De l'IPSA au CNES en passant par Kourou, la folle passion spatiale de Jérôme Correia (IPSA promo 2014) 2/2

Découvrez le stage de fin d'études réalisé par cet IPSAlien au mythique Centre spatial guyanais de Kourou.

Publié le 03 décembre 2014

Après un stage de fin d'études au sein de Cegelec-Space qui l'a emmené travailler plusieurs mois sur le mythique Centre spatial guyanais de Kourou, Jérôme Correia (IPSA promo 2014) est devenu ingénieur bureau d'études pour le rover ExoMars de l'agence spatiale européenne (ESA) au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Passionné par l'espace depuis sa tendre enfance, il réalise ainsi son rêve de travailler dans cet univers « magique ». La tête sur les épaules mais les yeux tournés vers les étoiles, il revient sur sa motivation sans faille et ses deux derniers stages à l'IPSA qui ont forgé pour de bon son avenir professionnel dans le spatial. (lire ici la première partie)

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Le lancement VA219 du dernier ATV Georges Lemaître

Un stage au plus près d'Ariane 5
Venir travailler à Kourou, sur le prestigieux Centre spatial guyanais, était l'un des objectifs de Jérôme depuis plusieurs années. En mars, l'IPSAlien pouvait enfin le réaliser en partant effectuer son stage de fin d'études auprès de Cegelec-Space. « Ils ont tout pris en charge : le billet d'avion aller-retour, le transport depuis l'aéroport et le logement sur place... c'était royal, assure celui qui, en 5e année, s'était logiquement tourné vers la filière Conception des Systèmes Spatiaux (CSS). J'étais logé dans un studio tout équipé, dans la ville de Kourou, au sein d'une résidence où vivent les stagiaires et les personnes venues travailler sur une mission particulière. Cela m'a permis d'échanger avec des professionnels de carrière très sympa en dehors des heures de travail. » Sur place, la mission de Jérôme devait au départ concerner la modification du système de réglage des capteurs « hors zone » des bras cryotechniques du lanceur Ariane 5. Un sujet de stage un peu barbare d'apparence mais qui paraît tout de suite plus limpide quand il est décrit par un étudiant passé par l'IPSA. « En fait, il faut comprendre que, pour acheminer l'hydrogène et l'oxygène dans l'étage supérieur qui en a besoin pour fonctionner, un lanceur a deux bras jaunes qui partent de la table de lancement, vont vers lui et se rétractent à 7 secondes du départ. Il y a donc des capteurs sur ces bras qui récoltent et envoient des informations au centre de lancement : ils servent ainsi à valider le fait que les bras soient repliés au-delà d'une certaine distance de sécurité par rapport au lanceur afin que celui puisse bien décoller. Cegelec-Space voulait moderniser ces capteurs pour qu'ils soient encore plus précis. » Pour autant, le jeune homme a rapidement dû s'atteler à d'autres tâches tout aussi excitantes pour un passionné de sa trempe.

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Reconstitution 3D de la Station spatiale internationale

« Mes propositions ont été validées par Ariane »
À son arrivée à Cegelec-Space, Jérôme a en effet été amené à aller là où les besoins se faisaient le plus urgents. Parmi ces priorités, il y avait notamment le rack d'asservissement du système de maintenance du SAV du lanceur Ariane 5. « C'est le système de maintenance du SAV qui n'est autre que le Système d'Amortissement du Véhicule. En gros, il s'agit de deux câbles qui tiennent le lanceur Ariane 5 et servent lorsque ce dernier est en dehors du bâtiment. Il faut savoir que, de manière générale, Ariane 5 est soumis au vent. Ce système évite donc que le lanceur rentre en oscillation et commence à bouger sur son pas de tir. Cela amortit donc les oscillations du lanceur. » Plutôt ancien, ce rack d'asservissement nécessitait donc un renouvellement. « Il datait de 1994. Les cartes électroniques à l'intérieur et la partie interface hommes-machine commençaient donc à dater, ce qui pouvait poser un problème lorsque des pièces devaient être changées. Il fallait donc le moderniser pour pouvoir agir en cas de panne. » Pour cela, Jérôme travaille durant près d'un mois et demi : il contacte les fournisseurs, note de possibles évolutions et rédige enfin un dossier de propositions de modifications qu'il envoie chez Arianespace pour validation. « Ce n'est qu'à la fin de mon stage que j'ai appris que mes propositions ont été validées, ce qui est plutôt cool ! »

Deux autres missions vont ensuite se succéder pour Jérôme qui, au final, ne travaillera que très peu sur les fameux capteurs « hors zone » à l'origine de son stage. « Suite à un contretemps logistique, j'ai dû mettre entre parenthèses ce sujet pour m'attaquer successivement à deux autres dossiers : la mise en place d'un réchauffeur mobile pour réguler l'hygrométrie à l'intérieur des lignes fluides exploitées par Cegelec-Space sur le site, puis le renouvellement des colliers double filaire présents sur les lignes "V" des bras cryotechniques du lanceur Ariane 5. Les deux ont été validés. »

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Pour le lancement de l'ATV, Jérôme a eu droit à un fauteuil réservé dans la célèbre salle Jupiter

Un moment inoubliable : le lancement de l'ATV Georges Lemaître
Plus qu'heureux d'avoir pris part à différentes missions, Jérôme retient les nombreuses connections qu'il a pu faire sur place. Jamais rassasié, il a profité de ces quelques mois à Kourou pour s'en donner à cœur joie : « J'avais envie de ressortir de ce stage, pas seulement enrichi de l'expérience vécue à travers les tâches que j'ai pu réaliser mais également de tout le savoir que je pouvais récupérer à droite, à gauche, auprès des différents intervenants que je rencontrais. Grâce à ces personnes, j'ai pu voir des choses auxquelles je n'aurais pas eu accès si je n'avais pas été curieux. »

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L'amarrage de l'ATV à la Station spatiale internationale en direct depuis la salle Jupiter

Sa forte capacité à travailler et sa curiosité lui ont d'ailleurs permis de vivre un moment unique qu'il n'oubliera pas de sitôt. « J'ai eu la chance d'être en opérationnel le jour du lancement de l'Automated Transfer Vehicle (ATV) Georges Lemaître, soit le "vaisseau cargo" conçu par l'agence spatiale européenne qui va s'amarrer à la Station spatiale internationale (ISS) pour ravitailler les astronautes en oxygène, nourriture, vêtements, etc. » Un rêve de gosse à nouveau rendu possible. « J'étais dans la salle de contrôle, ce fameux bunker qui reste fermé pendant toute l'opération. J'y suis resté six heures dedans, dont quatre à faire de l'inertage des caissons LBS (pour liaisons bord sol) et d'une partie de la table de lancement. Cela consistait à maintenir un niveau d'oxygène en dessous de 5 % dans un périmètre donné pour éviter les réactions avec l'allumage du moteur qui fonctionne à l'oxygène et l'hydrogène. Ce n'était pas grand-chose mais ça m'a permis de vivre ce lancement, de ressentir les vibrations quand le lanceur part et d'être enfin dans ce bunker auquel je rêvais depuis tellement longtemps... » Encore émerveillé au moment d'en parler, l'IPSAlien sait à qui il doit cette opportunité. « Je ne remercierais jamais assez Cegelec-Space et notamment Jérôme Brillant pour ce cadeau qu'il m'a fait. C'était mon tuteur de stage et c'est vraiment quelqu'un de très accessible, en plus d'être un très bon pédagogue. Malgré la charge de travail qu'il avait, son bureau était toujours ouvert. Il m'a permis de vivre quelque chose d'inoubliable. »

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Le rover ExoMars

La passion, encore et toujours
Rentré de Kourou, Jérôme n'a pas perdu son temps : après une soutenance de stage parfaitement exécutée (auréolée d'un 19 / 20 !), l'IPSAlien est reparti travailler au CNRS où il avait déjà effectué son stage de 4e année. Désormais ingénieur bureau d'études, il œuvre à présent sur le rover martien ExoMars, « une sorte d'équivalent à Curiosity », développé par l'ESA et dont le lancement est prévu en 2018. « Le but de ce rover est de détecter la trace de vie actuelle ou passée sur Mars. Au sein de ce projet, je travaille au niveau du chromatographe, le système qui permet, une fois les échantillons recueillis sur Mars, d'en faire une exploitation directe : on chauffe les échantillons, du gaz est émis et le système du chromatographe, composé de plusieurs filtres, isolent les spectres de ces gaz pour voir de quoi les échantillons sont composés. » Avec Jérôme, c'est donc un peu d'IPSA qui s'apprête à explorer la planète rouge.


IPSA


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