Le système LMD : difficultés d'application

Le système LMD, censé harmoniser les études supérieures dans les pays de l'Union européenne, rencontre dans la pratique des difficultés d'application.

Publié le 29 janvier 2004

Comme le Monde le titrait le 23 mai 2001 "L'Europe des étudiants est en marche". L'idée est simple; elle a été lancée, en mai 1998, dans la Déclaration de la Sorbonne, à l'initiative de Claude Allègre, alors Ministre de l'éducation nationale, et des ministres allemand, britannique et italien. Cette idée, confirmée à Bologne en 1999, a recueilli à ce moment, l'adhésion de 29 Etats; le "processus de Bologne" a été confirmé à Prague par 32 Etats en mai 2001. Toute l'Europe participe donc à ce mouvement et il va même au-delà puisque la Turquie a signé le texte de Prague.

Un des fondements majeurs de cette architecture universitaire européenne est naturellement l'organisation commune des trois cycles dite LMD :

Licence (Bachelor), Mastère (Master) et Doctorat qui sont respectivement d'une durée de 3, 5 et 8 ans.

Les contenus de chaque cursus sont découpés en crédits dans le cadre du système ECTS (= European Credit Transfert System); ces crédits sont cumulables et transférables d'une université (d'un Etat) à l'autre (d'un autre Etat). La licence comprend de 180 (au moins) à 240 crédits , le mastère de 90 à 120 crédits supplémentaires. Dans ce système, chaque Etat reconnaît la validité des évaluations opérées dans les pays d'origine. Il est à noter, à propos des manifestations qui ont eu lieu dans les universités françaises fin 2003, que l'ancien ministre français de l'Education nationale Jack Lang avait promis d'entamer cette réforme à partir de la rentrée 2001 (la réflexion et la préparation ont été, de fait, engagées dans les universités), mais aussi et surtout de généraliser le système en France en 2004. Il aurait été bien inspiré fin 2003 de le rappeler lui-même pour couper court aux polémiques sur le sujet.

Tout cela est bel et bon. On a vu toutefois que les étudiants ne se sont émus de ces réformes que fin 2003, c'est-à-dire au terme de la réflexion sur leur conception et à la veille du début de leur mise en oeuvre. D'autre part, ce qui semble plus grave, les ministres, dans un bel enthousiasme, ont signé tous les textes fondateurs, à Paris comme à Bologne puis à Prague, mais ils n'ont pas semblé prendre en considération tous les problèmes qui se posent, de façon plus concrète et immédiate, pour les étudiants qui s'engagent dans ce types de cursus. Un seul exemple qui est pourtant un des plus simples car il se pose au niveau le plus élevé, celui du doctorat.

On encourage en effet les thèses dites en co-tutelle; elles sont préparées par un étudiant qui est inscrit dans deux universités, l'une allemande par exemple et l'autre française, et qui prépare sa thèse sous le direction de deux enseignants, l'un allemand, l'autre français. Il faut prendre un cas précis pour que les choses soient claires et que l'on puisse voir à quel niveau se situent les problèmes ou les obstacles.

Au plan de "l'architecture universitaire", il n'y a en principe aucune difficulté, du moins si l'on en croit les déclaration de Paris, Bologne et Prague. Dans la pratique, même si en apparence les choses sont simples, elles se compliquent dès qu'on entre dans la réalité des faits.

En lettres par exemple, la thèse allemande n'est compatible que de loin avec la thèse française. Les procédures de soutenance sont différentes ; en Allemagne, le rôle du directeur de thèse est autre; il doit ainsi faire le pré-rapport de soutenance, ce qui lui est interdit en France; à l'inverse, le directeur de thèse français est membre à part entière du jury ce qui n'est pas le cas en Allemagne où il n'a pas voix délibérative. En France le jury de thèse est composé, en principe, de personnes qui ont une compétence particulière dans le domaine concerné par le sujet de thèse et qui sont choisies à cette fin; il en est tout autrement en Allemagne où toutes les thèses d'une discipline (les sciences du langage par exemple) sont soutenues devant le même jury de cinq personnes, quel qu'en soit le sujet. De ce fait, si la thèse est soutenue en Allemagne, il faut un jury où nécessairement les membres français s'ajouteront au jury allemand, selon des modalités qui restent incertaines. Se pose aussi le problème de la langue, une thèse faite en co-tutelle en Allemagne et en France, si elle est soutenue en Allemagne, sera rédigée et soutenue en allemand alors que rien n'oblige le directeur français, surtout si la thèse porte sur le français, à avoir une connaissance de l'allemand. Enfin, les procédures d'inscription sont loin de correspondre à ce que les documents de fondation décrivent comme des relations de "confiance" entre les établissements partenaires. L'étudiant inscrit en doctorat en Allemagne et qui s'attend à pouvoir s'inscrire, eu même niveau, sans problème en France, se voit réclamer toutes les pièces du dossier qu'il aurait à présenter s'il n'était pas engagé dans une procédure de co-tutelle (copies traduites et certifiées conformes de tous ses diplômes, etc.).

On ne peut pas dire que règne la confiance qu'on nous annonce!).


Formation


Cap sur l'actualité Découvrez dans cette partie toutes les rubriques qui vont vous permettre de suivre l'actualité étudiante au jour le jour : Chiffres clés, Emploi, Formation, Jeux vidéo, Informatique, Insolite, Loisirs & Spectacles, Musique/Vidéo : CD/DVD, Pratique, Voyage, Web & Internet, Autre, Logement, Mode & Beauté, Guide Métiers, Argent - Crédit - Banque, Association, Bons plans ... tout un programme !