Culmineo : une armure pour le Web pensée par Christophe Desnoyer (ESME Sudria promo 1993)

Découvrez l'histoire de cette start-up IT qui propose à ses clients d'améliorer la performance et la disponibilité de leurs sites Web grâce à une solution innovante.

Publié le 28 septembre 2016

Alors que sera prochainement annoncé le nom des nouvelles start-ups composant la future saison de IONIS 361, l'incubateur des étudiants et Anciens du Groupe IONIS, l'ESME Sudria vous propose de redécouvrir une des entreprises de sa première saison : Culmineo. Fondée et dirigée par un Ancien de l'école en la personne de Christophe Desnoyer (ESME Sudria promo 1993), cette start-up IT propose à ses clients d'améliorer la performance et la disponibilité de leurs sites Web grâce à une solution innovante. L'occasion de revenir sur la trajectoire professionnelle de son créateur depuis la fin de ses études à l'ESME Sudria.

retour_IONIS361_incubateur_groupe_ionis_esme_sudria_culmineo_ancien_armure_web_protection_trafic_solution_innovation_informatique_ingenieur_01.jpgQuel a été votre parcours depuis l'obtention de votre titre d'ingénieur ?
À mon époque, l'école disposait uniquement de deux Majeures : électricité-mécanique ou électronique. Pour ma part, c'est la seconde que j'ai choisie et c'est comme ça que je suis devenu ingénieur « électronicien-mécanicien », avec une spécialisation en informatique - pour laquelle j'ai d'ailleurs terminé major. Au moment de chercher mon stage de fin d'études, ma moyenne étant très bonne - je n'avais alors reçu qu'une seule note, un 20 ! -, j'ai pu être sélectionné par une entreprise réputée comme très sélective sur le choix de ses stagiaires et de ses employés : Dassault Electronique. Mon stage s'est bien passé et ils m'ont embauché. J'ai donc commencé ma carrière dans le secteur de la défense. Je suis resté six ans chez Dassault Electronique, grimpant au fur et à mesure les échelons pour passer d'ingénieur logiciel à responsable du département outils et ateliers de génie logiciel. En 2000, je décide de changer de « cursus » et de secteur en devenant directeur technique au sein de Galileo, une entreprise qui fournissait des systèmes de réservation pour l'industrie du tourisme. En 2005, toujours dans le tourisme, je rejoins cette fois le Groupe Nouvelles Frontières/TUI en qualité de DSI Groupe. Un an plus tard, je continue mon parcours dans ce secteur en intégrant la direction des systèmes d'information du Groupe Accor, d'abord en tant que directeur des systèmes de réservation, puis en tant que directeur administratif financier et qualité de la DSI. Et c'est là qu'en 2012 me vient l'idée et le désir de changer complétement de vie en créant ma propre entreprise.

Vous avez connu de grandes entreprises, que ce soit dans la défense ou le tourisme, et occupé des postes à hautes responsabilités. Vous sembliez même à l'aise dans cette « routine ». Pourquoi avoir voulu vous lancer dans l'entrepreneuriat ?
C'est cette routine qui m'a poussé à sauter le pas. J'avais l'impression d'avoir fait un peu le tour de la question, d'autant que, lorsqu'on travaille dans une filière informatique, le seul poste au-dessus de DSI se trouve être celui du PDG. Or, devenir PDG d'une grande entreprise n'était pas forcément mon ambition. À ce niveau de responsabilités, c'est beaucoup de politique et d'inertie, pas assez d'innovation. Moi, j'étais attaché à ce côté « hacking » : j'étais un DSI qui connaissait la technique - ce qui, aujourd'hui, reste assez rare - et j'ai toujours aimé coder. Je voulais retrouver ce goût de l'invention, de la nouveauté. En plus, quand tu arrives à la quarantaine et que tu te dis qu'il y un truc que tu n'as pas essayé, tu te dis que c'est maintenant ou jamais. Et puis, comme il s'agissait de partir dans le domaine des start-ups numériques où l'idée innovante occupe une place primordiale, je savais que c'était le moment idéal parce que j'avais justement la bonne idée. Cette idée, je l'ai eue alors que j'occupais le poste de directeur des systèmes de réservation chez Accor. J'ai identifié un problème précis, pour lequel je me suis creusé la tête et j'ai trouvé une solution : c'est comme ça qu'est né Culmineo.

Cela démontre qu'il n'y a pas d'âge pour se lancer dans l'entrepreneuriat.
Oui, et je connais même d'autres personnes qui se sont lancées plus tard que moi. Après, il est vrai que l'entrepreneuriat est extrêmement prenant et stressant. Cela nécessite un investissement au-delà de celui qu'on demande à un « simple » salarié. Il faut donc bien savoir ce qui nous attend avant de faire ce genre de pari et se lancer à l'eau.

Comment s'est passé la création de Culmineo ?
Si l'entreprise a été créée en 2013, elle a nécessité une phase d'incubation assez importante puisqu'il fallait développer la solution et réaliser un produit. Cela prend du temps, surtout quand on s'en occupe seul. J'ai dû cogiter longtemps pour réussir à trouver la solution me permettant de résoudre ce problème que j'avais rencontré chez Accor. Et quand je l'ai enfin trouvée, je l'ai mise en œuvre, l'ai brevetée et me suis lancé.

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Quel était ce fameux problème à l'origine de cette solution ?
C'est celui des aléas de trafic sur le Web. Quand tu as un site Web, tu as aussi des infrastructures et des capacités limites de traitement, mais surtout le monde entier face à toi. Ainsi, si d'un seul coup le monde entier a envie de se connecter en même temps sur ton site, ce dernier va s'écrouler. On a tous en tête des exemples de sites qui se sont écroulés à leur lancement, à l'occasion d'un buzz ou lors d'un événement de saisonnalité comme l'ouverture des soldes pour un site e-commerce. C'est un problème qui touche également les sites majeurs possédant des moyens énormes. Cela concerne aussi les pics de trafic qui ne sont pas liés à une activité normale mais à des attaques informatiques comme les attaques DDoS. Du coup, je me suis demandé comment survivre quand on reçoit une vague de trafic excessive tout en prenant en compte le fait que, dans cette vague, peuvent se côtoyer des attaques informatiques comme de vrais clients/utilisateurs. C'est une vraie question car les mécaniques de protection DDoS par exemple bloquent indistinctement le trafic sans prendre en compte ces vrais clients qui veulent rester sur mon site.

L'idée, c'est donc de séparer le bon grain de l'ivraie.
Exactement, tout en régulant le bon grain ! Il faut imaginer le site comme le périphérique en heure de pointe : toutes les voitures sont du « bon grain » et veulent s'y rendre en même temps. Sauf qui si on les laisse faire, cela va créer un bouchon immédiat. Il faut donc réguler en amont et faire passer au compte-gouttes aussi vite que possible pour éviter ces blocages. Or, bien que tous les responsables d'infrastructures informatiques puissent avoir ce problème, aucune solution existante sur le marché n'est suffisamment fiable car celles qui existent ne différencient pas les requêtes artificielles des vraies : quand elles sont activées, elles deviennent même de véritables portes ouvertes aux attaques DDoS. Cela signifie qu'un attaquant astucieux peut comprendre les mécanismes de régulation utilisés et mettre ainsi encore plus facilement à terre le site Web visé. Pour l'anecdote, un de ces dispositifs utilisé à l'époque chez Accor fonctionnait de cette façon. C'est lui qui m'a inspiré à trouver cette autre solution.

Depuis quand Culmineo commercialise sa solution ?
Il a d'abord fallu la modéliser, la simuler en labo et vérifier son algorithme de régulation. Ensuite, il a fallu sécuriser le concept, en déposant des brevets, puis implémenter la solution en concevant le logiciel capable d'encaisser une charge considérable. Enfin, il a fallu trouver des clients ayant un problème de trafic et souhaitant utiliser notre preuve de concept pour le résoudre. Pour cette étape, j'ai pu compter sur deux groupes mondialement connus qui connaissaient justement un problème sur cette thématique de résistance aux pics de trafic et d'amélioration des performances de leurs sites Web - réguler le trafic, c'est aussi maintenir les performances à un niveau optimum. Pour résumer, le développement de la solution a duré plus d'un an et la période de validation de la preuve de concept sur le terrain avec de vrais clients s'est faite entre la fin 2014 et la fin 2015.

Pourquoi aviez-vous choisi de rejoindre IONIS 361 ?
Pour préparer et passer à la « phase d'après », à savoir la commercialisation. Intégrer un incubateur comme IONIS 361, c'est l'occasion de rentrer dans un écosystème permettant d'être au contact d'étudiants d'écoles de commerce et d'ingénieurs pouvant, par la suite, rejoindre l'aventure, mais aussi d'autres entrepreneurs et structures afin d'établir des contacts et d'éventuellement nouer des partenariats et des collaborations. Culmineo ciblant plutôt le B2B et notamment les grands groupes, les mentors de l'incubateur représentent un premier contact non négligeable.

Retrouvez Culmineo sur son site Internet et LinkedIn


ESME Sudria


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