7 questions à Amina Dahani

Ingénieure essais en vol chez Eurocopter, Amina Dahani (IPSA promotion 2010) a répondu aux questions d'Elise Costa pour le site Femme Ingénieure.

Publié le 12 mars 2013

Amina Dahani (IPSA promotion 2010) est aujourd'hui ingénieure essais en vol chez Eurocopter. La jeune femme de 25 ans a beau être modeste (« je ne fais rien d'exceptionnel »), ça donne tout de même envie de creuser un peu la question. Interview menée par Élise Costa.

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Bonjour Amina ! Bon, on ne va pas se mentir : ingénieure d'essais en vol, ça en jette. Mais en quoi ça consiste exactement ?

Cela consiste à qualifier les appareils, c'est-à-dire à étudier le comportement des paramètres sélectionnés pendant le vol de qualification. D'abord, on prépare les essais (on intègre de nouveaux calculateurs sur bancs d'essais), puis on effectue les essais au sol, et enfin les essais en vol. En ce moment, je travaille sur les hélicoptères, mais j'ai aussi travaillé sur les avions - le 380 plus précisément - lorsque j'étais chez Airbus, avant Eurocopter.

À terme, j'aimerais beaucoup devenir ingénieur navigant. C'est un métier qui ressemble à celui que je fais déjà, excepté que l'ingénieur navigant est dans l'aéronef pendant tous les essais en vol. L'entreprise peut nous former à ça, mais l'IPSA permet déjà d'avoir un socle solide pour y arriver.

Tout métier a 2 facettes : une passionnante et une moins marrante. Qu'est-ce qui vous fait vous lever tous les matins pour aller au boulot ?

Ce que j'aime le plus dans mon métier, c'est le contact avec les aéronefs. Je les vois tous les jours mais à chaque vol, je me dis que j'ai participé à leur mise en service. On peut dire que j'ai trouvé ma voie, mais il me reste beaucoup de choses à découvrir et à apprendre. L'aéronautique est en constante évolution.

Et pour le côté moins marrant ?

A choisir, je dirais le stress : il faut être sûre de soi. L'appareil vole après nos essais et à chaque nouvel incident, cela veut dire qu'il faut intervenir et expertiser. C'est un domaine où la rigueur est indispensable.

Est-ce qu'il y a beaucoup de femmes dans votre travail ?

Les femmes sont en minorité - 20 % je dirais - mais elles sont bien là. Ceci étant, j'aimerais beaucoup avoir plus de collègues féminines ! Il y a beaucoup de clichés agaçants sur le métier d'ingénieur, mais le pire de tous c'est qu'il s'agit d'un métier d'homme. C'est strictement faux. Qui plus est, être une femme ne change rien dans le milieu de l'aéronautique : vous êtes traitée d'égal à égal, que ce soit en termes de responsabilités ou en charge de travail.

Au fait, pourquoi avoir choisi l'IPSA ? Quelle était votre spécialité à l'école ?

J'ai découvert l'IPSA au détour d'un salon de l'aéronautique. Après avoir discuté avec pas mal d'ingénieurs d'EADS qui avaient fait cette école, j'ai vu que je pouvais entrer directement en 4e année grâce à mon master de physique-chimie obtenu à la fac - j'ai également un master "Outils et Systèmes de l'Astronomie et de l'Espace" passé à l'Observatoire de Paris.

L'option management et logistique industrielle (MLI) a particulièrement attiré mon attention, parce qu'elle permettait d'avoir une double compétence et de ne pas me cantonner au technique (ma spécialité de dernière année à l'IPSA).

J'avais plusieurs matières préférées : l'automatique - sorte de "concrétisation" des lois physiques théoriques -, la mécanique du vol et ses travaux pratiques en soufflerie, et enfin la négociation internationale - très éprouvant psychologiquement mais super intéressant.

Connaissant aujourd'hui votre parcours, qu'aimeriez-vous dire à votre moi de 17 ans qui s'apprête à passer son bac et se lancer dans ces études ?

Je me dirais de ne jamais écouter les autres et de toujours avancer, malgré les difficultés, pour faire ce que j'aime. Quand on veut, on peut.

Parce que l'on vous a dit que vous n'y arriveriez pas ?

Oui, je l'ai déjà entendu. Je suis issue d'une ZEP (Zone d'éducation prioritaire) où quand je parlais de mon projet, on me disait : "oui mais c'est réservé à une élite". Mais le seul frein que j'ai rencontré, ce sont justement les à priori. J'ai une maman qui travaille dans la chimie et un papa qui est agriculteur donc rien à voir avec mon métier ! Dès l'âge de 6 ans j'ai commencé à m'intéresser à ça. Aujourd'hui ma sœur et mon frère s'y intéressent aussi.


IPSA


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