« Les ingénieurs travaillent pour les autres corps de métiers »

Pour le premier rendez-vous de ses Mardis de l'ingénieur de l'année 2016, l'ESME Sudria invitait Stéphane Crézé (ESME Sudria promo 1994), chef de projet SI à l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), le mardi 9 février.

Publié le 17 février 2016

Pour le premier rendez-vous de ses Mardis de l'ingénieur de l'année 2016, l'ESME Sudria invitait Stéphane Crézé (ESME Sudria promo 1994), chef de projet SI à l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), le mardi 9 février. Face aux étudiants actuels de l'école, cet Ancien revenait ainsi sur son parcours et sur l'ingénierie au service d'un monde en constante évolution : celui de la santé.

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Diplômé de l'ESME Sudria en 1994 après « cinq années d'investissement et de concentration », où il a pu « monter en puissance et en capacité », Stéphane Crézé a attendu quelques mois avant de se lancer dans le vie active. En effet, l'année 1995 était pour lui celle du service militaire. Cette expérience d'officier scientifique sur le navire d'étude et de mesure Monge allait pourtant le conforter dans son choix de carrière. « C'était très intéressant d'un point de vue technique, mais aussi très agréable de pouvoir voyager. Cela m'a aussi conforté dans l'idée que l'informatique était "mon truc" : j'étais définitivement tombé dedans. » Une fois revenu sur la terre ferme, l'ingénieur trouve rapidement un premier emploi. Ce sera chez une entreprise qui développe un progiciel de force de vente. « Ce fut un bon moyen de découvrir le contact avec les commerciaux et la relation client. Cela m'a fait prendre conscience de l'importance de cette dernière, au-delà du produit que développe l'ingénieur. Et aujourd'hui encore plus qu'hier, il faut savoir expliquer aux autres ce que l'on fait, que ce soit en français ou en anglais. C'est même crucial. » En 1999, Stéphane Crézé intègre un grand groupe dans le domaine du transport et de la logistique. L'occasion de goûter à ses « premiers gros projets innovants », alors liés à la « mise en place de la dématérialisation des colis et à leur traçabilité informatique », une pratique nouvelle pour l'époque et désormais totalement répandue. En 2000, il rejoint une entreprise de présentation de services dans le transport et logistique, et se spécialise en tant qu'ingénieur SI. L'expérience va tout de fois être de courte durée : contacté par un de ses précédents patrons pour rejoindre en 2001 à l'AP-HP, il se laisse convaincre. L'histoire de cet Ancien dans les systèmes d'information associés au monde de la santé n'allait que commencer.

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« J'ai informatisé 24 services d'urgence »
Depuis son arrivée au début du nouveau millénaire, Stéphane Crézé enchaîne les missions passionnantes et les projets ambitieux en ce qui concerne les urgences, le SAMU, les systèmes communicants (au sein des équipes mais aussi avec les partenaires de l'urgence) ou encore le tissu régional des établissements de santé. « J'ai informatisé 24 services d'urgences, confie-t-il. J'ai transformé cette organisation des urgences longtemps basée sur le papier en une organisation informatique, y compris dans le geste même des médecins pour le suivi des patients. »

Parmi les projets innovants qui peuvent mis en place dans le domaine de la santé, certains le sont en réaction à des crises connues, comme la canicule de 2003 qui a entraîné « le développement de systèmes prédictifs permettant d'anticiper des crises sanitaires majeures, des épidémies, etc. » C'est ainsi qu'est né le « Réseau Oscour®/ Projet Cyber Urgence, devenu obligatoire depuis » pour renforcer l'efficacité de la prévention.

Deux autres projets majeurs portent également l'empreinte de Stéphane Crézé. Il y a d'abord SINUS, « un projet de terrain » qui consiste en l'élaboration d'un « système de suivi et prise en charge des blessés en cas d'événement majeur (attentat, accident de métro) ». Grâce à SINUS, les blessés se voient mettre un bracelet à code-barres lors de leur prise en charge par les équipes de soin afin d'être suivis dans leur cheminement, du terrain de l'accident jusqu'à la sortie de l'hôpital. « Cela nous permet de voir si la prise en charge est efficace et si elle répond à notre mission de service public », note l'ingénieur. Il y a ensuite le projet Carmen, soit le nouveau système d'informations du centre d'appel des quatre SAMU de Paris et sa banlieue proche. « Quand vous appelez le 15 et que vous êtes sur Paris et petite couronne, vous arrivez sur un opérateur qui travaille sur Carmen », explique ainsi l'ingénieur aux étudiants.

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Quand les SI rendent plus performants les acteurs de la santé
Que ce soit à travers Carmen, Oscour ou SINIS, les systèmes d'informations et, d'une façon générale, l'informatique et le traitement des données à grande échelle sont donc avant tout là pour permettre aux établissements de santé d'être encore toujours plus performants. « Le système de santé présente une importante activité pérenne, rappelle Stéphane Crézé. Et dans ce système, on retrouve beaucoup de différents métiers dans la santé, soit autant de SI à mettre en œuvre, d'autant que bon nombre de ces métiers demandent encore et toujours plus d'efficacité pour maintenir leur qualité de service. Depuis 2012, on parle d'ailleurs officiellement de SI Santé (SIS). Les dossiers de santé informatisés sont ainsi soumis à la même réglementation critique que les dispositifs médicaux, avec la sauvegarde du secret médical, tout en étant disponibles à tout heure si besoin. Les solutions SIS doivent également être en mesure de répondre aux normes de sécurité « hébergeur de santé », pour garantir la sécurité du patient et des agents - le SIS doit donner les bonnes informations aux médecins - mais aussi la sécurité juridique du patient et des établissements. La prochaine étape est celle de la convergence et de la mutualisation des volumes des données de santé pour tendre vers un Big Data qu'il faudra exploiter. Il reste donc encore beaucoup de choses à faire dans le numérique de la santé. » Le message est passé auprès des futurs ingénieurs de l'école.

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Les principes fondateurs du système de santé français :

  • Garantir la chance du patient / circonscrire les risques
  • Permettre l'accès aux soins à tous
  • Maîtriser les enjeux de santé publique (épidémie, événements sanitaires de masse)
  • Assurer l'excellence de la recherche médicale et de la formation
  • Rechercher l'économie de moyens (RH et matériels) car si « la santé n'a pas de prix », elle a tout de même « un coût »

La France, c'est :

  • 3 200 établissements de santé
  • Plus de 410 000 lits
  • 25 000 pharmacies et laboratoires
  • Plus de 220 000 médecins, 75 000 pharmaciens et 630 000 infirmiers
  • 256 milliards d'euros de dépense courante de santé par an

ESME Sudria


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