Ingénieur : une formation et un métier

Interview de Bernard Remaud, président de la Commission des Titres d'Ingénieur sur l'ingénieur et sa formation.

Publié le 20 août 2012

Interview de Bernard Remaud, président de la Commission des Titres d'Ingénieur sur l'ingénieur et sa formation.

5ogo_CTI.jpgQu'est-ce qu'un ingénieur ?

« Ingénieur » désigne à la fois un titre académique et une profession. Dans certains pays, suivant l'État, la législation et la tradition, le titre ingénieur n'existe pas et il n'y a que la profession qui existe, organisée par un ordre des ingénieurs. Quelquefois, comme en France, c'est le titre qui est préservé par la loi et la profession n'est quant à elle pas régulée. Dans d'autres pays les deux cohabitent. C'est là l'une des ambiguïtés : quand on parle d'ingénieur, parle-t-on du diplôme et de la formation ou du métier exercé ? Cette confusion est présente dans le système français où la profession est protégée, mais pas la fonction. Si l'on embauche un ingénieur diplômé, son poste doit répondre à des conventions collectives. La grande différence avec les pays anglo-saxons, c'est que la responsabilité de l'ingénieur est individuelle là-bas : la personne s'engage, à l'image d'un médecin. En France et en Europe continentale, c'est l'entreprise qui est responsable et a la charge d'embaucher des personnes compétentes.

Comment évolue la fonction ?

Nous observons que la demande des entreprises en professionnels ingénieurs, même en contexte de crise, est plutôt en augmentation. C'est l'un des secteurs qui résiste le mieux. D'un certain côté, la part des ingénieurs de production n'est pas en augmentation, car la partie production n'est pas en croissance en France. De l'autre, de nombreux autres secteurs et services, qui ne sont pas vraiment industriels, comme la banque ou la finance, embauchent de plus en plus d'ingénieurs. Alors que l'on forme près de 30 000 ingénieurs par an, il faudrait que ce chiffre monte à 40 000. On remarque que les entreprises craignent la pénurie, d'ailleurs les derniers salaires d'embauche des ingénieurs étaient plus élevés que ceux en poste depuis trois ou quatre ans. Aujourd'hui, cette pénurie est plus due au manque de candidats dans les formations qu'au marché de l'emploi lui-même, qui est très favorable aux ingénieurs.

Comment évolue la formation ?

Depuis trente ans, le nombre de diplômés n'a augmenté en moyenne que de 2,4 % par an (3 % pour les femmes et 2,2 % pour les hommes). La place des femmes augmente plus vite que le nombre des hommes, mais le retard reste très important. La différence est flagrante suivant les domaines vers lesquels certaines femmes s'orientent naturellement : elles sont par exemple près de 70 à 80 % en biologie et en chimie. L'évolution est très lente. Mais la tendance de ces deux dernières années indiquerait une croissance qui arrive à saturation. Les chiffres ne sont pas très nets, mais il semblerait que l'on n'enregistre plus la même augmentation et c'est une tendance générale propre aux pays industrialisés : dès qu'un pays devient post-industriel, les jeunes privilégient le business ou le droit aux matières scientifiques dures. La France possède un fort potentiel de jeunes qui suivent des études scientifiques, plus que les pays nordiques et l'Allemagne. Enfin, on remarque encore une certaine inadéquation entre les souhaits des étudiants qui entrent en formation et les besoins des entreprises. Ce décalage s'explique d'abord ainsi : les souhaits que formulent ces jeunes se font par rapport à leur perception du marché alors qu'ils n'y rentreront que quelques années plus tard. Par exemple, il y a eu un boom énorme dans l'informatique avant les années 2000, avec de nombreux emplois. L'éclatement de la bulle Internet, puis le fait que les besoins en fibre optique n'étaient finalement pas si importants, avec l'ADSL qui s'est généralisée et différents autres facteurs, ont eu pour effet de faire baisser la demande d'ingénieurs en informatique et nouvelles technologies. Cela s'est accompagné d'un moindre intérêt des jeunes pour ce secteur, comme pour l'électronique et les communications, qui semblent moins les faire rêver. Depuis une dizaine d'années, les secteurs énergétiques et environnementaux sont devenus très porteurs pour les jeunes dans ces domaines.

Les écoles d'ingénieurs

« Les écoles d'ingénieurs préparent à un large éventail de formations (diplôme d'ingénieur, master, mastère spécialisé, doctorat...). Elles rassemblent 150 000 élèves, dont 119 200 préparent un diplôme d'ingénieur habilité par le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche après avis ou décision de la Commission des titres d'ingénieur (CTI). 60 % des futurs ingénieurs sont formés par des écoles sous tutelle du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche. Le diplôme d'ingénieur fait suite à cinq années d'études après le baccalauréat mais les parcours pour l'obtenir sont diversifiés. La durée des formations dans les écoles varie de trois à cinq ans en fonction du niveau d'entrée de l'étudiant. Si la voie d'intégration des écoles d'ingénieurs la plus fréquente reste celle des classes préparatoires aux grandes écoles, les admissions sur titre s'effectuent à tous les niveaux. 70 % des élèves inscrits en première année d'école post baccalauréat sont des bacheliers de l'année, essentiellement des bacheliers scientifiques. Bien que les filles restent minoritaires, leur part ne cesse de progresser et domine dans les formations de l'agriculture et des sciences appliquées. Plus de 28 000 diplômes ont été décernés en 2009. »

Source : Note d'information du 5 mai 2011 du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche


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