Swopr, l'application mobile qui réinvente le troc réalisée par Julien Vieira (e-artsup promo 2011) et Nicolas Martin-Lassagne

Julien Vieira (e-artsup promo 2011) fait partie de la première promotion en Design Interactif d'e-artsup. Après deux expériences professionnelles en tant que directeur artistique en agences de communication, il décide de devenir freelance afin de développer Swopr, une application qui « réinvente le troc ». En parallèle à ce projet ambitieux et innovant, il devient professeur de communication digitale au sein de l'école depuis le début de l'année 2015.

Quel est ton parcours depuis la fin d'e-artsup ?
J'ai effectué mon diplôme en alternance dans l'agence digitale 5ème Gauche et à la fin de mes études, j'ai voulu me tester sur un nouveau challenge. Du coup, j'ai continué dans le digital en le développant dans l'agence Pschhh. J'y ai passé deux ans et, après avoir appris beaucoup de choses, j'ai encore voulu me lancer dans une nouvelle aventure : j'ai choisi de quitter mon CDI pour me mettre à mon compte, être freelance, développer mon réseau et me laisser du temps pour développer mes projets personnels comme le projet Swopr.

D'où vient l'idée de Swopr, qui souhaite remettre au goût du jour le troc via une application intuitive ?
Nicolas est un ancien collègue de chez Pschhh, qui travaille aussi à son compte. Nous avions décidé de nous lancer dans de nouveaux projets et de les réaliser ensemble. En avril 2014, il est venu me voir avec cette idée. J'ai tout de suite accroché et on s'est dit qu'avec une idée comme ça sous le coude, c'était dommage de ne pas s'y consacrer pleinement. On s'est donc penchés sur la recherche d'un nom, d'un logo et tout s'est enchaîné très vite. Nous avons réalisé une maquette fonctionnelle, puis le design de l'application à partir de ce qui se faisait de mieux en matière d'ergonomie et de design interactif pour qu'elle soit innovante, tant dans son fonctionnement que graphiquement. Le résultat correspond bien à ce qu'attendent les utilisateurs : une application simple, esthétique, et pratique.
Cette idée soulève des questions sur la notion de propriété qui a beaucoup évolué ces dernières années. On remarque que les gens sont actuellement dans une mouvance où ils n'hésitent pas à louer leur appartement, leur voiture, etc. C'est une façon de revisiter la consommation et de donner une seconde vie à des objets « en fin de cycle ». Il n'y a pas d'aspect financier : c'est de l'échange pur. Si un objet possède une valeur inférieure, on ne va pas demander d'argent supplémentaire pour compléter. C'est vraiment sur l'usage et sur l'affinitaire : est-ce que j'ai vraiment besoin de mon objet ? Aurai-je intérêt à l'échanger contre un autre objet plutôt que de le brader sur un site de vente en ligne ?

Où en est le projet ?
La landing page est lancée, tout comme la page Facebook et le compte Twitter. Un ancien de chez Pschhh (encore !) a également rejoint le projet plus récemment. Il s'occupe de la partie technique. Le développement est en cours et une version beta pour iPhone devrait être testable au premier trimestre 2015. Une version Android suivra ensuite, afin que chacun puisse utiliser l'application. On travaille également à des versions desktop et iPad du projet, mais comme la navigation a été conçue pour mobile, nous réfléchissons à une manière plus pertinente de porter Swopr sur ces supports.

À y regarder de plus près, on se dit que Swopr ressemble au Tinder du troc.
Ce qui est intéressant avec Tinder, c'est que les rencontres sont qualifiées puisque l'utilisateur va discuter avec quelqu'un qui lui plaît et qui est attiré par lui. Ce système de réciprocité nous paraissait intéressant pour notre idée de troc d'objets - si j'échange un objet avec quelqu'un, l'objet de la personne en face doit me plaire. Le principe est simple : un utilisateur poste un objet sur Swopr, l'accompagne d'une description de 150 caractères et lui attribue une gamme de prix et une zone d'échange possible - par exemple, mon objet vaut entre 50 et 70 euros et je suis prêt à faire 30 km pour l'échanger. L'application permettra de voir les gens autour de soi qui proposent des objets dans la même gamme de prix, puis d'accéder à un « wall » d'objets que l'on pourra « swopper » à la manière de Tinder. Si les deux propriétaires sont attirés par l'objet de l'autre, ils peuvent alors être mis en relation via leur smartphone, soit en s'appelant, soit par mail.

Quel sera le business model de Swopr ?
Dans un premier temps, avec le lancement de la beta, tout sera gratuit et illimité. Ensuite, nous comptons mettre en place un modèle freemium. On pourra tout faire gratuitement, il y aura simplement un accès payant impliquant des options déblocables : nombre d'objets « swoppés » illimités, pas de publicité, affichage d'objets sans limitation de vues, etc. L'abonnement représentera en fait un confort d'utilisation supérieur.
Ensuite, nous comptons lancer rapidement l'application à l'étranger, car c'est un modèle plutôt universel qui pourra plaire à d'autres pays qui veulent aussi consommer autrement et plus intelligemment.

Avec le recul, que t'a apporté e-artsup pour pouvoir monter ce projet ?
Le fait d'avoir pu être accompagné en 5e année pour développer un Grand Projet personnel à grande échelle m'a complétement donné envie d'entreprendre et m'a permis de me rendre compte qu'avec de la volonté, de la passion et de l'énergie, on pouvait aller de l'avant. Cette expérience a été très utile pour développer Swopr, d'autant que les notions d'ergonomie digitale, de design ou encore les techniques de développement mobile (type géolocalisation) sont des normes que j'ai apprises à l'école.
Le fait d'avoir travaillé en alternance m'a également permis de développer des projets similaires en agence. En fait, Swopr aurait pu être un Grand Projet d'e-artsup et c'est un peu comme ça que je le perçois en pensant à sa viabilité, son financement, sa réalisation, aux contraintes graphiques et techniques en matière d'écran, de responsive...

Du coup, tu renvoies la balle en devenant à ton tour professeur au sein de l'école ?
Un peu, oui. Lors de mes années passées chez Pschhh, j'ai pu accompagner deux étudiants d'e-artsup en stage et en contrat pro. J'ai eu beaucoup de plaisir à leur apprendre le métier de designer et je me suis justement rendu compte que je prenais autant de plaisir à créer des projets qu'à aider ceux qui s'y mettent. Quand Nicolas Becqueret, le directeur d'e-artsup, m'a contacté pour me proposer de devenir professeur de communication digitale, j'étais ravi.
C'était l'occasion pour moi de participer au plein boom de l'école, avec son prochain déménagement et l'essor de ses campus en régions. J'ai envie de montrer aux étudiants qu'avec leur expérience et leur univers, il y a moyen d'entreprendre, d'avoir de bonnes idées et de croire en leurs projets.
Les étudiants d'e-artsup sont habitués à faire de la publicité, des affiches, du print, etc. Mais quand on parle de print aujourd'hui, cela s'intègre dans un projet 360° : on ne voit pas une campagne de communication sans page Facebook, sans application mobile ni site évènementiel. Un DA qui veut faire uniquement du print aujourd'hui ne peut pas trouver de travail. Du coup, c'est très important pour eux de connaître le digital, ses usages et ses contraintes. Comme j'ai toujours fait du digital, à l'école comme en agence, je peux leur apporter ce côté-là et essayer de susciter leur curiosité. Une fois qu'on connaît ce qu'il faut savoir à ce sujet, c'est la porte ouverte à la créativité.

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