L'avion solaire : bientôt une réalité ?

Mi-juin, la fondation Océan Vital a présenté le projet Eraole. Objectif de l'initiative : effectuer le premier vol transatlantique habité à bord d'un biplan à propulsion électrique hybride solaire/hydrogène. Ce projet ambitieux a relancé les questions autour de l'avion électrique. Gil Roy, fondateur et rédacteur en chef d'Aerobuzz.fr, tente de les éclaircir.

Modélisation de l'avion Eraole

Limiter les dépenses en carburant

La traversée de l'Atlantique d'ici 2015 (objectif affiché pour Eraole) semble très ambitieux et assez difficile à réaliser compte tenu des connaissances techniques actuelles. Par exemple, Solar Impulse, la société leader dans tout ce qui concerne l'aviation propulsée à l'énergie solaire, rencontre des difficultés techniques et n'est pas capable de s'engager sur des traversées aussi longues. « Le projet Eraole est avant-gardiste et écologique, porté par des entreprises et une région - Les Pays de la Loire - qui le sont tout autant, commente Gil Roy. Mais l'échéance 2015 est trop proche. Je pense qu'il y a également d'importants enjeux de communication derrière cette opération. Il ne faut cependant pas perdre de vue que l'avion propulsé à l'énergie photovoltaïque va devenir une réalité. »

L'aviation solaire est donc vouée à exister. Un constat rassurant quand on sait que les dépenses de carburant sont, avec les taxes d'aéroport, ce qui pèse le plus sur le prix des billets d'avion. Mais pour l'heure, il est loin d'être au point : « L'avion photovoltaïque est contraint par la limite humaine, explique Gil Roy. Les récents essais menés par la compagnie Solar Impulse montrent que leurs prototypes sont capables de voler la nuit, sur leurs batteries de réserve : ces avions ont suffisamment d'autonomie pour voler sur une période pendant laquelle le soleil ne recharge pas. Partant de là, les avions pourraient donc voler indéfiniment. Aujourd'hui, la seule limite est donc humaine : les pilotes fatiguent et ne peuvent donc pas rester vigilants constamment. Par ailleurs, ces prototypes ne supportent pas de lourdes charges. »

L'avion Solar Impulse arrivant à San Francisco

Des laboratoires volants

Cependant, on sait que des solutions pour résoudre ces problèmes sont à l'étude. La version 2 de Solar Impulse est conçue pour effectuer des vols d'une durée de quatre à cinq jours, grâce à des commandes de vol électriques, un système de vol automatique et une cabine dans laquelle le pilote pourra se reposer. « Ces prototypes sont des laboratoires volants, assure Gil Roy. Ils démontrent que l'on peut voler et arriver à destination avec plus d'énergie qu'on en avait au départ. C'est une révolution intellectuelle ! Entre le moment où une découverte scientifique se traduit en une exploitation commerciale, un certain nombre d'années va s'écouler. Des vols commerciaux solaires avec plusieurs centaines de passagers n'auront pas lieu immédiatement. Mais nous sommes aujourd'hui sûrs qu'il ne s'agit plus de fiction. Les personnes qui vont traverser l'Atlantique ou même faire le tour du monde à bord de ces engins sont comparables à Alberto Santos-Dumont (qui a effectué le premier kilomètre de vol sur circuit fermé) ou à Louis Blériot (qui a été le premier à traverser la Manche en aéroplane). Du temps de ces pionniers, nous n'imaginions pas que cinquante ans plus tard, le Boeing 707 traverserait l'Atlantique Nord sans escale. »

Aujourd'hui, l'avion électrique ou hybride est un des sujets de recherche de prédilection des grandes entreprises du secteur. Si les essais de vols photovoltaïques s'avèrent concluant sur la durée, l'avion solaire pourrait devenir une réalité plus tôt que prévu.