Faut-il savoir philosopher pour savoir bien manager ?

L’ICD intègre la philosophie à son cursus

Publié le 21 mars 2012

Depuis de nombreuses années, la culture générale fait partie intégrante des programmes de l'ICD. Un souhait de l'actuel directeur de l'école Erwan Poiraud qui a toujours pensé que « la culture générale permettait de développer l'esprit d'analyse, d'offrir un véritable enrichissement aux étudiants qui feront par la suite la différence sur le terrain ». Anthropologie, introduction aux sciences humaines et philosophie sont quelques unes des matières dispensées à l'ICD dans le cadre de la formation en culture générale. « Plus d'un étudiant est surpris, de découvrir ces cours dans son cursus mais est rapidement séduit et fait facilement les interconnexions avec le reste de ses disciplines », précise le directeur de l'ICD. Et la philosophie ne déroge pas à la règle. Pour Stéphane Gillet, professeur de philosophie à l'ICD, philosophe et historien, la philosophie permettra aux étudiants « de faire la différence par rapport à des diplômés lambdas, de mieux comprendre le monde et son évolution. C'est seulement grâce à des réflexes de découverte et de compréhension des différentes cultures, qu'ils seront à même d'être plus habiles et performants dans le commerce international ». Mais alors faudrait-il savoir philosopher pour savoir bien manager ?


Stéphane Gillet vient de dispenser un semestre de cours sur le thème « Religion et Civilisation » durant lequel les étudiants ont découvert par des exposés de nombreuses cultures et courants spirituels ayant une influence directe sur la civilisation occidentale. Pour clore ce semestre, les étudiants ont préparé une affiche résumant avec des textes, images et symboles l'esprit de leur recherche et Stéphane Gillet a organisé une dernière séance sous forme de table ronde où il a invité un rabbin, un prêtre, un imam et un pasteur à venir débattre de la question de la religion et du commerce. « Pour des raisons pratiques, nous nous sommes volontairement limités aux religions monothéistes, c'est à dire les religions de l'écrit, qui sont les plus présentes dans les sociétés occidentales. De plus, nos étudiants vont passer le prochain semestre à Dublin, pays où l'on aime espérer que les habitants feront un jour la paix autour de la croix... Ainsi ils seront mieux armés pour comprendre certaines conséquences sociétales des antagonismes religieux, » précise-t-il.

Stéphane Gillet enseigne également l'éthique des affaires. Pour lui la philosophie dans une école de commerce est essentielle, elle est même devenue incontournable à la vue de la situation actuelle : « Face à la crise économique, au taux de chômage galopant, à l'absence de projets de société et au mauvais classement de la France au bonheur mondial, notre monde économique a besoin d'une aide d'urgence. La philosophie vole légitimement au secours de l'entreprise. Certaines écoles n'hésitent pas à introduire des cours de philo, d'éthique des affaires et de développement durable à leur programme, et plus seulement en option. Le but est de former des managers responsables. Nous parlons ici de la véritable responsabilité, de la fierté de l'homme libre, et non pas du titre galvaudé de « responsable » imprimé sur trop de cartes de visite... Ainsi, certaines écoles organisent des Semaines de la philosophie, montent des Chaires du mieux-vivre, font intervenir des représentants religieux sur des thèmes tels que l'argent ou le travail comme lors de la Conférence de l'ICD en janvier dernier. Nous voulons donner à nos étudiants des clefs pour mieux appréhender leur époque.»

Les qualités exigées dorénavant pour anticiper et construire le monde de demain ont changé. Les compétences techniques et les « basiques » commerciaux (Comptabilité, gestion, finance) sont évidemment toujours incontournables pour un manager, mais ne sont plus suffisantes. « Un bon manager doit développer un sens aigu de la responsabilité, à la fois vis-à-vis de ses clients, de ses fournisseurs et de ses collaborateurs. Le manager du XXIe siècle sera philosophe ou ne sera pas ! Le cadre accompli sera capable de s'adapter à toutes les circonstances, tout en gardant à l'esprit l'essentiel, c'est à dire l'Homme », analyse Stéphane Gillet.

La culture générale basique ne suffit pas. « Au-delà d'une bonne érudition, nous aiguisons le bon sens durable de nos étudiants. Beaucoup d'hommes sont doués de raison, trop peu de bon sens, » explique le philosophe.

Les managers manifestent un besoin de plus en plus pressant de « donner du sens » à leur action et à leur travail. Pour Stéphane Gillet : « Gagner de l'argent n'est plus une motivation en soi, car trop de richesse tue la richesse. L'argent pour l'argent conduit à la destruction de l'homme et de l'environnement et ne fait qu'accentuer les déséquilibres nationaux et internationaux entre riches et pauvres. De même trop de progrès tue le progrès. » C'est pourquoi il est essentiel d'apporter au manager de demain la profondeur et l'esprit d'analyse nécessaire pour affronter les nouveaux défis et enjeux du XXIème siècle. Il est donc indispensable d'éveiller chez les étudiants une conscience et une autonomie de pensée. Pour cela, le recours à la philosophie s'impose, faisant le lien entre les sciences « dures », les sciences économiques, les sciences juridiques et les sciences humaines. « C'est cet esprit pluridisciplinaire et surtout polymathique que nous nous efforçons d'insuffler à nos futurs managers » assure Stéphane Gillet.

L'enseignant en philosophie de l'ICD conclut ainsi : « A travers nos enseignements philosophiques, nous cherchons à enseigner l'idéal du management, c'est-à-dire le leadership vertueux. Il faut s'imaginer un dirigeant sachant anticiper et baser son action sur les vertus philosophiques antiques. Ces vertus cardinales sont la magnanimité (générosité et visions), l'humilité (garder le sens de la mesure), la prudence (qui n'est pas de la méfiance), la justice (pour assurer l'équité au sein d'une équipe), le courage (qui ne signifie pas être kamikaze) et la tempérance (ou self-control). Ce « capitaine d'entreprise » saura motiver ses troupes en délégant travail et responsabilités. Le véritable leader est ainsi à la fois entrepreneur et entreprenant, passionné et passionnant. Ce sont de tels hommes et femmes que nous nous efforçons de préparer à l'ICD. »


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