« Un Grand Jardin » de Vincent Gravé, enseignant à e-artsup Paris, récompensé du prix jeunesse du concours Chapitre Nature 2016

Enseignant en exploration graphique à e-artsup Paris, Vincent Gravé est également un auteur-dessinateur-illustrateur reconnu.

Publié le 12 mai 2016

Enseignant en exploration graphique à e-artsup Paris, Vincent Gravé est également un auteur-dessinateur-illustrateur reconnu dont la bibliographie recèle de pépites graphiques. L'une d'entre elle, le récent « Un Grand Jardin » (Éditions Cambourakis), vient de recevoir le prix jeunesse du festival Chapitre Nature 2016. Un bon prétexte pour poser quelques questions à cet auteur prolifique et passionné.

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La dernière fois qu'e-artsup parlait avec vous, c'était pour la sortie de « Jardins des vagabondes » (Éditions Cambourakis), un ouvrage où la place de la nature était également prépondérante, avec une préface alors signée du paysagiste Gilles Clément qui signe aujourd'hui les textes de « Un Grand Jardin ». Peut-on considérer ce dernier comme une suite à « Jardins des vagabondes » ?
On peut dire ça car le jardin est une nouvelle fois la thématique centrale. J'ai d'ailleurs commencé à réaliser les premières planches et illustrations de « Un Grand Jardin » pendant mon travail sur « Jardins des vagabondes ». Cela démontre que mon envie de parler du jardin et de la biodiversité se fait sous différentes formes. L'idée de « Un Grand Jardin » date même d'avant puisque le personnage du jardinier qu'on retrouve dedans est antérieur à tout ça : cela fait une quinzaine d'années que je le dessine comme ça, par goût. Ce n'est que maintenant que ce personnage « émerge ».

D'où vous vient cette passion des jardins ?
Cette passion, je l'explique avec pudeur dans « Jardins des vagabondes » : c'est le lien qui unie mon père et moi, car nous cultivons ensemble un jardin potager. Quand, après avoir travaillé sur de nombreux polars, j'ai voulu revenir à la couleur et me livrer un peu plus, le jardin est devenu une évidence. Parler des jardins, c'est aussi parler du monde, de sa diversité, de la notion du temps, du sol, de l'espace et du regard posé sur les paysages. C'est ça que j'avais envie de mettre en scène.

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Si « Jardins des vagabondes » était une bande-dessinée autobiographique, « Un Grand Jardin » se veut différent, tant dans le fond que dans la forme.
Effectivement. « Un Grand Jardin » est séquencé en douze grandes illustrations représentant les douze mois de l'année, une thématique étant accolée à chaque mois : le sol, les graines, la semence, la montée des eaux, etc. Ces thématiques abordées permettent de sensibiliser, d'interroger, de regarder, de prendre le temps de la réflexion. C'est ça le projet derrière « Un Grand Jardin », d'explorer ces thématiques que j'ai moi-même pu approfondir à la lecture des livres de Gilles Clément. Ce sont des notions qui me semblent importantes et prépondérantes pour l'avenir. Ce format offre ainsi la possibilité d'un champ de lecture différent sur la déconnection que l'on a au quotidien par rapport à la nature et à notre environnement que celui que peuvent fournir d'autres œuvres littéraires et photographiques. « Un Grand Jardin », c'est l'idée quelque part de retrouver cette proximité, ce foisonnement, cette inventivité de la nature, ce que Gilles Clément appelle le « génie naturel ».

Justement, comment s'est passé la collaboration avec Gilles Clément ?
Avec Gilles, on se connait depuis 5-6 ans maintenant. Je lui ai montré quelques dessins puis lui ai demandé s'il était partant pour écrire des textes pour le grand public, même jeune, et il a joué le jeu. C'est un vrai travail de création qui s'est fait de manière très simple, avec des allers-retours entre l'image et le texte. Ce qui m'intéressait, c'était cette liberté qu'il avait et de voir ce qu'il allait en faire, s'il allait rester proche de l'illustration ou s'en éloigner, quel allait être son rapport à l'image, etc. C'est ça l'intérêt d'une telle collaboration, de voir quel chemin prendre dans ce champ des possibles en plus d'interroger la relation texte-image, chose que j'essaye de faire dans chacune de mes publications.

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Pourquoi avoir voulu orienter l'ouvrage vers la jeunesse ?
Cela vient du postulat de départ du livre. Au commencement du projet, je voulais travailler sur quelque-chose de proche de la série « Où est Charlie ? ». Sauf que « Où est Charlie ? » comporte des notions liées à la guerre du Vietnam - « Charlys » était le terme utilisé pour désigner les Vietcongs. Je voulais plutôt un livre façon « où est le jardinier ? ». Du coup, le projet s'est naturellement tournée vers le grand public. À titre personnel, je le conçois moins comme un livre jeunesse que comme un livre de partage. D'où son format assez grand, choisi dans l'idée de permettre à plusieurs personnes de feuilleter le livre en même temps, comme quand je lis des histoires avec mes enfants par exemple. D'ailleurs, même si le livre commence au mois de mai, au moment où les graines sont plantées, il n'y a pas vraiment de sens de lecture.

Quelle a été ta réaction après que « Un Grand Jardin » ait obtenu le prix jeunesse lors de Chapitre Nature 2016 ?
J'en ai été heureux car ce prix signifie aussi que l'ouvrage a trouvé son public. C'est d'autant plus gratifiant qu'il s'agit d'un livre qui, comme « Jardins des vagabondes » ou dernièrement « Monet » (BD sur le peintre Claude Monet, parue en mars 2016 chez Glénat, et dont Vincent Gravé s'est occupé des couleurs et des dessins), porte des idées. « Un Grand Jardin » donne envie au lecteur de semer des graines, de retrouver l'émerveillement de ce qui l'entoure, de préserver et de déployer ce qui est existant... Ce n'est pas simplement un livre, il est également porteur de sens et d'idées. Dans le cas de « Monet » par exemple, si la BD peut donner envie au lecteur de se rendre au Musée de l'Orangerie pour admirer « Les Nymphéas » du peintre ou au jardin de Giverny, c'est gagné.

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