Découverte du syndicat étudiant: l'uni

Interview de JAcques rougeot, président national de l'UNI

Publié le 24 juillet 2007

CAPCAMPUS

Après avoir présenté brièvement votre syndicat, pouvez vous nous rappeler les valeurs que vous défendez?


Jacques ROUGEOT

Mouvement politique original, l’UNI rassemble des étudiants, des lycéens mais aussi des enseignants et des personnes engagées dans la vie active. Cette diversité lui a permis de se forger une identité forte qui fait passer, avant les intérêts catégoriels, une ambition pour la France. Sur les campus comme dans les instances ministérielles, l’UNI milite en faveur d’un enseignement de qualité fondé sur le mérite, sur la professionnalisation et la diversification des filières ainsi que sur une politique de recherche ambitieuse.


CAPCAMPUS

Quels sont, selon vous, les principaux maux qui contaminent actuellement la vie étudiante et l'enseignement supérieur?


Jacques ROUGEOT

L’enseignement supérieur est aujourd’hui divisé en deux : d’un côté le système des prépas et des grandes écoles qui garantit une insertion professionnelle réussit, et de l’autre celui des universités. Ce système à deux vitesses est issu de l’utopie soixante huitarde qui règne encore au sein du corps professoral, où toute idée de sélection est taboue. Le résultat est peu glorieux pour l’université française car ce sont les grandes écoles qui attirent désormais les meilleurs éléments.

CAPCAMPUS

Que pensez vous de la défiscalisation des emplois étudiants promis par Mr Bertrand?


Jacques ROUGEOT

Pendant trop longtemps, le travail étudiant a été caricaturé et dévalorisé, décourageant ainsi bon nombre d’étudiants d’occuper un emploi en parallèle de leurs études. Il constitue pourtant une expérience largement valorisée par les recruteurs et permet à la fois d’acquérir une solide expérience professionnelle et de financer au moins partiellement ses études. L’UNI s’est engagée depuis plusieurs mois, sur les campus, en faveur de la mise en place de nouveaux dispositifs afin que l’emploi étudiant ne soit plus pénalisé mais au contraire facilité et encouragé : aménagement d’horaires, développement de supports de cours, création d’emplois réservés aux étudiants au sein des établissements...


CAPCAMPUS

Quelles sont vos attentes concernant la réforme des universités, notamment l'autonomie des universités, que vise d'entreprendre le nouveau ministère?


Jacques ROUGEOT

Le système actuel, fortement centralisé et bureaucratique, empêche trop souvent les universités de prendre des initiatives qui leur permettraient notamment d’offrir aux étudiants un enseignement de meilleure qualité et plus en adéquation avec les besoins du marché du travail (signatures de partenariats, développement de la recherche privée, mise en place de modules professionnels, formation continue…). L’autonomie apportera une plus grande souplesse dans les choix politiques et stratégiques des établissements. Ces derniers pourront s’organiser librement, notamment en termes de pédagogie, de choix des enseignants, et de politique immobilière.


CAPCAMPUS

Que pensez vous de l'efficacité de la "charte des stages en entreprises" signée en 2006? Quelles sont selon vous les réformes nécessaires à l'amélioration du statut de stagiaire?


Jacques ROUGEOT

L’UNI a signé cette charte parce qu’elle va permettre d’éviter certains abus en améliorant l’encadrement des stages. L’étudiant est ainsi placé au cœur du système grâce, notamment, à un réel suivi pédagogique des stages. La professionnalisation des études, meilleur rempart contre le chômage des jeunes, est ainsi valorisée. Il convient désormais de développer de manière significative l’offre de stages et d’améliorer le fonctionnement des bureaux des stages au sein des universités. Ces chantiers doivent s’ouvrir dans les plus brefs délais afin de faciliter la recherche de stages qui demeure pour de nombreux étudiants une quête des plus difficiles


CAPCAMPUS

Pensez vous que le système de bourse actuel fait preuve de suffisamment d'équité?


Jacques ROUGEOT

Il y a une nécessité dans la mise en œuvre d’une simplification et d’une modernisation du système des aides sociales. Il y a une demande de la part des étudiants qui souhaitent bénéficier au plus vite d’aides qui répondent plus efficacement à leurs besoins. En effet, la « linéarisation des bourses sur critères sociaux », la « récompense du mérite tout au long de la scolarité », l’ouverture du parc locatif à des bailleurs privés ou encore « le versement des bourses le plus tôt possible » sont autant de propositions pour lesquelles l’UNI milite depuis longtemps. Il faut s’attaquer à la racine même du problème : la vétusté et la complexité du système de l’aide sociale étudiante qui ne répond plus aujourd’hui aux besoins des étudiants. En effet, plutôt que de nouveaux moyens, c’est surtout d’une véritable réforme structurelle dont a besoin aujourd’hui le système de l’aide sociale étudiante afin, notamment, de permettre un décontingentement total des bourses de mérite, une mise en paiement des bourses dès le mois de septembre ainsi qu’un fractionnement du montant des frais de sécurité sociale annuelle et des droits d’inscription. Ces mesures pourront ainsi constituer un moyen juste et efficace de soulager l’ensemble des étudiants à l’occasion de la prochaine rentrée universitaire.


CAPCAMPUS

Quelles sont vos principales attentes, concernant les réformes sur l'amélioration des conditions de vie étudiante, notamment le problème des logements ?


Jacques ROUGEOT

Tout le monde s’accorde à penser que le manque de logements est criant. C’est une question qui revient au premier rang des préoccupations des CROUS et des étudiants, compte-tenu de l’évolution des loyers dans le secteur privé. Il est nécessaire de préserver la capacité d’accueil existante et d’étendre le parc des CROUS par la construction ou la prise en gestion de nouveaux logements (besoins estimés par le CNOUS en 2006 à 50.000 logements en 10 ans).

Devant la pénurie de logements pour les étudiants, plusieurs initiatives pourraient être développées de la part de l’ensemble des CROUS comme mettre en relation les propriétaires de logement et les étudiants de l’académie. Néanmoins, sur ce marché de l’immobilier privé, les étudiants restent en concurrence avec de jeunes salariés ou des familles. Dans ce cas, les propriétaires préfèreront ne pas louer en priorité à des étudiants dont les revenus sont par essence moins importants que ceux des salariés et qui ont une mobilité plus grande en particulier dans les filières professionnelles. A cela il faut apporter des solutions telles que l’augmentation de l’offre, l’incitation notamment fiscale, des propriétaires à louer à des étudiants, etc…


CAPCAMPUS

Orientation et échec scolaire en premier cycle : Est ce le résultat d’une sélection / orientation défaillante en amont ? Avez-vous des solutions ?

Jacques ROUGEOT

Depuis trop longtemps, la question de l’échec en premier cycle à l’université a été considérée comme un sujet tabou. L’UNI avait déjà pointé les carences du système en révélant, en mai dernier, lors de la publication de son enquête sur les liens universités-entreprises, qu’un tiers des étudiants se déclarent, aujourd’hui, mécontents de leur orientation. L’urgence d’une réforme du système de l’orientation à l’université n’était plus à démontrer il restait donc à la réaliser. Le gouvernement précédent a lancé un programme innovant : il s’agit, pour les futurs bacheliers qui souhaitent s’inscrire dans l’une des universités volontaires, de déposer, auprès d’elle, une demande dès le mois de février ou de mars avec leur dossier scolaire. Si les chances de réussite du candidat au regard de son parcours scolaire sont correctes il sera autorisé à s’inscrire dans la filière souhaitée. En revanche si ses chances de réussite paraissent faibles, il sera convoqué à un entretien à l’université pour l’en informer, afin qu’il puisse éventuellement modifier son projet. Dans ce cas, l’université s’engage à lui proposer une alternative, dans d’autres filières mieux adaptées ou vers une formation courte, type BTS ou IUT. On ne peut que se féliciter d’une telle mesure. Ce dispositif permettra, comme l’a toujours souhaité l’UNI, aux services d’orientation des universités d’accompagner davantage les étudiants dans leur choix d’orientation.


CAPCAMPUS

Alternance / Apprentissage : une difficile rencontre entre étudiant et entreprise. Pas toujours facile de trouver une entreprise d’accueil. Votre vision ?


Jacques ROUGEOT

Il faut effectivement modifier l’image de l’apprentissage. Savez-vous que cette filière de formation initiale est l’une des plus performante en terme d’insertion dans l’emploi ? Savez vous que l’on peut préparer des diplômes de haut niveau par l’apprentissage (DESS, ingénieur...) ? Savez-vous que de nombreuses branches professionnelles proposent de véritables filières diplômantes par l’apprentissage, du CAP à la maîtrise mais aussi des perspectives de carrières durables ? Cela est méconnu par beaucoup de jeunes, leur famille et de nombreux enseignants. Par ailleurs l’Etat a créé un fonds de modernisation et de développement de l’apprentissage qui contribuera à la modernisation de l’appareil de formation.


CAPCAMPUS

Quelles sont vos attentes, concernant l'insertion professionnelle des diplômés, principale préoccupation des étudiants?


Jacques ROUGEOT

L’emploi reste la première préoccupation des étudiants. Selon les filières, les situations peuvent être très différentes et toutes n’offrent pas les mêmes garanties en termes de débouchés. Des mesures doivent être rapidement mise en place afin de faciliter la création d’entreprises innovantes par des chercheurs et de faire connaître les bonnes pratiques en termes d’accompagnement vers l’emploi réalisées par certaines universités. L’expérience professionnelle conditionne souvent l’entrée dans l’emploi, et souvent, c’est par l’emploi que l’on acquiert de l’expérience professionnelle. La notion d’expérience professionnelle recouvre diverses réalités. Soit l’employeur recherche un collaborateur senior, c’est-à-dire expérimenté dans un secteur d’activité ou un métier. Dans ce cas, une première expérience est souvent nécessaire, en termes de compétences ou d’expertise, pour tenir le poste de travail. Soit il recherche un nouveau collaborateur junior, ayant déjà une première approche du monde de l’entreprise, de ses modes de fonctionnement ou de ses contraintes. Ici, l’expérience professionnelle peut avoir de multiples visages : un ou plusieurs stages réalisés au cours des études, jobs d’été ou de vacances, qui sont autant de témoignages de l’engagement du futur collaborateur au sein du monde du travail. On ne saurait jamais assez conseiller aux étudiants de multiplier ce type d’expériences : elles apportent un aspect pratique que, parfois, les étudiants ne proposent pas.


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