« L'école aura une carte à jouer très importante dans les années à venir » Véronique Bonnet, directrice générale déléguée de l'ESME Sudria

Depuis la rentrée, Véronique Bonnet est la nouvelle directrice générale déléguée de l'ESME Sudria. Ingénieure de formation, elle revient sur son parcours, sa vision du métier d'ingénieur et l'impulsion qu'elle souhaite donner à l'école face aux besoins du monde de demain.

Publié le 09 novembre 2015

Depuis la rentrée, Véronique Bonnet est la nouvelle directrice générale déléguée de l'ESME Sudria. Ingénieure de formation, elle revient sur son parcours, sa vision du métier d'ingénieur et l'impulsion qu'elle souhaite donner à l'école face aux besoins du monde de demain.

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Véronique Bonnet, directrice générale déléguée de l'ESME Sudria

Quel a été votre parcours avant de vous tourner vers l'enseignement supérieur ?
J'ai d'abord commencé par faire mes études à l'École nationale supérieure d'arts et métiers (ENSAM), aujourd'hui appelée Arts et Métiers ParisTech. Suite à mon diplôme, étant une ingénieure généraliste plutôt orientée mécanique et production, j'ai travaillé pendant 12 ans dans l'industrie, en gérant des contrats de maintenance industrielle et de facility management (soit du service à l'industrie) chez différents clients tels que General Electric Medical Systems en région parisienne ou Business Objects qui, à l'époque, n'était encore qu'une jeune start-up.
E
n 2001, je suis retournée dans ma région d'origine, à Bordeaux, pour travailler sur des sites industriels et notamment une papeterie où j'ai dirigé une équipe d'une cinquantaine de personnes pour faire de la maintenance industrielle sur la machine à papier et tous les équipements liés. Tout ça fait partie de ma première vie professionnelle.

En 2005, vous décidez de changer d'environnement et intégrez le Groupe IONIS. Pourquoi un tel changement ?
Il faut savoir qu'au départ, si je suis allée dans une école d'ingénieurs puis dans les métiers de l'industrie, c'était pour prouver que les femmes étaient capables de faire des métiers que l'on attribuait alors surtout aux hommes. Et si j'étais assez fière de mon parcours et pensais avoir justement prouvé un certain nombre de choses, j'avais toujours gardé dans un coin de ma tête l'envie de transmettre, de me tourner vers l'enseignement. À 35 ans, je me suis alors posé la question de l'orientation que je souhaitais donner à ma carrière et là, après avoir répondu à une annonce, j'ai rencontré Marc Sellam, le président -directeur général de IONIS Education Group, qui me confie la direction de l'ISEG Marketing & Communication School à Bordeaux. Bien que, sur le papier, mon profil ne correspondait pas à la mission proposée dans l'annonce, cela s'est plutôt bien passé puisque, durant dix ans, j'ai dirigé cet établissement. À la tête de cette entité, j'ai pu apprendre un nouveau métier tout en utilisant mon expérience de l'entreprise, du management et de gestion. Si bien que, en parallèle, j'ai également pu accompagner le développement du Groupe IONIS à Bordeaux, ces dix années ayant vu l'arrivée des écoles ISEFAC, Epitech, e-artsup et IONIS UP (ex IONIS Tutoring) dans la région. J'ai adoré toute cette période, avec notamment le contact avec les étudiants, leur accompagnement dans les études et dans leur vie professionnelle.

Vous voilà désormais directrice générale déléguée de l'ESME Sudria. C'est un retour aux sources ?
En effet. Après ces dix années pleines à Bordeaux, je me suis à nouveau remise en question, à me demander ce que pouvait être la suite. L'envie de revenir vers le monde des ingénieurs, celui de ma « famille d'origine », s'est fait alors ressentir, d'autant que je n'avais jamais perdu le contact avec les gens de ma promotion - chez les ingénieurs, le réseau est une valeur forte. Après avoir émis à Marc Sellam mon envie de poursuivre ma carrière professionnelle en restant dans l'enseignement et dans le Groupe IONIS, auquel je suis très attachée, il m'a proposé d'intégrer l'ESME Sudria, ce qui me semblait être la suite logique de mon parcours. C'était même une évidence qui allait me permettre de boucler la boucle, de mon cycle en industrie à mon expérience de chef d'établissement supérieur.


Au final, votre parcours est vraiment celui d'un ingénieur qui, aujourd'hui, doit être capable de s'adapter à différents mondes et domaines.
L'ingénieur a vocation à construire les produits et services de demain. Pour cela, il doit forcément s'adapter, sentir les tendances, avoir une bonne compréhension des enjeux et ne pas avoir peur du changement. Aujourd'hui, on voit également que les ingénieurs tendent de plus en plus à devenir des managers, ce que représente bien mon travail actuellement. Désormais, la partie technique s'efface petit à petit dans sa carrière professionnelle et laisse place à la gestion, à la stratégie, etc. En ce sens, mon parcours est typique d'un ingénieur, mais atypique quand on imagine une gadzarts à la tête d'une école de commerce ! En prenant la tête d'une école d'ingénieurs comme l'ESME Sudria, je reviens vers un parcours plus classique.

L'ESME Sudria est une institution de plus de 110 ans. Est-ce qu'il y a une forme d'appréhension lorsqu'on y entre ?
Non, pas de l'appréhension mais du respect. On se dit que 110 ans d'histoire, c'est quelque chose et qu'il faut se l'approprier. Cela m'inspire aussi l'envie de m'intégrer, de comprendre et de m'accaparer l'esprit de l'ESME Sudria pour avoir une base sur laquelle l'école peut s'appuyer. Après, il ne faut pas que le passé écrase le présent ni le futur comme ont pu le connaître certaines écoles d'ingénieurs. C'est pour cela qu'il ne faut pas non plus trop regarder ce qu'on a fait et ne pas être trop nostalgique de ce qu'a pu être l'école auparavant : il faut en être fier, bien sûr, mais surtout se servir de ce passé pour continuer à avancer et ne pas hésiter à remettre toujours en questions les choses, y compris celles qui ont pu marcher jusque-là. C'est un challenge très intéressant et c'est ça qui me passionne dans ce nouveau poste : cette dimension institutionnelle, avec des étudiants et des Anciens très attachés à l'école, qui est associée au Groupe IONIS dont l'ADN le pousse à toujours innover, revisiter les programmes, faire de nouvelles alliances et remettre en question ce qui existait déjà pour fabriquer des choses nouvelles.

Quelles sont vos ambitions pour l'ESME Sudria ?
De continuer à innover, à anticiper les évolutions de la société et des nouvelles technologies. Par exemple, il y a énormément de choses à faire dans le domaine de l'énergie où, aujourd'hui, peu d'écoles sont positionnées. Face aux enjeux écologiques et économiques liés à ce domaine, je pense vraiment que l'ESME Sudria aura une carte à jouer très importante dans les années à venir. J'aimerais donc que l'école continue de développer ses activités de recherche et d'innovation dans l'énergie, y compris au niveau de la recherche partenariale. À ce titre, j'incite chaque laboratoire de l'école à participer régulièrement à des challenges d'innovation. L'idée, c'est d'entretenir la dynamique en étant toujours très connecté au monde industriel, car c'est lui qui nous permettra aussi de sentir les tendances et besoins..., et donc de continuer à faire ce que l'école a toujours fait, que ce soit à travers nos partenariats, le transfert de technologies, les cours, les projets, les stages, les événements, etc. D'autres enjeux sont encore à cultiver, comme ceux de l'électronique embarquée, de l'imagerie médicale, de l'assistance à la personne, de la mobilité, etc. Quand on prend un téléphone mobile aujourd'hui, c'est du réseau, de l'informatique, de l'énergie, des données..., soit tous les domaines sur lesquels on travaille à l'ESME Sudria. Il faut continuer à être en alerte sur ces enjeux-là et les nouvelles technologies.


Véronique Bonnet était récemment l'invitée de Décideurs TV pour l'émission #VirageDigital


ESME Sudria


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