Dix réalisateurs à connaître avant de mourir (Part 1)

Découvrez la conférence tirée de la journée de la création organisée à e-artsup Lille le 4 avril.

Publié le 12 mai 2014

À Lille le 4 avril, c'était la journée de la création, un évènement organisé à e-artsup Lille. À cette occasion plusieurs activités avaient lieu et notamment :
- la création d'un fanzine
- un workshop relatif au FabLab (qui réunit les créatifs d'e-artsup et les ingénieurs de l'ESME Sudria Lille)
- une conférence sur les « 10 réalisateurs à connaître avant de mourir », donnée par Maxime Olivier, enseignant en histoire de l'art, en histoire du graphisme et en culture visuelle (en anglais). Elle avait pour but de nourrir la créativité des étudiants. Retour sur ce classement objectif qui réunit des réalisateurs ayant marqué visuellement leur époque.

Buster Keaton
« Si voir des films muets, en noir et blanc et qui ont presque 100 ans peut ne pas donner envie aux étudiants, il deviennent tous clients de Buster Keaton une fois qu'ils y ont goûté », affirme Maxime Olivier. Et pour cause : il semble difficile de s'ennuyer devant un film de celui qu'on surnommait « l'homme qui ne rit jamais » et qui donna ses lettres de noblesse à la slapstick comedy. Ses films sont très visuels et comportent un nombre conséquent de gags dantesques réalisés avec peu de moyens. Et si d'autres noms de cette époque sont également à conseiller (Charlie Chaplin et Harold Lloyd en tête), Buster Keaton est de loin le plus impressionnant à voir, ses gags « toujours aussi incroyables visuellement » bénéficiant « d'un superbe timing dans la mise en scène » et d'un « sens de la comédie extraordinaire ».
Il est à noter que l'influence de Buster Keaton est toujours d'actualité : l'oscar 2012 du meilleur court-métrage d'animation, « The Fantastic Flying Books of Mr. Morris Lessmore », puise ouvertement son inspiration dans l'œuvre du cinéaste américain.


Fritz Lang
Plus que pour son œuvre générale fortement recommandable, Fritz Lang est d'abord à connaître pour son « Metropolis » de 1927 : « une symphonie visuelle assez incroyable » qui va inspirer plus d'un artiste pour son esthétisme, ses dizaines d'images marquantes et ses innovations dans l'utilisation des trucages. « Futuriste et dantesque » encore aujourd'hui malgré son âge, il contient de nombreuses scènes d'animation en stop motion très agréables. Parmi les grands noms influencés par ce classique intemporel citons le mangaka Osamu Tezuka (qui dessina son propre « Metropolis », plus tard adapté en film par Rintaro) ou encore les réalisateurs contemporains Terry Gilliam et Michel Gondry, spécialistes des « trucages maisons ».



Charles Laughton
Davantage connu pour son passé d'acteur, Charles Laughton a néanmoins signé un poème visuel assez incroyable en 1955 lors de son unique incursion derrière la caméra : « La Nuit du Chasseur ». C'est d'ailleurs le film préféré de Maxime Olivier : « Il est génial car très étrange et très loin de tout ce qu'on pouvait imaginer du cinéma américain des années 50. Ce sera d'ailleurs un échec commercial pour le réalisateur. » La force de ce film réside autant dans la manière dont il traite son récit que dans sa conception visuelle. « C'est la preuve qu'on peut faire un film qui parle d'un serial killer poursuivant des enfants tout en étant poétique : l'utilisation du noir et blanc, d'une espèce de lenteur et de plans très beaux contraste avec l'histoire qui est super sombre ». Entre le conte pour enfant déviant et la fable négative, « La Nuit du Chasseur » reste un classique hypnotique et irréel, servi par de superbes perspectives, des décors parfaits, un cadrage précis et un jeu d'acteurs saisissant.


David Cronenberg
Si la filmographie de David Cronenberg fourmille de films transgressifs, le choix de Maxime Olivier s'est principalement porté sur « eXistenZ » au moment d'aborder le profil du réalisateur : « Beaucoup d'étudiants d'e-artsup veulent faire du game design et "eXistenZ" est justement un film qui réfléchit à la notion de réalité dans le jeu vidéo même s'il a forcément un côté un peu daté vu qu'il a été réalisé en 98/99 ». Alors que les jeux vidéo deviennent de plus en plus réalistes ou utilisent des outils d'immersion comme l'Oculus Rift, « eXistenZ » s'interroge sur où s'arrête la réalité et où s'arrête la fiction. Et comme pour nombre de films de Cronenberg, il comporte un univers visuel très organique. « Ce qui est génial avec Cronenberg, c'est qui rend le tout très inquiétant », explique l'enseignant.


Paul Verhoeven
Rien de mieux que le film « Starship Troopers » de Paul Verhoeven pour montrer comment une satire politique peut être à la fois drôle et hyper violente. Nourri de fausses images de propagande et de journaux télévisés (une marque de fabrique du réalisateur), « Starship Troopers » n'est pas un simple film d'action fun : passé le 1er degré, il révèle une réflexion politique très intéressante. Son ironie totale et son humour acerbe en font une sorte de divertissement pervers qui peut être vu comme un pur moment de cinéma pop-corn mais aussi comme une critique antimilitariste et antipatriotique. Et si Maxime Olivier recommande le travail de Verhoeven, c'est parce qu'il sait justement manier les codes : « C'est quelque chose de vraiment important : il faut connaître les codes pour mieux les utiliser. C'est d'ailleurs une démarche propre à un autre réalisateur culte, Stanley Kubrick, qui a pris tous les types de films possibles pour en faire quelque chose de nouveau. Un bon communicant, quelqu'un qui fait des images, doit savoir utiliser les codes car ce sont ces codes que tout le monde a en tête. Et ce qui fait un grand communicant, c'est sa capacité justement à détourner ou améliorer ces codes. »


La deuxième partie du top 10 est à lire ici.


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