Comment le numérique bouleverse le transport express : le cas Chronopost

Pour sa dernière conférence des Mardis de l'Ingénieur de l'année 2015, l'ESME Sudria avait décidé d'aborder l'importance du numérique dans le transport express en compagnie de Hugues de Maussion (ESME Sudria promo 1982), directeur des systèmes d'information (DSI) de Chronopost International.

Publié le 21 décembre 2015

Pour sa dernière conférence des Mardis de l'Ingénieur de l'année 2015, l'ESME Sudria avait décidé d'aborder l'importance du numérique dans un secteur finalement peu connu du grand public : le transport express. Pour cela, l'école a pu compter sur Hugues de Maussion (ESME Sudria promo 1982), directeur des systèmes d'information (DSI) de Chronopost International, également en charge de l'innovation et des projets de l'entreprise.

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Avant la conférence, Véronique Bonnet, la directrice générale déléguée de l'ESME Sudria, présentait le parcours de l'invité

conference_retour_mardi_ingenieur_esme_sudria_ancien_transport_express_numerique_chronopost_2015_02.jpgHugues de Maussion

La transformation numérique touche tous les secteurs de l'économie, parfois de façon très violente. Le transport ne déroge pas à la règle et doit s'adapter, se réinventer. Cela, Chronopost l'a bien compris. « Nous sommes dans un milieu où, en particulier dans le transport express, il y a plein d'innovations chez les grands groupes, mais aussi chez plein de nouveaux acteurs inspirés par le crowdsourcing », explique ainsi le DSI de celle filiale du groupe français La Poste qui appartient au DPD Group, un réseau international de livraison de colis. Si pour l'instant, ces jeunes acteurs sont encore « marginaux », Hugues de Maussion sait bien que l'arrivée d'un « futur Uber du transport » peut aussi faire « très mal ». Pour ne pas subir de plein fouet cet impact, Chronopost a donc décidé de ne pas se reposer sur ses lauriers, de changer ses méthodes, de proposer de nouveaux services et de placer l'IT au cœur de son fonctionnement interne et externe. Un impératif quand on sait que le transport express, notamment utilisé par les grands acteurs de l'e-commerce, est une course contre le temps. « Le colis doit partir pour arriver le lendemain n'importe où en France, mais aussi parfois dans le monde entier via des filiales ou des partenariats, grâce à différents moyens de transports et avec le meilleur tracking, rappelle l'ingénieur. C'est une niche particulière du transport mais un marché très concurrentiel. »

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Le numérique pour forcer à changer son fonctionnement
« Numéro 1 en France depuis 2 ans » sur ce secteur, Chronopost a donc commencé par comprendre les usages digitaux qui modifient directement les us et coutumes de ses clients. « Il y a une mutation quasi sociétale du marché vers le mono-colis, analyse l'intervenant. Les gens ont besoin de petits stocks, de petits réapprovisionnements, pour ne pas faire de flux tendu. Il y a également une évolution dans le rapport au temps : on veut désormais tout, tout de suite. Du coup, cela explique justement la croissance de l'express, même si c'est plus cher. Dans le transport classique, on optimise par la capacité. Dans l'express, c'est par le temps. Enfin, nos clients sont en attente de nouveaux services. On ne peut pas se permettre d'être le Titanic : il faut passer son temps à se faire mal pour réfléchir aux innovations possibles. »

Comme ses clients, Chronopost transforme donc son approche interne. « Nous essayons de nous inspirer des grandes réussites à l'International du GAFA par exemple qui, en plus d'être bons d'un point de vue technique, le sont également dans l'agilité et l'organisation. Nous avons donc développé un cycle de décision très rapide - un étage sépare le développeur du dirigeant - et notre communication se fait plus facilement. Cela bouscule la façon de développer les systèmes d'information et sortir les méthodes des SI du "ghetto IT" ».

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L'IT comme moteur mais pas comme unique cerveau
Ainsi, à Chronopost, l'IT est au cœur de l'entreprise et pousse l'entité à devenir une vraie société de services. Pour autant, Hugues de Maussion est formel : son employeur ne doit pas renier ses origines. « Nous ne devons pas céder à la tentation de la sous-traitance totale : il faut d'abord maîtriser nos systèmes d'information et nos fondements, être solides et avoir des infrastructures qui marchent. C'est la première chose et c'est de la technologie pure. On considère l'IT comme l'un des leviers majeurs de différentiation de l'entreprise ; Le fait de développer nos propres systèmes permet par exemple aux commerciaux de montrer combien nous allons de l'avant. Si la force des GAFA se trouve dans l'économie collaborative qui "oublie" les coûts fixes et cette compréhension de la micro consommation, nous composons avec d'autres atouts majeurs indispensables à notre secteur, comme la maîtrise des assets physiques qui fait que l'on est capable de livrer des centaines de milliers de colis et de traiter de très grands volumes. Nos process sont aussi très bons, le management et la technologie également. » Côté technologie justement, le Big Data fait office de « big dada » pour l'entreprise. « Pour moi, c'est un axe majeur de notre SI, surtout quand on sait qu'un colis sera scanné une quinzaine de fois entre son départ et son arrivée. Cela représente beaucoup d'informations recueillies, qui permettent de généraliser du temps réel (position des véhicules, température) et d'établir modèles prédictifs. »

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Des services inimaginables il y a quelques années, désormais disponibles
Parmi les dernières innovations de Chronopost, on trouve ainsi le « Predict » qui permet notamment de « géoptimiser » les tournées des livreurs, de calculer et transmettre l'heure de livraison aux clients et de suivre le colis à la carte. Il y aussi la livraison de produits frais, désormais rendue possible grâce à un fort investissement dans les infrastructures et à une traçabilité complète et temps réel permise par les puces RFID qui équipent les colis. Il y a enfin la livraison sur rendez-vous (le destinataire choisit son créneau jusqu'à 22 h / week-end) et bientôt la livraison « Sameday », soit le jour-même de l'envoi du colis. Mais selon Hugues de Maussion, tout cela peut encore changer dans les années à venir : « Ce sera aux ingénieurs que vous êtes de penser aux prochains services et aux nouvelles innovations ! », annonce l'Ancien aux étudiants de l'ESME Sudria présents. Il ne reste qu'à ces derniers à relever le défi.

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L'ESME Sudria pour se découvrir soi-même
À l'ESME Sudria, les étudiants apprennent à apprendre et ce n'est pas Hugues de Maussion qui dira le contraire. Pour cet Ancien, la formation d'ingénieur généraliste qu'il a reçue lui a tout simplement permis de « devenir polyvalent », de se découvrir une vraie passion pour l'informatique et les systèmes d'information (« pour moi, le code est essentiel »), de s'intéresser à « la dimension économique des entreprises qui est aujourd'hui indispensable si on a de l'ambition », mais aussi de multiplier les expériences professionnelles (« je suis passé d'une société de services à des grands groupes, en France comme à l'étranger, du secteur de la chimie à celui de l'agroalimentaire, puis au transport express »).


ESME Sudria


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