Quid des métiers de la DATA?

Bromètre ESSEC/KANTAR : Résultats de l’enquête sur l’avenir des métiers de la data

Publié le 08 février 2023

Pour la deuxième année consécutive, Kantar Public en partenariat avec l'ESSEC Metalab for Data, Technology & Society et le groupe BPCE, a réalisé pour la French Tech Corporate Community, une enquête auprès des responsables des activités digitales et responsables RH des plus grandes entreprises et groupes français afin de recueillir leurs perceptions de l'avenir des métiers de la data.

Cette enquête révèle trois faits saillants :

  • Une nette augmentation de la place de la data et des besoins en recrutement dans ce domaine
  • Des formations encore trop peu adaptées aux besoins des entreprises
  • Une surreprésentation des hommes dans les métiers de la data

Jean-Noël Barrot, Ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications : « Cette étude menée par la French Tech Corporate Community confirme les orientations prises par le Gouvernement. Les métiers du numérique offrent des opportunités professionnelles, tout au long de la vie, pour toutes les qualifications et nos entreprises sont en demande. Le Président de la République a souhaité répondre à cet enjeu en fixant une exigence ambitieuse : former 400 000 futurs talents du numérique d'ici 2027, parmi lesquels figurent ceux de la donnée. Avec le PIC (Plan d'investissement dans les compétences) et l'appel à manifestation d'intérêt « Compétences et métiers d'avenir » (AMI CMA) de France 2030, le gouvernement agit pleinement pour adapter l'appareil de formation aux jeunes et aux salariés des métiers de demain. »

Cette nouvelle enquête confirme le rôle stratégique de la data au sein des entreprises, en forte augmentation : 59% des cadres dirigeants interrogés (+9 points en un an) considèrent qu'elle a une place centrale ou très importante dans l'activité de l'entreprise, et ce sont désormais 16% (+7 points) qui considèrent qu'elle représente le cœur de leur activité.

A ce titre, l'écosystème de la data semble de plus en plus structuré et intégré au sein des grands groupes français : en témoignent l'augmentation de la présence dans les entreprises de l'ensemble des métiers data testés, et l'augmentation nette de la capacité des entreprises du secteur à évaluer leurs besoins pour les postes dans ce domaine (49%, +23 points).

En revanche, les difficultés à recruter dans le secteur de la data semblent se renforcer, 91% des responsables interrogés ont rencontré des difficultés de recrutement. Ils font part d'exigences salariales très importantes, d'un manque de profils et décrivent aussi un manque d'attractivité des grands groupes face aux start-up ou aux géants internationaux.

Les soft skills sont aussi au cœur des difficultés de recrutement : d'après les cadres interrogés, les compétences sociales personnelles et interpersonnelles sont celles qui sont les moins bien maîtrisées par les jeunes diplômés français du secteur, alors même qu'elles sont jugées parmi les plus importantes lors des recrutements. Sont ainsi reprochés aux jeunes diplômés le manque de connaissances sur le secteur, un trop grand conformisme scolaire, et une difficulté à s'adapter aux cultures d'entreprise, notamment en termes de travail d'équipe ou d'autonomie.

« Suite à l'analyse des résultats de cette deuxième vague, nous préparons d'ores et déjà des formations dédiées aux softs skills et à destination des salariés des grands groupes. » indique Thomas Zaruba, copilote du chantier Compétences & Formation de la French Tech Corporate Community.

Les formations d'enseignement supérieur pour les métiers de la data paraissent donc, de manière générale, avoir trop peu de liens avec le monde de l'entreprise (45%) et sont trop peu nombreuses (28%) pour détendre le marché de l'emploi dans le secteur, malgré la diversification qui s'opère cette année : 33% des entreprises exprimant des besoins de recrutement au niveau Bac+3/+4. En complément des formations diplômantes, 78% des entreprises mettent également en place des formations internes pour faire monter leurs collaborateurs en compétences data. Elles visent essentiellement une sensibilisation générale des collaborateurs et le perfectionnement ciblé de certains employés car 29% seulement des entreprises mentionnent les connaissances «métiers» comme importantes parmi les qualités recherchées dans les recrutements data.

Guillaume Chevillon, professeur à l'ESSEC Business School et co-directeur académique de ESSEC Metalab, explique ainsi : « Outre les formations de niveau master en sciences des données, les universités et grandes écoles ont développé depuis quelques années de nouvelles formations hybrides répondant aux demandes exprimées entre appétences managériales, compétences humaines, sociales et scientifiques. On observe en France (comme partout ailleurs), la création de nouveaux programmes alliant sciences des données et sciences sociales, design, économie ou management (entre écoles d'ingénieurs, de management, ou entre disciplines au sein des universités), avec implication croissante de partenaires industriels. C'est pour cette raison qu'à l'ESSEC, outre des programmes Bachelor ou Master en commun avec CentraleSupélec en IA, data science ou business analytics, nous avons mis en place, en collaboration avec nos partenaires un ensemble d'initiatives éducatives visant à former l'ensemble de nos étudiants à la data, du Bachelor au PhD. »

Enfin, les deux-tiers des dirigeants interrogés constatent une surreprésentation des hommes dans les métiers de la data.

« Il s'agit d'une réalité que l'on constate d'ailleurs dans notre étude, dont les répondants étaient très majoritairement des hommes (71%) » note Laure Salvaing, directrice générale de Kantar Public.

En conclusion, les plus grands enjeux liés à l'évolution des métiers de la data seront le développement des liens entre expertise data et les compétences métiers et l'acculturation de l'ensemble des équipes à la data.

« Je suis fier de la qualité et de la pertinence des réponses et surtout de l'engagement de l'ensemble des contributeurs de la French Tech Corporate Community. Je suis très heureux de pouvoir rassembler autant de professionnels de haut niveaux conscients de la nécessité et de l'utilité d'une telle étude d'envergure. Il s'agit désormais de remplir notre rôle de « Do Tank » et de passer à l'action en poursuivant l'anticipation des besoins futurs et en embarquant les experts pour répondre aux enjeux mis en évidence dans notre étude. Nous travaillons dès à présent à l'évolution du questionnaire afin de l'administrer dès le deuxième trimestre 2023. » conclut Nicolas Guérin, Fondateur de la French Tech Corporate Community.

Méthodologie :

Enquête online réalisée du 13 avril au 20 juin 2022 auprès d'un échantillon de 82 responsables des activités digitales et responsables RH exerçant en France dans des grandes entreprises. Cet échantillon a été interrogé à partir d'un fichier fourni par la French Tech Corporate Community.