« Les moteurs d'avion : de la high tech à la géopolitique »

La conférence a traité de l'aventure d'une coopération franco-russe dans le domaine des moteurs d'avions.

Publié le 19 novembre 2010

Organisée par la RAES (Royal Aeronautical Society) en partenariat avec l'association Ips'Action, cette conférence de Jean-Paul Ebangua, Chief Executive Officer de la joint-venture Powerjet, a traité mardi 2 novembre de la coopération entre la Snecma, filiale motoriste du groupe SAFRAN et NPO Saturn, un motoriste russe.

Au cours de ce rendez-vous, Jean Paul Ebangua a présenté les évolutions techniques majeures au niveau des moteurs ainsi que les problématiques rencontrées actuellement par les motoristes, en illustrant ces sujets avec la réalisation du moteur SAM 146 par Powerjet, joint-venture créée par la Snecma et NPO Saturn.

powerjet100.jpgAujourd'hui, trois générations d'ingénieurs ont déjà travaillé à l'amélioration des moteurs : on est notamment passé de pièces métalliques pleines à géométrie simple à des pièces à géométrie complexe qui épousent les modèles aérodynamiques en matériaux composites. « Les possibilités en termes de progrès et de réalisation sont infinis. La seule limite reste la créativité des ingénieurs. »

Concernant la réalisation et la commercialisation des moteurs, les problématiques rencontrées par les motoristes sont de plusieurs natures : industrielles, stratégiques, culturelles, commerciales, financières, et fiscales. En réponse à ces problématiques, la réalisation du moteur SAM 146 s'est faite selon la répartition du travail qui suit :

- La société PowerJet a été créée dans le but de concevoir, fabriquer et commercialiser le moteur SAM 146, qui répond aux besoins spécifiques du marché de l'aviation régionale, un secteur en pleine progression. Au niveau industriel, elle doit gérer la répartition de la supply chain sur neuf fuseaux horaires entre la France et la Russie.

- La Snecma est chargée de la réalisation du corps haute pression, des systèmes de régulation (FADEC) et de transmission (AGB, T GB), de l'intégration d'ensemble du moteur, ainsi que des essais en vol.

- La société NPO Saturn est quant à elle responsable des composants du corps basse pression, de l'assemblage final sur avion et des essais au sol.

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Plusieurs difficultés ont été évoquées par le conférencier :

- Le transit des pièces et des matériaux entre les deux pays demande beaucoup d'organisation, notamment à cause des formalités douanières contraignantes à l'entrée de la Russie.

- Le fonctionnement du travail en équipe mixte est perturbé par les différences de logiques de travail héritées du passé industriel national : la prise de risque est « valorisée » différemment suivant les pays.

- Travailler sur deux états géographiquement éloignés pose des difficultés sur le plan de l'organisation techniques, mais aussi d'un point de vue géostratégique : la France et la Russie sont deux grandes nations aéronautiques qui revendiquent chacune le leadership du projet tout comme chacune des deux sociétés (Snecma et NPO Saturn). La dissociation entre les intérêts du pays et ceux de la société sont parfois difficiles à établir.

S'il fallait et s'il faut toujours que Powerjet tienne compte de l'écosystème de travail aussi bien que de la problématique des Etats pour pouvoir assurer le succès commercial du moteur et pour devenir un acteur incontournable du marché, les deux sociétés à l'origine de cette joint venture ont su se partager équitablement les responsabilités pour concevoir et réaliser un moteur destiné au transport aérien régional.


IPSA


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