« Avoir un esprit de synthèse, c'est ce qu'on apprend en école d'ingénieurs. » Vincent Cottenceau (ESME Sudria 1999), commandant de l'Armée de terre invité des Mardis de l'ingénieur

Ce mardi 4 novembre, Vincent Cottenceau a inauguré le premier Mardi de l'ingénieur de la saison 2014-2015. Cet Ancien devenu commandant de l'Armée de terre spécialisé dans les télécommunications est revenu sur les qualités requises pour mener à bien la transformation d'une organisation publique ou privée, petite ou grande.

Publié le 07 janvier 2015

Ce mardi 4 novembre, Vincent Cottenceau (ESME Sudria 1999) a inauguré le premier Mardi de l'ingénieur de la saison 2014-2015. Introduit par Hervé Coum, directeur des études du 2e cycle (Ingé 2 et 3) de l'ESME Sudria, cet Ancien devenu commandant de l'Armée de terre spécialisé dans les télécommunications a démontré que beaucoup des qualités requises pour mener à bien la transformation d'une organisation sont les mêmes qu'il s'agisse d'une structure publique ou privée, petite ou grande.

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L'ingénieur, un atout pour l'armée ?
Les entreprises peuvent-elles s'inspirer de la grande muette pour leur transformation ? Selon Vincent Cottenceau, c'est plus qu'envisageable. Commandant de l'Armée de terre et ingénieur dans l'âme, cet Ancien de l'école semblait même la personne idéale pour répondre à cette question devant les professionnels et les étudiants de l'ESME Sudria réunis dans l'amphithéâtre du campus Paris-Montparnasse. « Je suis très heureux de venir parmi les "Sussus" (le surnom des membres de la grande famille de l'ESME Sudria, ndlr), une école pour laquelle j'ai gardé une grande affection, annonçait celui dont le frère, Benoît, est également un Ancien (promo 2003). Je suis encore plus heureux d'être là en tant qu'officier car les rendez-vous entre l'armée et le monde civil sont très importants : l'armée ne doit pas être coupée de la nation et doit sentir son soutien. Pour cela, il faut une connaissance mutuelle. »

L'armée, c'était une vraie vocation pour Vincent. Petit-fils de militaire, il était déjà « attiré par l'aventure » et voulait « servir » son pays avant même d'intégrer l'ESME Sudria. La culture d'ingénieur qu'il a acquise à l'école n'a d'ailleurs en rien réfréné son envie, bien au contraire : « Cette culture, avec son approche généraliste, m'a été très utile car servir dans le domaine des systèmes d'information et de communication (SIC) nécessite d'être capable de comprendre les contraintes et les impératifs des techniciens comme du commandement. Il faut établir un dialogue entre les deux pour pouvoir trouver les bonnes solutions et savoir les expliquer. Avoir un esprit de synthèse et savoir reformuler les problèmes, c'est ce qu'on apprend en école d'ingénieurs. »

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Vincent Cottenceau et Hervé Coum

Courage et exemplarité : les qualités essentielles d'un manager
Pour Vincent Cottenceau, manager une entreprise et diriger un régiment, c'est le même combat. « Il faut que le manager soit d'abord courageux et exemplaire, assurait l'intervenant devant l'auditoire. Quand je parle de courage, il s'agit également de courage intellectuel : il faut en avoir pour expliquer des réalités pas toujours très faciles et savoir tenir bon son analyse face à ses supérieurs. Expliquer son opinion à un général dans une situation de tension, ce n'est pas évident, tout comme se confronter à une situation tendue lors d'un comité de direction d'entreprise. Quant à l'exemplarité, cela ne pardonne pas : si un manager ne met pas en corrélation ses actes et paroles, le masque tombe très vite. » Et si la couardise et le manque de sérieux n'ont pas sa place dans le management, il faut également d'autres qualités pour diriger toute organisation civile comme militaire. « Le chef est celui qui montre la voie, qui a une vision et qui est capable de se concentrer sur son objectif afin de l'indiquer à ses équipes, poursuivait-il. C'est une grande partie de sa force. Il doit aussi avoir de grosses qualités d'adaptation et doit être capable de décider, d'arbitrer. On reprochera toujours plus à un chef ses indécisions plutôt que ses décisions. » Des prises de décision majeures, l'armée y est justement confrontée pratiquement chaque jour au cours de ses différentes opérations. Mais, depuis 2008 et la publication d'un nouveau Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale, elle l'est également pour pouvoir mener une restructuration en profondeur de son organisation.

Transformation de l'armée : un chantier sans précédent
Impulsée sous la présidence de Nicolas Sarkozy puis poursuivie sous la présidence actuelle de François Hollande (un nouveau Livre blanc a vu le jour en 2013), la restructuration des armées françaises représente un défi sans précédent. L'armée, qui représente actuellement le troisième budget de l'Etat derrière l'Éducation et la charge de la dette, doit ainsi digérer une importante baisse d'effectifs : d'ici 2019, près de 78 000 postes auront ainsi été supprimés pour qu'il n'en reste plus que 242 000 environ au sein du Ministère de la Défense. Un chantier important qui, comme pour toute entreprise, s'accompagne de transformations à toutes les strates de l'organisation. « Il faut agir ensemble, autrement et au mieux », précisait ainsi Vincent Cottenceau, citant au mot près le chef d'état-major des armées, Pierre de Villiers.

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Selon l'intervenant, l'armée doit ainsi repenser toutes ses stratégies internes en maintenant ses opérations actuelles. À commencer par sa gestion des ressources humaines. « Il faut se poser les bonnes questions : qui faire partir et comment ? Ce n'est pas évident, sachant que l'armée compte continuer à recruter près de 20000 hommes par an pour maintenir la jeunesse de ses effectifs. » La transformation doit aussi s'opérer « au niveau des infrastructures, avec la dissolution d'unités et de régiments malgré le fort attachement que peuvent avoir les militaires à leur sujet », mais également « au niveau du matériel car il convient de mettre en place une politique particulière d'emploi et de gestion des parcs. » Tout comme la réduction des effectifs qui s'inscrit dans une logique de restriction budgétaire, les armées n'échappent pas à « des arbitrages complexes sur les programmes d'armement », ce qui entraîne des baisses et des étalements de commandes à faire coïncider avec le respect des « contrats passés avec les industriels de la Défense ». Enfin, Vincent Cottenceau rappelait que l'organisation du commandement allait elle-même évoluer. Le symbole le plus parlant restant la mise en œuvre « du projet Balard, cette sorte de Pentagone à la française qui concentrera à Paris la partie commandement des armées et du ministère en réunissant plus de 9000 hommes ». De quoi inspirer toute structure pour sa prochaine réorganisation. Car si l'armée arrive à conduire ces changements en étant toujours opérationnelle, il n'y a pas de raison que les autres entreprises, petites ou grandes, n'y arrivent pas. Avec l'aide des ingénieurs, bien sûr.


ESME Sudria


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