Atelier street art : les étudiants de 3e année d'e-artsup sont-ils les futurs Banksy ?

Une dizaine d'étudiants de 3e année d'e-artsup Paris ont eu la chance de pouvoir suivre un atelier consacré au street art et animé par l'artiste Yory Ingunza. Plasticien et street artist passé par de nombreux pays, cet intervenant a ainsi pu raconter aux étudiants l'histoire de cet art pas si récent et les initier à la technique du pochoir pour embellir leur futur ex-campus. Après trois semaines de travail et de découvertes, les étudiants pouvaient enfin passer à l'acte ce jeudi 11 décembre.

La nuit tombée en cette fin d'après-midi hivernale, les étudiants de la promotion 2017 étaient impatients de pouvoir marquer de leur empreinte le campus technologique IONIS Education Group du Kremlin-Bicêtre. Pour cela, ils avaient tous apporté leur pochoir sur lequel ils travaillaient depuis maintenant deux semaines sous l'égide de leur intervenant Yory Ingunza. En compagnie de leur professeur de street art, ils posaient chacun leur tour leur bout de carton découpé contre le mur et laissaient parler le « pschit » des bombes de peintures pour inscrire dans la pierre leur création.

« Je ne connaissais pas le pochoir et je me suis rendu compte que c'est génial. »
Une belle récompense pour ces jeunes créatifs, tous ravis d'avoir choisi de participer à cet atelier à part dans le cursus proposé par e-artsup. « J'ai toujours été intéressée par le street art mais je ne savais pas vraiment comment ça se passait parce qu'on ne voit généralement pas les street artists en pleine action étant donné qu'ils font ça plutôt la nuit, se réjouit Suzanne Ucar, auteure d'un somptueux pochoir à l'effigie de Frida Kahlo dont elle est fan. Cet atelier était donc l'occasion d'apprendre toutes les bases, de pouvoir participer en quelque sorte à ce courant et surtout de réaliser nos propres pochoirs : on n'était pas là seulement pour écouter, on pouvait aussi participer et créer ! » Comme Suzanne, les étudiants ont particulièrement apprécié le fait de pouvoir découvrir une nouvelle technique. « Je ne connaissais pas le pochoir et je me suis rendu compte que c'est génial en fait, raconte par exemple Alexandre Rosenthal, à l'origine d'un pochoir sur Frank Zappa, son « artiste favori, un génie disparu qui avait 200 ans d'avance en musique ».

Yory (avec la veste bleue) guide un étudiant

Un atelier pour découvrir « l'histoire du street art »
D'autres comme Antoine Guinet ou Iris Descatoire avaient déjà pratiqué le street art avant de prendre part à cet atelier. Ils n'ont pas été déçus pour autant. « J'avais commencé par en faire avant de me lancer dans la création graphique, explique Antoine. Comme cela faisait un bon bout de temps que j'avais arrêté, cet atelier était l'occasion de m'y remettre en me faisant plaisir et en me lâchant avec mon nouveau style : avant, je faisais plus du graff', de la calligraphie, mais là, j'ai pu découvrir le pochoir, l'adapter à l'illustration et faire le parallèle entre le street art, le graphisme et l'art en général. » Déjà passée par des « cours de graffiti » lorsqu'elle habitait à Bayonne, Iris rejoint l'avis de son camarade de promo : « Pendant les ateliers, Yory nous expliquait l'origine du street art, son histoire, quels en sont les courants principaux, les grands noms comme Blek le rat ou Banksy et leurs influences. Finalement, c'est dommage que cet atelier ne dure pas plus longtemps car j'aurais bien aimé aller plus loin et expérimenter encore davantage le pochoir mais aussi d'autres techniques ! » Bravo à eux pour les magnifiques créations !

Quatre questions à Yory Ingunza, plasticien/street artist et intervenant à e-artsup
Est-ce que tu es surpris par les étudiants d'e-artsup ?
Même si trois séances pour découvrir le street art, cela reste très court, je suis vraiment très satisfait du travail des étudiants et du résultat. Ces pochoirs réunis dévoilent un travail très esthétique et réfléchis au niveau de la composition et du choix des couleurs. Si, depuis le premier jour de l'atelier, certains étudiants ont beaucoup pensé à la composition de leur pochoir et à sa forme, je constate qu'ils ont acquis une réelle maturité au fur et à mesure qu'ils ont pu développer cette technique.

Comment t'est venue cette passion pour le street art ?
Cela vient vraiment de très loin. Étant artiste plasticien à la base, ma démarche a toujours été axée sur le dialogue avec le public et sur le fait de sortir l'art des musées, des galeries. Pour cette raison, je faisais déjà beaucoup d'interventions dans l'espace public et c'est par ce biais que je suis arrivé naturellement au street art, pour dialoguer encore plus avec les gens. C'est un peu la démocratisation de l'art : ceux qui n'ont pas pu faire des études d'art ou qui n'en ont pas forcément une approche culturelle peuvent, avec leur sensibilité, rentrer dans ce dialogue visuel et artistique.


Qu'est-ce qui, selon toi, fait un bon street artist ?
Cette question a finalement été au cœur de mon dialogue avec les étudiants car un « bon street art » est un dessin qui a été réfléchi. Le dessin à l'état brut, c'est le tag, voire même l'art rupestre puisque l'homme s'exprime depuis très longtemps, mais le street art amène une vraie réflexion esthétique, politique ou socio-politique.

Ce n'est pas si courant de voir une école comme e-artsup proposer à ses étudiants de s'initier au street art. Comment vis-tu cette première expérience en la matière ?
C'est assez émouvant car il faut savoir que de nombreux graphistes ont commencé dans la rue, par le street art. Lors de cet atelier, j'ai ainsi pu voir que plusieurs étudiants avaient déjà été attirés par ce courant même s'ils n'étaient pas forcément passés à l'acte. Cet atelier était donc pour eux l'occasion de se lancer. Leur donner ce coup de pouce est donc particulièrement plaisant, d'autant que le sens réel de cette démarche, c'est tout simplement de leur donner des outils qu'ils pourront utiliser ensuite dans leur futur métier de graphiste ou de directeur artistique. Le street art est un art à part entière - peut-être plus à la mode aujourd'hui - mais c'est surtout différentes techniques pouvant aussi être utilisées dans la communication, la publicité, etc. Le choix est large !