel événement a déclenché chez vous l’envie de vous lancer dans la « Saga Ionis » ?

Marc SELLAM

Par esprit d’entreprise, goût de l’autonomie et aimant le challenge. Après un passage dans l’industrie publique comme privée, j’ai trouvé que les choses n’allaient pas assez vite notamment en raison de la culture de réseaux trop pesante. J’ai voulu changer d’univers, je me suis donc dirigé vers l’enseignement car c’est un domaine dans lequel j’ai toujours évolué puisque déjà, en parallèle de mes études, je m’étais investi dans ce secteur par le biais de cours du soir, de soutien etc …


De Thales au Groupe IONIS

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Pouvez-vous présenter le positionnement de votre groupe ?

Marc SELLAM

J'ai l'habitude de reprendre cette formule : « nous formons la nouvelle intelligence des entreprises ». Notre groupe comprend des écoles très différentes. Certaines, nous les avons crées. D'autres, nées voilà une centaine ou une cinquantaine d'années, ont été rachetées. Pourtant, toutes ont en commun de chercher à construire de meilleurs ponts avec les entreprises pour créer les meilleures adéquations entre compétences, connaissances, et capacité. Nous voulons nourrir les entreprises de nouvelles personnalités qui correspondent bien aux profondes mutations que nous sommes en train de vivre.

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Combien d'écoles dans votre groupe ?

Marc SELLAM

Nous disposons d'une quinzaine d'écoles ou d'institutions... Pardon de cette imprécision mais nous sommes toujours dans une dynamique d'innovation... Donc nous disposons aujourd'hui de deux business schools (ISG et ISEG), d'une école spécialisée dans la comptabilité (ICS Begué), d'une préparation bien connue avec ISTH. Sur notre campus technologique nous comptons deux écoles d'ingénieurs (ESMESudria et Epita), quatre écoles d'expertise et d'ingenierie dont Ipsa pour l'ingenierie aéronautique, E-Art Sup pour la création numérique, SupBiotech pour les nouveaux métiers de la biologie sans oublier, présente maintenant dans 12 villes de France, Epitech l'école de l'expertise informatique. ISEFAC pour les métiers du commerce et du marketing et ETNA pour l'informatique répondent aux besoins de formations courtes et d'alternance. Nous avons crée également dans le domaine du soutien scolaire à domicile Ionis Tutoring et nous lancerons dans les prochaines semaines dans la sphère de la formation permanente « Ionis Pro ».

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Pourriez-vous donner à nos lecteurs quelques chiffres clés (nb élèves, anciens élèves, professeurs implantations...) ?

Marc SELLAM

Je reprendrai la phrase que nous utilisons quand il nous faut nous définir quantitativement : 15 écoles, 15 000 étudiants; plus de 2 000 enseignants et intervenants : plus de 50.000 anciens élèves ; près d'une centaine d'accords de partenariats avec des universités et institutions dans le monde.

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Si vous deviez caractériser votre groupe à l'aide de 3 mots, quels seraient-ils ?

Marc SELLAM

Le premier mot touche à notre état d'esprit en permanent mouvement : création, sens de l'innovation... Le second reposerait sur l'initiative, l'esprit d'entreprise, ce « quelque chose » qui fait que nous sommes toujours en mouvement... Le troisième se rapporte à la responsabilité, au sens profond que nous avons de notre « client étudiant » et qui fait qu'il n'est pas simplement qu'un étudiant de passage mais un membre d'une communauté dans laquelle notre responsabilité ne stoppe pas le dernier jour de cours, encore moins notre relation.



Un vaisseau amiral : l'ISEG

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Du côté Ecoles de Commerce, comment vous différenciez-vous de la multitude d'écoles de commerce dans le paysage français ?

Marc SELLAM

Cette multitude correspond sans doute à des besoins sinon pourquoi démultiplier les offres... ? Nos deux écoles de commerce ont vraiment des personnalités bien distinctes. Avec l'ISEG, depuis trente ans, nous créons une école unique et pourtant présente dans 7 villes de France. Nous créons une communauté d'étudiants qui comprend l'importance de conjuguer des connaissances et un travail sur ses propres compétences tant des notions comme celles d'adaptabilité, d'ouverture d'esprit, de réactivité, sont majeures dans les domaines du commerce, du management, de la communication. Avec l'ISG c'est autre chose, un véritable état d'esprit à part.

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Quel est le vaisseau amiral de votre « flotte de commerce »?

Marc SELLAM

C'est l'ISG qui continue sur une dynamique excellente et qui reste une référence incontestable auprès des entreprises et des entrepreneurs. Cette école est née il y a quarante ans, persuadée qu'il fallait modifier la donne pédagogique si nous voulions performer durablement dans un univers marchand de plus en plus ouvert. La recette d'hier reste celle d'aujourd'hui et de demain : une véritable ouverture internationale ; une proximité permanente avec le monde des entreprises ; une vie associative comme vecteur de formation et de compréhension de soi et de sa relation aux autres ; une importance du relationnel assumée...Chaque semaine l'ISG est citée dans les nominations qu'on retrouve dans la presse quotidienne de qualité parce que l'école aide des milliers de jeunes à « saisir l'époque », à s'y mouvoir et surtout à savoir s'y adapter.



D'ingénieur à Ingénieurs : transmettre sa passion !

Capcampus

Depuis des années, on nous parle de pénurie d'ingénieurs. Comment expliquez-vous le peu d'engouement des jeunes pour ce métier alors que la demande est là et que ce n'est pas les écoles et universités préparant à ce métier qui manquent ?

Marc SELLAM

Il y a pénurie parce qu'il n'y a pas mobilisation tout simplement. Il y a pénurie parce qu'on ne valorise pas ces métiers, parce qu'on reste marqué par un élitisme forcené, parce qu'on ne souligne pas combien les filles sont faites pour ces métiers, parce que les media relayent parfaitement la crise mais ne soulignent pas combien ces métiers sont modernes, passionnants, internationaux, vivants...

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Quand on parle de l'Epitech ou de l'Epita, on associe ces noms d'école à « passionnés », « experts en informatique ». Comment avez-vous réussi à créer des marques aussi fortes et aussi connues dans la communauté des « fous d'info » ?

Marc SELLAM

Votre question contient exactement la réponse... Nous avons crée des écoles qui s'adressent réellement à des passionnés, pas des « usines à jobs » parce que la conjoncture le permet. Nous, nous affirmons clairement aux jeunes qui veulent rejoindre ces écoles, qu'ils cherchent à devenir ingénieurs ou experts, que l'enseignement est difficile, qu'il demande beaucoup de temps, que les vacances serviront aux stages, que les projets de fin d'études occuperont pas mal de leurs soirées et de leurs nuits... S'ils recherchent à s'intégrer dans l'informatique parce que c'est aujourd'hui la filière la plus facile, cela peut marcher... Mais cela fonctionne d'autant mieux que nous avons affaire à des passionnés qui ne comptent pas les heures d'études... D'ailleurs la plupart nous connaissent avant, participent à nos forums, vont sur les mêmes sites que nos étudiants...



Ionis imprime ses marques !

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On pourrait comparer votre approche dans le secteur de la formation à celle des marques de luxe : un « produit bien conçu diffusé en peu d'exemplaires » ?

Marc SELLAM

Je dirai autrement si vous me le permettez... Nous avons en commun avec de telles marques d'être sensible à la notion de marque. Nous comprenons comme elle le caractère rare de telles valeurs, l'obligation de les fructifier mais l'importance de ne pas faire n'importe quoi... Nous comprenons surtout que l'enjeu n'est pas celui de la notoriété mais de la réputation... l'ISG, Epitech, ICS Begué, ESMESudria... autant de marques qui disposent d'une crédibilité forte et que nous cultivons dans le respect des « fondamentaux de ces marques ».

Capcampus

Avez-vous d'autres projets afin de répondre à d'autres filières métiers souffrant de pénurie ?

Marc SELLAM

Oui mais je ne trouve pas pour l'instant... Vous ne pouvez pas m'accuser de « langue de bois ». Je souhaite disposer d'une Ecole dans le domaine de l'Art, d'une autre dans celui de la Mode... Enfin, je crois qu'il ne faut pas enterrer trop vite le métier de journaliste. Dans une société qui aura de plus en plus besoin de contenu, de compréhension de ses propres évolutions, ce métier devra se transformer mais dispose d'un potentiel réel.

Capcampus

A contrario, les filières communication et artistiques attirent beaucoup, mais le marché n'a pas la capacité d'absorber tous ces futurs créateurs, designers et communicants. Comment votre groupe aborde-t'il ce challenge ?

Marc SELLAM

Je ne sais pas pour les autres écoles... En ce qui nous concerne presque tous les élèves qui veulent travailler dans ces domaines trouvent, directement ou indirectement. Dans le premier cas ils rejoignent une entreprise du secteur, dans le second ils trouvent un premier job qui conduit vers ce domaine. Mais les transformations du secteur permettent aussi à nos étudiants, généralement bien armés pour s'adapter, de trouver des débouchés, par exemple moins dans les agences classiques mais plus dans les sphères d'Internet...

Capcampus

Avez-vous des statistiques au niveau de votre groupe sur le temps moyen entre la sortie d'école et l'obtention d'un premier job pour les jeunes diplômés du groupe Ionis ?

Marc SELLAM

Oui nos chiffres sont simples... En ce qui concerne les Ecoles technologiques nous atteignons des niveaux de professionnalisation de 100%, une très large majorité avant même de quitter l'Ecole. Pour l'ISG ou pour l'ISEG plus de 85% des étudiants trouvent le premier emploi moins de trois mois après le diplôme.



Entre nous

Capcampus

Quelle est l'origine du choix du nom de baptême de votre groupe, Ionis?

Marc SELLAM

Nous avons travaillé voilà quelques années avec Publicis Dialog, l'agence que présidais Marc Drillech qui depuis nous a rejoint comme directeur général en charge du marketing, de la communication et des media... Parmi les propositions celle-ci nous avait plu parce qu'elle avait une certaine hauteur et des références, des tonalités, qui semblaient bien se marier avec notre univers de référence. Nous n'avons jamais regretté ce choix !

Capcampus

Quelles surprises nous préparez-vous pour 2009

Marc SELLAM

En principe les surprises demeurent cachées... Enfin presque... Nous allons terminer le développement d'Epitech en France en ouvrant deux dernières antennes à Marseille et à Caen. Dans les prochains mois nous allons également intensifier notre développement international pour Epitech, en particulier en Chine. Nous planifions d'ouvrir pour certaines de nos écoles des branches régionales en France mais ce projet est un peu récent pout l'aborder aujourd'hui. Nous allons, même si la date officielle de lancement reste à déterminer, développer une activité structurée autour d'une entité nommée pour l'instant « Ionis Pro » dans le domaine de la VAE et de la formation permanente en totale synergie avec le potentiel de nos Ecoles...Quant aux autres développements, permettez moi de rester discret.

Capcampus

Au cours de la saga Ionis, quel est le pire souvenir pour l'entrepreneur que vous êtes ?

Marc SELLAM

Aucun, que des bons souvenirs.

Capcampus

Et le meilleur ?

Marc SELLAM

Tous car je fais en sorte de toujours prévoir le pire pour vivre le meilleur.

Capcampus

Avez-vous une devise dans la vie ?

Marc SELLAM

Il n'y a pas de vents favorables pour celui qui ne sait pas où il va (Sénèque).

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Un dernier mot à nos lecteurs ?

Marc SELLAM

Il faut tout faire avec passion, anticipation et détermination.