Entretien avec Arnaud Budkiewicz (ESME Sudria promo 1998), co-fondateur de la start-up à succès Bistri et parrain de Sudri'Cub, l'incubateur de start-ups de l'ESME Sudria

En partenariat avec la société HP, l'ESME Sudria a inauguré son incubateur Sudri'Cub, le 17 juin 2015. Dédié à l'accompagnement de start-ups orientés vers le Big Data, cet incubateur est parrainé par Arnaud Budkiewicz (ESME Sudria promo 1998), co-fondateur de la start-up à succès Bistri et ingénieur toujours prêt à « repousser ses limites », que ce soit dans l'entrepreneuriat ou au sein de grandes sociétés.

Publié le 22 juin 2015

En partenariat avec la société HP, l'ESME Sudria a inauguré son incubateur Sudri'Cub, le 17 juin 2015. Dédié à l'accompagnement de start-ups orientés vers le Big Data, cet incubateur est parrainé par Arnaud Budkiewicz (ESME Sudria promo 1998), co-fondateur de la start-up à succès Bistri et ingénieur toujours prêt à « repousser ses limites », que ce soit dans l'entrepreneuriat ou au sein de grandes sociétés.

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Peux-tu nous raconter la genèse de Bistri ?
Bistri a été fondée sur un pari un peu fou, qu'un nouveau standard en cours d'écriture, révolutionnerait totalement la manière dont nous communiquons. Quelques années plus tard, cette technologie est adoptée un peu partout puisque Facebook l'a intégrée récemment dans Messenger, prenant ainsi la suite de HipChat, Snapchat... Ce standard développé par le W3C et l'Internet Engineering Task Force (IETF) s'appelle WebRTC pour Real-Time Communication. C'est la toute première fois qu'on standardise les principes du peer-to-peer, de surcroît au sein même du navigateur, sans que l'utilisateur n'ai besoin du moindre plugin. Cette technologie prometteuse m'a poussé à créer Bistri il y a 5 ans. J'étais alors DSI de BT France (British Telecom) et je ne m'ennuyais pas - une équipe de 80 personnes, 20 millions d'euros de budget - mais je ne faisais plus d'innovation. J'essayais de contenter à la fois la direction administrative et financière, les commerciaux pour leurs reportings, les opérationnels pour qu'ils aient un réseau qui fonctionne en toute circonstance, avec un super support pour leurs ordinateurs et leurs mobiles, etc. Mais l'innovation me manquait vraiment.

D'où te vient ce goût pour l'innovation ?
Quand je suis sorti de l'école, j'ai fait mon stage de fin d'études dans une start-up et c'est à ce moment-là que j'ai choppé le virus ! Ensuite, j'ai régulièrement oscillé entre des start-ups que je montais et des structures internationales qui permettent de développer des énormes projets auxquels on n'a pas forcément accès tout de suite quand on monte sa propre entreprise. Ainsi, j'ai travaillé chez Orange pour déployer de grosses infrastructures à l'International, en Pologne, en Belgique et en Espagne, mais aussi chez BT où, en plus de la DSI, je déployais de grands programmes de rationalisation de l'ensemble de l'entreprise au niveau de la DSI monde. J'ai donc un parcours mixte où l'on trouve également des petites entreprises créées from scratch (à partir de rien) comme Bistri, qui se trouve être la dernière en date et la plus connue. Depuis sa création, nous avons levé 3 millions d'euros, servis plus de 2 millions d'utilisateurs - ce qui représente plus de 3 millions de minutes de communications par mois - et été couronnés Cool Vendor par Gartner. En 2013, j'ai décidé de pivoter d'un produit grand public gratuit (un simple lien bistri.me/votre-nom vous permet d'être joignable en un seul clic) vers une rentabilité liée à l'ouverture de la plateforme aux développeurs pour qu'ils puissent utiliser les fonctionnalités de communication temps réel - appel audio et vidéo, partage d'écran, échange peer-to-peer de données - grâce à une API. Maintenant, le message de Bistri est donc celui d'une Plateforme As A Service permettant d'ajouter les fonctionnalités temps réel dans le contexte de n'importe quelle application mobile ou site Internet.

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Arnaud Budkiewicz

Qu'entends-tu par « dans le contexte » ?
Par exemple, prenons Airbnb. Si un utilisateur veut louer pour la première fois son appartement et qu'un autre utilisateur est intéressé par les photos mises en ligne, ce dernier peut lancer une communication vidéo au sein même de l'application Airbnb pour prendre contact avec le loueur et installer une relation de confiance plus facilement, sans avoir à passer par le téléphone ou une autre application qui ferait perdre le contexte. Une fois dans l'appartement, cela peut être utile si une panne ou un problème survient durant la location : le locataire peut ainsi montrer ce qui ne va pas au propriétaire grâce à la vidéo intégrée dans l'application Airbnb, et le propriétaire pourra ainsi l'aider à trouver une solution en direct.

Est-ce que c'est grâce à l'ESME Sudria que tu as développé ce côté « caméléon » capable de s'adapter à différents types d'entreprises ?
J'en suis persuadé. L'ESME Sudria est une école généraliste, on y fait autant d'informatique que d'électronique ou d'énergie, en plus des quatre spécialisations possibles en fin de cursus. Je crois vraiment que c'est une force car, quelque soit le domaine auquel on touche, les autres ne sont jamais bien loin. 90 % des données stockées aujourd'hui dans le Cloud ont été produites ces deux dernières années. Les data centers deviennent notre mémoire collective et y ajouter de l'intelligence artificielle par-dessus ainsi que des bases de thermodynamique n'est pas du luxe côté serveur. Un de mes meilleurs amis, également Ancien de l'ESME Sudria, design depuis plusieurs années le hardware audio et vidéo des smartphones pour des grands constructeurs comme Apple, RIM (Blackberry) ou encore Microsoft : lui aussi doit faire avec des contraintes relatives au software, à la taille des composants ou à la consommation d'énergie. C'est cette formation généraliste de l'ESME Sudria qui permet aux diplômés d'avoir une compréhension et une sensibilité à toutes les contraintes qui sont autour des projets qu'ils mènent.

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Arnaud en compagnie d'Aaron Levie, co-fondateur et CEO de Box, une entreprise américaine spécialisée dans le stockage de fichiers en mode SaaS

Est-ce que la tendance actuelle fait que les ingénieurs doivent être ouverts à différentes technologies ?
Nous sommes dans une nouvelle ère, tous les écrans sont plats, tactiles, mais finalement assez passifs et limités. Par contre, ils reposent sur des infrastructures serveurs de plus en plus énormes où l'on stocke toutes les données - les photos, les vidéos, les mails, les SMS, les fichiers et, avec l'Internet des Objets, toutes les données remontées par des capteurs qu'on peut mettre absolument partout. On revient quelque part au début de l'informatique où on avait des terminaux complètement idiots, juste bons pour l'affichage, et où tout était sur un serveur central. Les challenges autour de ces serveurs gigantesques sont très intéressants et touchent à différents domaines : le réseau, l'optimisation de l'espace, du refroidissement, la dépense d'énergie, le recyclage, etc. À ce titre, je recommande la lecture de GreenIT.fr. Il faut toucher à tout, c'est même le seul moyen d'avoir une vision globale et de maîtriser son destin, en particulier qu'on veut créer sa start-up.

Le Big Data est donc au cœur de tout.
Oui mais le Big Data existait déjà quand j'étais à l'école ! C'est même la spécialisation que j'ai suivie en fin d'études et si, à l'époque, la matière s'appelait « décisionnel » au sein de la filière « Systèmes d'Information », le principe reste le même : des quantités astronomiques de données à traiter et à valoriser. Dès l'instant où on a commencé à mettre des composants de géolocalisation dans les téléphones et que l'on a décidé de corréler cela non seulement avec nos photos mais bâtir de vrais services autour de ces informations, cela a engendré un nombre de données impressionnant. Le vrai défi, c'est ensuite de mettre de l'intelligence au-dessus de ces données. Siri qui, de prime abord, n'a l'air de rien en est un bon exemple : le téléphone enregistre juste ce que l'on dit comme un bon vieux magnétophone et envoie ça dans le Cloud. En retour le téléphone reçoit ce qu'a voulu dire l'utilisateur sous une forme brute et textuelle mais aussi d'une manière intelligente avec le lancement d'une application ou d'actions sur le téléphone. Une succession d'accès au service permet quasiment d'avoir une discussion, dans un vrai contexte. Il y a bien un maillage qui est fait depuis quelques années entre des devices représentant essentiellement des capteurs et des données intégralement stockées dans le Cloud avec une intelligence artificielle par-dessus permettant d'avoir une expérience naturelle, quasi-humaine. Si on n'ajoute pas cette couche d'intelligence, stocker de telles quantités de données représente juste un coût et rien de plus.

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Le Big Data sera justement au cœur du l'incubateur de l'ESME Sudria, Sudri'Cub. Pourquoi as-tu accepté d'en devenir le parrain ?
Je suis quelqu'un qui aime bien sortir de sa zone de confort. Depuis des années, j'ose ainsi sortir de mon train-train quotidien pour repousser mes limites : j'ai osé quitter BT pour lancer ma start-up et, dernièrement, j'ai quitté l'Europe pour les États-Unis afin de tenter de saisir le momentum - c'est-à-dire le pic de la vague, le moment exact où la technologie sort afin de rafler la mise. J'ai toujours avancé dans ma carrière de cette façon et, à chaque évolution, je faisais régulièrement appel au service des relations entreprises de l'ESME Sudria pour prendre des étudiants en stage, la plupart devenant ensuite salariés à part entière. Tous les membres de cette école ont quelque chose en commun, une affinité particulière qui est certainement de l'ordre de l'irrationnel mais qui fonctionne, peut-être de par la formation ou l'enseignement que l'on y reçoit. Du coup, l'école a tout de suite pensé à moi quand son idée d'incubateur s'est mise en place. J'ai accepté car j'ai vraiment grand plaisir à transmettre ma passion et à pouvoir aider les autres, y compris les jeunes diplômés qui veulent entrer dans la vie active, faire des projets et être supportés au sein d'un incubateur pour commencer.

Quel sera ton rôle ?
Un peu comme un mentor, je serai disponible pour expliquer aux incubés comment marche le business pour leur faire gagner du temps et qu'ils puissent éviter tous les écueils possibles de la création d'entreprise. Je pourrai aussi leur faire profiter de mon réseau que j'ai constitué en Europe et aux États-Unis. Les ingénieurs français ont une excellente réputation dans la Silicon Valley et la plupart des projets trouvent leur financement ici, alors pour ceux qui veulent tenter leur chance... Et pour faire un petit pied de nez à l'initiative #ReviensLeon, je finirai par #JesuisLeon !

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Sudri'Cub est dédié à l'accompagnement de start-ups et au développement de la culture entrepreneuriale. En lien avec le réseau des ingénieurs de l'ESME Sudria et HP, il œuvre à la promotion de projets créatifs et innovants, orientés vers le Big Data (objets connectés, data mining, Business Analytics & Optimization). Il s'adresse aux jeunes diplômés de l'école, aux porteurs de projets et aux créateurs d'entreprises innovantes en relation avec les laboratoires de l'école ou issues de la recherche publique ou privée. Vous êtes intéressés ? Envoyez dès maintenant votre candidature via la page dédiée !


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