Pascal Comelade - "Mètode de Rocanrol"

Chaque album de Pascal Comelade est en soi un petit événement.

Publié le 26 septembre 2007

Chaque album de Pascal Comelade est en soi un petit événement. Parce que le bonhomme est rare dans l'actualité discographique française. S'il essaime ses créations à tout va de l'autre côté des Pyrénées catalanes où il jouit d'un statut de musicien «essentiel», sa présence artistique dans les échoppes et les médias hexagonaux est plus discrète, souvent cantonnée à la rubrique «musiques de films», «musiques expérimentales» voire même «musiques du monde». Désolant. La dernière fois qu'il a obtenu les faveurs des critiques, ce devait être pour Psicotic Music-Hall en 2002 sa pièce musicale hommage au Cabaret historique de Barcelone, la Bodega Bohemia. Heureusement, son récent best off, Monofonicorama 2005-1992 a rétabli l'épaisseur de son œuvre en remettant au grand jour ses visions musicales polyfacétiques, ses symphonies de poches en mille-feuilles, son bazar d'instruments jouets et ses élucubrations ludiques partagées parfois avec quelques grands noms de la bizarrerie - PJ Harvey (Love too soon) et Robert Wyatt (September song) entre autres. Une excellente session de rattrapage pour bien préparer vos oreilles à la Métode de Rocanrol, le nouvelle pièce instrumentale du génie des Pyrénées.

La femme nue qui pose en noir et blanc sur la pochette (une photo signée Léo Krims), la tête cachée sous un masque de Mickey donne immédiatemment le ton : Métode de Rocanrol est un disque... maousse. Une collection de petites vignettes orchestrales en verve et sans paroles. Une boîte à musique enchantée. Un fantastique voyage jusqu'aux sources des musiques primitives qui contiennent en elles tout ce qui a bien pu innerver le rock'n'roll. Presque un disque à entrée multiple à escalader par sa face rébus -chacun peut retrouver la trace des genres évoqués en illustration directe ou suggérés dans de savantes compositions picturales, ou à aborder plus facilement comme une tour de Babel musicale.

Il y a là la fibre rebelle du boléro-torero servi en cobla catalane (The Halucinogic espontex sinfonia), la gouaille canaille du riddims jamaïcains (Il luna park galactico, Le barman de Satan), les caroussels de Kurt Weill, la majesté des rumbas (Jopo de pojo not dead), la fièvre des fanfares de Nouvelle-Orléans (L'u), le fantôme de François de Roubaix, les grands espaces de Satie (Com un rossignol amb mal de queixal), la cuisse rythmique du tango (Smog on the vermut), le fine fleur du rock catalan 70's de Pau Riba (Noia de porcellena) et la plainte fondatrice du blues (Stranger in paradigm), le clin d'oeil direct au rock sixties (le riff dézingué de You really got me des Kinks dézingué sur Elvis loved dogs, une interprétation musicale de la peinture de Cata Billups). Le tout déformé, décodé, détourné, fouillé jusqu'à la matrice et réilluminé dans un instrumentation psychrotopique : guitares déglinguées, bottleneckées ou en plastiques, banjos foutraques, clarinettes, xylophones, accordéons, saxophones, scie musicale, trompettes bouchées ou non, pianos toys ou pas, mini-orgues, batterie ou presque, trombone, corps de tuba et cordes.

Cet étonnant bastringue organisé au service d'une œuvre multiple, Comelade l'a ourdi dans les températures hivernales de 2006/2007. Seul, la plupart du temps. Il a juste ouvert sa porte à trois compagnons d'échappée spirituelle : Didier Banon (déjà aperçu derrière les fûts et cymbales du groupe punk OTH) à la batterie et aux percussions, le tromboniste Enzo Tozoni et à son partenaire de jeu historique, Pep Pascual, Maître ès cuivres et vents du dispositif Comelade depuis la nuit des temps.

Comelade est un mec plus ultra. Les pieds ancrés dans sa terre rousse natale, il a les antennes tournées vers l'invisible, l'universel. Il joue au funambule sur le fil spirituel qui relie les folklores du monde et en réveille la modernité ancestrale. Il pénètre les genres pour en gratouiller l'échine, les télescope dans des structures répétitives sobres et figuratives. Et pour mieux débrouiller les pistes, Métode de Rocanrol se situe dans la lignée de ses grands disques précédents, ses œuvres aux noms dadaïstes à tendance confusionniste à prononcer à la Dali qui transposent les vocables de la philosophie au pays de la déconnade : La dialectique peut-elle casser des Briques ?, Petit précis de décomposition bruitiste, L'argot du bruit, Filosofia del Plat Combinat, Pataphysical polka, Logicofobisme des Piano en minuscul... Cet homme a réintroduit la notion de cirque dans la musique sérieuse et la gravité dans la musique légère. Comelade for ever.


Musique/Vidéo : CD/DVD


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