Thierry Ambraisse (e-artsup promo 2011) élu « Best Visual Designer 2015 » des CSS Design Awards

Directeur artistique et designer freelance, Thierry Ambraisse (e-artsup promo 2011) est un habitué des récompenses et des mentions honorifiques. Auteur de nombreux sites plébiscités par les blogs et médias référents du secteur de la « création Internet », il a été élu « Best Visual Designer 2015 » par CSS Design Awards, en plus de figurer parmi les finalistes de la catégorie « Website of the Year » pour son site personnel www.hellothierry.com. Retour sur le parcours à succès de cet Ancien aujourd'hui exilé à Londres, toujours en lice pour remporter le titre de « Independent/Freelance of the Year 2015 » du site Awwwards et actuellement focalisé sur une campagne pour Nike en collaboration avec l'agence créative AKQA.

Thierry Ambraisse

Qu'est-ce que ça fait d'être « Best Visual Designer 2015 » ?
C'est plutôt cool ! Cela apporte une visibilité et une légitimité à mon travail, ce qui est toujours sympa. Dans le milieu, il y a trois institutions qui distribuent les récompenses : Awwwards, CSS Design Awards et FWA. Au départ, j'étais nominé dans la catégorie « Best Designer », mais cette année, c'est bizarrement une agence qui s'est vue attribuer le prix. En parallèle, CSS distribue également d'autres prix en fonction de ce que les designers ont pu réaliser pendant l'année et c'est comme ça que j'ai obtenu cette distinction. Ce qui est aussi intéressant avec ce genre de récompenses, c'est qu'elles s'accompagnent d'un cours texte de présentation qui détaille très bien le métier de la personne concernée. Ce texte est bien pratique pour expliquer son métier aux néophytes car lorsque tu dis que tu es designer à tes amis, ils sont souvent dans le flou et s'imaginent beaucoup de choses ! Grâce à cela, les gens peuvent mieux me rapprocher d'une catégorie et découvrir ce qu'est le design d'interaction.

Au vu des récompenses glanées ici ou là ces derniers temps, tu commences à avoir un sacré palmarès.
C'est vrai, mais à la base, la récompense n'est pas une fin en soi. L'important, c'est d'abord le projet sur lequel tu travailles. Si le sujet t'intéresse, que le contenu t'interpelle, la réalisation va de pair. Si en plus le projet est un peu plus libre en termes de création, cela dépasse alors la simple commande du client. En tant que designer, l'idée est simple : que ce soit une commande ou quelque chose de personnel, il faut toujours vouloir réaliser un projet capable de marquer le temps. Par exemple, si tu développes un site en mars, il faut qu'en décembre, on s'en souvienne encore, que ce soit pour sa navigation, le design de sa structure, sa grille, l'accessibilité, etc. Il ne faut pas penser aux récompenses mais se poser les bonnes questions, voir si l'idée et la direction artistique sont claires. Cette démarche permet aussi souvent de simplifier des sites qui, au départ, proposent beaucoup de contenu. Les jurys qui décernent les prix l'ont bien compris et jugent les sites au feeling : il faut que ce soit smooth, fluide, que les internautes ressentent un côté premium à la première visite. Quel que soit le sujet, il faut que ce soit bien fait. D'ailleurs, on ne peut pas faire les choses à moitié. Comme on discute beaucoup sur le Net entre designers sur nos projets en cours ou terminés, les critiques arrivent rapidement. Il faut être dur avec soi-même, en pensant que les autres le seront encore plus.

En fait, il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers.
Il faut toujours pousser le truc car, dans tous les cas, quand on vient te chercher pour travailler sur un projet ou être consultant, c'est par rapport à ton background. Si tu as été bon en janvier, il faut que tu le sois toujours en mars. Tu ne peux pas dire « c'est bon, j'ai gagné un prix, je vais maintenant faire du design moins travaillé ». Ce n'est pas possible. Une fois reconnu, ton travail ne doit pas se dégrader avec le temps. Bien au contraire.

Aujourd'hui, tu es freelance. Pourquoi ce choix de carrière ?
C'est une évolution naturelle. Quand j'ai intégré e-artsup en 4e année, je travaillais déjà en alternance au sein d'une agence, Penny Lane, en tant que directeur artistique. Juste après mon diplôme, j'ai quitté Penny Lane pour rejoindre alors Soleil Noir, une autre agence qui était à l'époque l'une des agences mondiales les plus connues, toujours en tant que directeur artistique. J'y suis resté deux ans avant de vouloir travailler à la création d'une start-up. Pour me permettre de financer ce projet personnel, je m'étais mis en freelance et, après avoir finalement laisser de côté cette idée, j'ai décidé de rester indépendant.

Tu avais décidé de rejoindre e-artsup alors que tu travaillais déjà. Pourquoi ?
Je voulais terminer mon cursus scolaire sans pour autant arrêter mon activité professionnelle. C'est ce que me permettait l'alternance à e-artsup - sans cela, je n'aurai pas repris mes études. Mon idée était vraiment d'avoir une formation quelques jours en semaine et, le reste du temps, la possibilité de me concentrer des problématiques d'agence. Il n'y avait que des avantages : à l'école, les sujets abordés étaient multiples et je pouvais échanger avec les étudiants et enseignants sur différents points ; à l'agence, je voyais les nuances possibles entre l'enseignement théorique et son application concrète. Mêler les deux était très formateur : d'un côté, j'apprenais le design théorique, de l'autre, je le pratiquais en rush. Cela m'a aussi permis de voir que j'aimais vraiment ce métier.

Enfin, en tant qu'Ancien, quel conseil donnerais-tu aux étudiants actuels de l'école ?
De passer du temps sur leurs projets personnels. Quand j'ai commencé en agence, ou même quand j'étais à l'école, c'est quelque chose que j'avais un peu négligé alors que c'est ce qui m'a finalement permis de me démarquer. Au fur et à mesure, j'ai vraiment pris le parti de développer à côté des projets qui me tenaient à cœur, en y mettant autant d'énergie que pour des projets professionnels. Si on aime un domaine, comme la photographie ou la maquette par exemple, il faut se servir de ce prétexte pour en faire quelque chose - une application, un film, un site... - et montrer qu'on n'est pas enfermé dans son travail, même si ce dernier peut s'avérer passionnant. C'est un conseil que j'aurais bien aimé recevoir quand j'étais plus jeune, à un moment où je pensais à tort que seul le fait de travailler dur en agence pouvait me donner une identité et me permettre de sortir du lot. Les designers qui font la différence sont ceux qui puisent leur inspiration dans leurs propres souvenirs d'enfance, dans leur vécu, dans des choses qui n'ont strictement rien à voir avec ce qu'ils ont appris en design pur. Si on arrive à transformer ce background et à le partager avec d'autres personnes, c'est gagné. Il ne faut pas attendre une demande de client pour réaliser le projet de ses rêves : on a déjà les outils en main pour le mener à bien.

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