Bien que la définition même de l'ingénieur évolue, il existe cependant un socle de compétences communes. Selon la
, remarque Joël Courtois, directeur de l'EPITA.
, explique Hervé Renaudeau, directeur général de l'IPSA.
Un point de vue partagé par le directeur général de l'ESME Sudria : «
Pour la plupart des ingénieurs que nous formons, s'ils ne seront pas des spécialistes dans tous les domaines, ce qui est impossible, ils seront des femmes et des hommes capables de dialoguer avec ces spécialistes de plusieurs secteurs, des scientifiques des différentes disciplines, des responsables de production, des gestionnaires, des commerciaux, des communicants, etc. Ils seront des managers d'équipes, responsables projets dans tous les types d'entreprises, petites et grandes, et d'administrations et leurs aptitudes en langue anglaise leur permettront de se positionner sur tous les continents. Leur spectre, large et diversifié par leur profil multidisciplinaire en « Electrical Engineering », leur permettra de guider et d'animer des équipes afin de créer des nouveaux produits, donc de la richesse et des emplois et ainsi de favoriser le développement économique, élément moteur de la civilisation. »
Quelle(s) formation(s) ?Selon les critères d'évaluation de la CTI, les ingénieurs français suivent une formation en cinq ans après le baccalauréat, leur permettant d'acquérir une solide culture scientifique multidisciplinaire et une spécialisation plus ou moins forte selon les cursus : «
Dans tous les cas, au moins 20 % du temps de formation est consacré à l'acquisition de compétences professionnelles nécessaires aux entreprises : conduite de projet, appréhension des aspects économiques et financiers du métier d'ingénieur, niveau certifié en anglais. Tous les élèves ingénieurs effectuent aussi un minimum de 28 semaines de stage en entreprise et la plupart d'entre eux effectuent un semestre de formation à l'étranger, soit en échange académique soit en stage industriel. » Le titre d'ingénieur diplômé délivre automatiquement à son titulaire le grade de Master, conforme aux standards internationaux et en particulier à ceux de l'Union européenne.
En ce qui concerne l'informatique et les nouvelles technologies, « ces évolutions possèdent un grand impact sur la formation, poursuit Joël Courtois. Auparavant, nous recherchions des profils ouverts, curieux, qui s'intéressaient à de nombreux domaines et qui avaient envie de s'immerger dans les technologies de l'information, sachant qu'ils allaient appliquer leurs compétences technologiques à des domaines très variés, en restant surtout dans la phase de réalisation de projets et d'imagination de solutions. Aujourd'hui, nous leur demandons en plus d'être des managers, de s'intéresser à la gestion, au marketing, au droit, à la finance, aux ressources humaines. Comme le profil de l'ingénieur évolue, il nous faut désormais accueillir des jeunes prêts à prendre en compte ces nouvelles dimensions. Bien sûr, on ne peut pas faire abstraction de la dimension technique et scientifique, mais aujourd'hui, nos promotions sont composées de diplômés qui savent conjuguer passion et un profil généraliste. »
Pour Hervé Renaudeau, « nous devons nous adapter. Nous ne nous pouvons ainsi plus nous contenter d'enseigner l'anglais de façon traditionnelle comme c'était le cas il y a quelques années. Même si un ingénieur a toujours dû parler anglais, aujourd'hui cela va plus loin. L'ingénieur doit posséder une compréhension des cultures, des différences, des approches des différentes populations. Cette nécessité de devoir traiter avec un environnement multiculturel est encore plus impérieuse. C'est pour cela que nos élèves passent au minimum un semestre à l'étranger, pour découvrir une nouvelle culture. Ils doivent expérimenter un nouvel environnement qui dépasse le simple cadre des cours. »
« L'ingénieur a besoin de développer des compétences managériales, car ses compétences technologiques ne sont pas toujours au coeur de son métier dans l'entreprise et ne sont plus toujours suffisantes. Le métier d'ingénieur est divers, poursuit Roger Ceschi. Pour autant, dans certains secteurs, la demande en ingénieurs est très forte. C'est le cas des secteurs des TIC, des transports, de l'énergie au sens de la production, de la santé et des moyens dédiés au diagnostic, des nanotechnologies, et bien d'autres dans lesquels la France a un leadership ou pour le moins un certain niveau à conserver. »
L'ingénieur, mal connu des jeunes et des femmes
La vaste palette de secteurs concernés par les métiers de l'ingénieur présente une difficulté pour sensibiliser les plus jeunes aux carrières offertes par un diplôme d'ingénieur. La France enregistre une pénurie de candidats, comme le note Hervé Renaudeau : « Tout le monde sait ce qu'est un avocat ou un médecin. Mais un ingénieur ? C'est finalement une panoplie très large de métiers possibles. Beaucoup de jeunes et un certain nombre de familles ont du mal à définir ce qu'est la réalité de ce métier. C'est pour cela que nous avons mis en place cette année, dans le cadre du Concours Advance, des journées de découvertes du métier et de la formation d'ingénieur. » D'après le directeur de l'EPITA, « le métier d'ingénieur, associé pendant très longtemps à une composante très technique, a rendu la place des femmes relativement minoritaire, avec un peu près de 25 % des ingénieurs. Dans le domaine des nouvelles technologies, leur proportion tombe à 10 % ! Et cela pénalise le secteur, car les applications et les produits développés sont essentiellement imaginés par des hommes. Il y a une énorme demande des entreprises pour des équipes mixtes. Ce phénomène de « rareté » est un atout pour les ingénieures qui du coup possèdent une plus grande marge de négociation en termes de salaires. »
La globalisation de l'environnement et des techniques a directement impacté les métiers mêmes de l'ingénieur ainsi que la formation. Aujourd'hui plus encore qu'hier, embrasser une carrière d'ingénieur offre la possibilité d'évoluer dans les métiers et les secteurs les plus divers. Selon le directeur général de l'IPSA, « un seul diplôme, celui d'ingénieur, ouvre une palette extrêmement large de métiers, encore plus large aujourd'hui que dans le passé. On trouve des ingénieurs dans tous les domaines d'activités, y compris dans la finance. Cela peut paraître un comble, mais la formation de l'ingénieur, sa formation au raisonnement, sa capacité d'aborder les problèmes avec un oeil neuf, lui permettent de s'adresser à d'autres secteurs d'activités. Sa capacité d'adaptation fait partie de ses attributs. On pourrait résumer la situation ainsi : l'ingénieur est passé du statut d'homme des équations à celui d'homme de l'adéquation, qui développe des solutions qui répondent à l'ensemble des contraintes. »