Les ingénieurs peuvent-ils sauver le monde ? Retour sur la conférence spéciale environnement organisée par l'ESME Sudria et la Mairie d'Ivry

Organisée par l'ESME Sudria et la Mairie d'Ivry-sur-Seine le jeudi 17 septembre, la conférence « Les ingénieurs, techniciens et associations s'engagent pour le climat, au Nord et au Sud » abordait la question du climat et de l'environnement, question au cœur de l'actualité en cette fin d'année 2015 avec la tenue de la COP21 en France.

Publié le 28 septembre 2015

Au cœur de l'actualité en cette fin d'année 2015 avec la tenue de la COP21 en France, la question du climat et de l'environnement est aussi très importante pour les ingénieurs qui, pour bon nombre d'entre eux, n'ont pas attendu l'événement pour agir. Organisée par l'ESME Sudria et la Mairie d'Ivry-sur-Seine le jeudi 17 septembre, la conférence « Les ingénieurs, techniciens et associations s'engagent pour le climat, au Nord et au Sud » permettait justement de découvrir quelques-unes de ces initiatives.

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Alors que le flux migratoire lié au conflit au Moyen-Orient déclenche de nombreuses tensions en Europe, que se passerait-il si, en lieu et place des centaines de milliers de migrants actuels, le Vieux Continent se retrouvait confronté à l'arrivée inexorable de plusieurs dizaines de millions de personnes ? Cette question, les pays voisins de l'Indonésie sont déjà en train de se la poser à cause des effets produits par le réchauffement climatique. « Actuellement, l'Indonésie est en train de construire une digue énorme de 35 km pour sauver Jakarta à cause la montée des eaux, annonçait ainsi Karim Ait, responsable du laboratoire Énergies, Systèmes et Environnement de l'ESME Sudria en préambule de la conférence. Des pays qui peuvent disparaître et les flux migratoires sont encore plus importants que ceux que nous connaissons à cause de la guerre. » Prouesse technique s'il en est, cette future digue symbolise bien la délicate mission des ingénieurs qui doivent dès à présent réfléchir au monde d'après sans négliger l'importance de l'environnement et ses ressources. Un avis partagé par Arthur Riedacker, ancien membre du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et négociateur pour le climat à l'United Nations Framework Convention on Climate Change (UNFCCC) entre 1990 et 2005. « Le climat, c'est une action de longue haleine, notamment pour les ingénieurs actuels et futurs, tant cela représente de nombreux enjeux pour les entreprises, expliquait ainsi celui qui, aujourd'hui, occupe le poste d'élu au conseil municipal d'Ivry-sur-Seine en charge des universités. Nous souhaitons plus de synergies entre les écoles, entre les écoles et la ville, mais aussi avec les communes environnantes car il y a un tas de choses à faire en la matière, en France mais aussi dans les pays en développement. L'idée, c'est répéter ce genre d'événement chaque année, pas seulement pour la COP21. »

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Arthur Riedacker

Des technologies porteuses d'espoir
Cette conférence était également l'occasion pour Arthur Riedacker de rappeler que les changements des mentalités et des processus sont parfois plus lents que les prises de conscience. « En 1990, on avait déjà des doutes d'un possible réchauffement climatique sans possibilité de prouver à ce moment-là le rôle de l'effet de serre et des gaz dans ce changement. Il nous fallait attendre une décennie pour avoir une certitude. Le commandant Cousteau pensait que le problème de l'effet de serre serait réglé en 95, celui de la couche d'ozone en 2000... » Et si, dès la première COP en 1995, les pays industrialisés s'étaient mis d'accord et devaient montrer la voie, le chemin à parcourir reste conséquent mais pas sans horizon optimiste. « Il y a diverses techniques prometteuses ne nécessitant pas de combustibles fossiles, comme la photovoltaïque, l'éolien, l'hydraulique, la géothermie, la biomasse et le solaire thermique. »

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L'eau, un facteur majeur de la croissance durable
De technique, il en était justement question avec l'intervention de Marc Vergnet, fondateur et ancien dirigeant du groupe industriel français Vergnet spécialiste de la production d'énergies renouvelables et notamment seul fabricant français d'éoliennes. Depuis son départ à la retraite, Marc Vergnet continue à penser le monde autrement : « J'ai recréé une société, Mascara Nouvelles Technologies, pensée autour de l'eau et son accès, qui est une ressource clé, un facteur majeur de la croissance mondiale durable. » Mascara NT a ainsi développé le produit Osmosun de dessalement solaire de l'eau sans batterie. Une avancée notable que son créateur a mis longtemps à imposer malgré le fait que, dans 15 ans, 47 % de l'humanité sera sous stress hydrique. « Cela n'existait pas malgré de nombreux essais et personne ne voulait déposer mon brevet car l'idée était jugée trop simple. Mon rêve, c'est de produire de l'eau renouvelable, soit de l'eau potable sans émission de CO². Pour cela, l'idéal serait de dessaler avec l'énergie solaire au fil du soleil - une énergie variable donc- et sans batterie de stockage car elles sont rédhibitoires en termes de coût. »

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Marc Vergnet

L'Afrique : un territoire à forts enjeux
Fort de près de « 100 000 villages africains aujourd'hui équipés » du système porté par Mascara NT, Marc Vergnet connaît bien le berceau de l'humanité et ses besoins. « Un nouveau monde s'ouvre et il est permis par le renouvelable : ce n'est plus un gadget, c'est une solution dans beaucoup de cas. Nous devons travailler à l'électrification rurale à travers le renouvelable ou des systèmes hybrides car il reste un tas de choses à faire et à inventer à la portée d'opérateurs africains, avec le transfert de technologies. Malheureusement, l'énergie renouvelable n'est pas assez exploitée en Afrique. Pour cela, il faudrait déjà commencer à faire des barrages à turbine et des réseaux de transport. » Autre enjeu du développement de l'énergie renouvelable en Afrique, la participation directe des habitants.
« Avec la structure Vergnet, nous avions mis en place de la gestion déléguée et ça a marché : cela a permis à des opérateurs de créer des sociétés avec des équipements qui tournent et durent. » Selon l'intervenant, les ingénieurs doivent donc également prendre en compte cette donnée. « Il faut réfléchir plus pour qu'à la fin, la solution soit simple car demain, un local devra être en mesure de l'exploiter et de gagner sa vie avec. Sans énergie, l'Afrique ne pourra pas se développer et, dans cette école, vous avez les moyens de trouver ces solutions. Sans énergie, l'Afrique ne pourra pas se développer : ne soyez pas modestes vis à vous de vous, ayez l'ambition de vos idées. Ce qui manque aux gens, ce n'est pas les idées mais la volonté de les porter envers et contre tout. Il y a des possibilités d'avenir comme la petite irrigation et l'électrification rurale via l'énergie solaire photovoltaïque. Cela représente un terrain de jeu fabuleux mais faites-moi de la simplicité. Attention cependant : ne pas créer de grand réseau compliqué ne veut pas dire de technologie de bas étage ! » Un message qui a particulièrement touché les membres d'IDÉES Madagascar, l'association étudiante de l'école, qui étaient venus présenter les chantiers de construction de réseaux d'eau et d'écoles lors de leur campagne 2015.

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IDÉES Madagascar lors de la mission 2015


L'Île-de-France, place forte du développement durable
La dernière partie de la conférence voyait les interventions de deux acteurs de l'engagement de la région Île-de-France, pour une autre approche de l'environnement. La première était celle de Jean-Louis Bagot, chef du projet Eco-Campus du Grand Paris, un campus en éco-construction et éco-rénovation de premier ordre qui aura pour but de former et d'héberger les jeunes qui seront amenés à travailler sur les chantiers de l'ambitieux projet Orly Rungis Seine Amont (ORSA) représentant près de 6 millions de m² à construire d'ici 2030. La seconde était celle d'Alain Briard, chargé de mission à la Mairie d'Ivry-sur-Seine. Une façon d'aborder le rôle des communes en la matière qui, selon l'intéressé, ne doivent pas « se contenter de suivre les réglementations » mais « aller au-delà », comme pour la question de la gestion énergétique des bâtiments, notamment des bâtiments anciens. L'enjeu étant écologique mais aussi économique : « Le développement durable et les énergies renouvelables doivent être un gisement d'emplois ».

conference_climat_environnement_developpement_durable_esme_sudria_mairie_ivry_sur_seine_cop21_septembre_2015_ingenieurs_technologies_enjeux_projets_03.jpgJean-Louis Bagot et Alain Briard


ESME Sudria


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