Les essais virtuels, l'avenir de l'aéronautique ?

A l'occasion du Salon du Bourget qui se tenait du 17 au 23 juin, Achour Debiane, directeur de la recherche et développement au Centre d'Etudes et de Recherche en Techniques Industrielles Appliquées (Certia) et intervenant industriel à l'IPSA, organisait une table-ronde sur les moyens d'essais virtuels (qui, par le biais de plateformes, permettent de simuler virtuellement en amont les prototypes). Réunissant une demi-douzaine d'experts du domaine, cette conférence, qui avait lieu le 20 juin, dans le salon, a permis de faire le point sur les avancées du testing dans le milieu de l'aéronautique.

Pourquoi organiser une conférence sur les moyens d'essai virtuels ?

Dans le processus industriel aéronautique, les cycles de conception des systèmes sont devenus trop longs et trop coûteux. De nouvelles alternatives s'imposent alors, pour continuer à développer des avions plus sûrs, plus propres, plus économes. Les essais virtuels peuvent répondre à cette attente.

Aujourd'hui, les moyens de modélisation et de simulations dynamiques sont de plus en plus fiables. Ce niveau de qualité a été rendu possible grâce à des retours d'expérience de plus en plus riches. Depuis quelques années, les bureaux d'études font de plus en plus appel aux modèles 1D et 3D pour la conception et la vérification de leurs conceptions. Le prochain objectif, pour nous, sera la mise en place de véritables tests virtuels en utilisant des modèles et des simulations.

Il y a deux ans, vous avez organisé une conférence similaire lors de la précédente édition du Bourget. Quelles innovations majeures le secteur a-t-il connu depuis ?

De fait, cette année, nous organisions la septième édition de cette conférence avant tout réservée aux responsables de laboratoires d'essais et aux directeurs de recherche et développement. En deux ans, nous avons pu passer de la modélisation comme aide à la conception des systèmes mécatroniques (discipline combinant mécanique, électronique et informatique) aux premiers résultats sur les implémentations des plateformes virtuelles.

Pendant ce court laps de temps, la Plateforme Réelle Et Simulée d'Actionnements, Générique et adaptatif (Présage) nous a également montré ses premiers résultats, plutôt encourageants.

Achour Debiane

Comment les étudiants de l'IPSA peuvent-ils s'impliquer dans les essais virtuels ?

Un ingénieur se doit d'être créatif, innovant et pratique. La conception de systèmes mécatroniques ne peut se faire sans avoir une vue globale des systèmes à concevoir. Cette vue globale regroupe tant la mécanique que l'hydraulique, l'électrique, la commande... Or, les systèmes aéronautiques sont de plus en plus sophistiqués. Une bonne conception doit nécessairement passer par des études, des calculs et des modèles de simulation afin de mieux optimiser le produit et ainsi sortir un prototype valable et bon dès le premier essai. Voilà la finalité de l'utilisation des plateformes virtuelles.

Dans le cadre de mes enseignements à l'IPSA, je cherche à donner aux futurs ingénieurs ma vision, en tant qu'industriel, en insistant sur les besoins techniques et pratiques ainsi que sur les enjeux du secteur.

Ces futurs ingénieurs devront donc, dans un futur proche, user de leur matière grise pour concevoir et résoudre les problèmes techniques qui subsistent dans l'aéronautique. Grâce aux plateformes virtuelles, ils auront des outils leur permettant de s'épanouir dans leurs carrières, en créant et en innovant. Or, cette amélioration des processus industriels aéronautiques passeront par une optimisation des plateformes virtuelles elles-mêmes.