Les nouveaux comportements des étudiants en cours :

l'analyse et les réponses de l'EM Strasbourg Business School

Publié le 10 décembre 2012

Des enseignants déstabilisés par les nouveaux comportements en cours des étudiants, un nouveau mode de fonctionnement à trouver : c’est face à cette équation que l’EM Strasbourg, fidèle à sa tradition universitaire, a mené une étude inédite sur la présence des étudiants en cours. Il en ressort un besoin de nouer un contrat pédagogique avec les enseignants, de rénover des pratiques pédagogiques trop souvent négligées à l’université et, surtout, d’amener les étudiants à
adopter un comportement responsable à l’école. Car l’EM Strasbourg en est convaincue : le comportement de ses élèves pendant leur scolarité est à l’image de leur futur comportement de manager.
Mettre en accord, dès maintenant, leurs valeurs et leurs actions constitue donc un enjeu de taille.


Les Assises 2012 de l’enseignement supérieur ont remis en cause la pédagogie universitaire, notamment en évoquant la disparition du cours d’université  traditionnel en amphi. Les nouveaux comportements et les attentes des étudiants bouleversent ainsi la manière de concevoir l’enseignement supérieur. L’EM Strasbourg n’a pas échappé à ces questionnements. Paradoxalement, c’est par des enseignants vacataires, déçus des comportements des étudiants en cours, que l’école a été interpellée.


Fidèle à son caractère universitaire, l’école de management de Strasbourg a commandé une étude à Enrico Prinz, enseignant-chercheur en finance et gouvernance d’entreprise, sur la gestion de l’assiduité des étudiants de l’école. Isabelle Barth, directrice générale, avait déjà procédé ainsi avec Impact Factor, une étude sur l’impact économique de l’EM Strasbourg sur son territoire, menée par un enseignant-chercheur et dévoilée avant l’été.

 

La méthodologie


Dans le but de parvenir à une image claire et la plus exhaustive possible, Enrico Prinz a conduit son enquête auprès des quatre principaux groupes d’acteurs de l’EM Strasbourg concernés par la question de l’absentéisme :

  • enseignants-chercheurs permanents,
  • enseignants vacataires et intervenants professionnels externes,
  • représentants des étudiants de chaque promotion actuelle,
  • l’ensemble des étudiants actuels de l’établissement.


568 personnes ont ainsi répondu à ce sondage, qui a été complété par des interviews.

 

L’assiduité des étudiants de l’EM Strasbourg : principaux résultats


Le suivi de l’assiduité des étudiants, une question importante
76,5% des enseignants permanents, 86% des intervenants et 72% des étudiants accordent de l’importance à la question du suivi de l’assiduité des étudiants.
Comment agissent les enseignants ?

  • 53% des enseignants permanents de l’EM Strasbourg et 79% des vacataires contrôlent l’absentéisme.
  • 38% des permanents et 19% d’intervenants ne le suivent pas régulièrement ou pas du tout. Pour eux, cette fonction n’est pas considérée comme une mission d’un enseignant dans l’enseignement supérieur : complexité des démarches existantes et perte de temps pour relever l’absentéisme.


Pourquoi la gestion de l’assiduité est-elle importante ?
- Pour 31% des enseignants permanents, le suivi de l’assiduité est considéré comme un levier permettant de responsabiliser les étudiants.
- Pour 37% des vacataires, il constitue un moyen de mieux connaître les étudiants et permet ainsi de créer un climat de confiance et de respect.


Une question de responsabilité
- Parmi les enseignants ne considérant pas la question du suivi de l'assiduité comme un sujet important (18% des enseignants permanents et 9% des vacataires), la majorité considère que les étudiants sont majeurs et doivent assumer leurs responsabilités (83% des permanents et 78% des vacataires).
- Seule une minorité des enseignants (17% des permanents et 11% des vacataires) est d’avis que les étudiants sont tout à fait libres de choisir les cours qui les intéressent et auxquels ils souhaitent assister.


La présence en cours des étudiants : plus âgés, plus matures, moins absents ?

  • Plus des trois quarts des élèves, tous programmes confondus, indiquent assister régulièrement à tous les cours (41%) ou à la quasi-totalité (36%).
  • Seule une minorité déclare ne participer qu’aux enseignements suscitant leur intérêt (5%) ou faisant l’objet de sanctions en cas d’absence (2%).
    D’après le sondage, l’assiduité paraît augmenter au cours de leurs études. Plus ils avancent dans leur cursus et plus le taux d’absentéisme baisse :
  • 84% des étudiants de 3e année du programme Grande École et 98% des élèves en masters universitaires déclarent assister régulièrement à tous les cours ou à la quasi-totalité ;
  • en première année du PGE, ils ne sont que 70% à le faire.


Que signifie l’absence en cours ?

  • Pour un tiers des étudiants interrogés, un faible taux de présence serait simplement le résultat de décisions individuelles d’assister ou non à des cours.
  • Un sixième considère, par ailleurs, que cette décision n’est pas nécessairement liée à l’enseignant.
  • Environ 20 % des élèves jugent que l’absentéisme de leurs camarades est favorable à la compréhension du cours, l’ambiance étant plus calme et l’enseignant plus accessible.
  • Pour 13 % des étudiants, l’absence illustre un faible engagement de la part des élèves dans leurs études.
  • Enfin, 6 % des étudiants estiment que cela témoignerait clairement de la mauvaise qualité des cours et/ou des enseignants chargés de ces derniers.

 

Des raisons personnelles
Lorsqu’on leur demande de préciser les raisons personnelles pouvant les détourner d’un cours, les étudiants répondent :
- pour 30% qu’ils préfèrent travailler de manière autonome ;
- pour 20% qu’ils ont des préoccupations plus importantes, telles que des associations ou des projets professionnels;
- pour 18% qu’ils n’ont pas envie d’assister à tous les cours ou qu’ils ont besoin du temps libre entre ces derniers.


Des marges d’amélioration de la pédagogie
Si l’absence en cours semble d’abord résulter de choix individuels donc de la responsabilité de l’étudiant, la pédagogie est néanmoins invoquée par 34% d’entre eux. Ils pointent notamment les capacités pédagogiques d’un enseignant, sa non-maîtrise du sujet ou de la langue de travail, et enfin un rythme d’avancement trop lent ou un style pédagogique trop scolaire.

Des marges d’amélioration de l’organisation de la journée de travail

  • Le fait que le cours ait lieu trop tôt dans la journée constitue pour 14,5% des étudiants une raison de ne pas assister à celui-ci.
  • 18% des élèves interrogés réagissent de la même manière lorsque le cours a lieu à une heure jugée trop tardive.
  • Environ 10% des étudiants peuvent être amenés à s’absenter de cours considérés comme trop longs.

 

Quelles solutions pour suivre l’assiduité ?
Deux grandes tendances se dégagent chez les enseignants :

  • ceux optant en faveur d’un système réglementé qui permet de suivre systématiquement l’assiduité des étudiants au moyen de listes de présence ;
  • les partisans d’un système libéral faisant davantage appel au choix d’assister ou non aux cours et d’assumer pleinement la responsabilité des étudiants.


Ce qu’en disent les étudiants :

  • 42% optent en faveur d’un système libéral, la proportion étant plus élevée encore dans les deux premières années du parcours PGE (50% en 1re année et 43,5% en 2e année contre 40% en 3e année) ;
  • 30% estiment que chaque enseignant devrait décider individuellement s’il impose une présence obligatoire et communiquer sa décision clairement aux élèves ;
  • seule une minorité de 12% se dit favorable à l’utilisation de listes d’émargement.

 

Enseignants et étudiants se rejoignent dans le souhait d’une meilleure cohérence du système de suivi de l’absentéisme qui intégrerait les attentes tant du corps enseignant que des étudiants.

 


Ce qu’il faut retenir

  • Le suivi de l’assiduité des étudiants de l’EM Strasbourg est considéré par la majorité des enseignants et des étudiants comme une question importante.
  • Néanmoins, il existe à l’heure actuelle une grande hétérogénéité des procédures appliquées pour gérer cette problématique. Tandis qu’une partie des enseignants surveille la présence en cours au moyen de listes d’émargement ou d’appels classiques, d’autres ne suivent pas – pour plusieurs raisons – l’absentéisme.
  • Pour les étudiants interrogés, des éléments principalement liés à la pédagogie ainsi qu’au contenu des cours sont mis en avant comme motifs principaux de l’absentéisme. S’y ajoute l’absence de sanctions efficaces en cas d’absence. Si les étudiants confirment ainsi l’importance de la mise en place d’un système plus cohérent pour gérer l’absentéisme, la majorité opte cependant en faveur d’un modèle libéral laissant le choix.

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