Thierry Geraud, enseignant-chercheur au laboratoire de recherche et de développement de l'EPITA vient d'obtenir une habilitation à diriger des recherches - la plus haute qualification universitaire, qui permet
d'encadrer des thèses et de briguer un poste de professeur à
l'université. Interview de ce chercheur en informatique, spécialiste du
traitement d'images et féru de nouvelles technologies.
Comment encadre-t-on une thèse ?
Pour bien encadrer une thèse, il faut savoir doser en ne dirigeant ni
trop, ni pas assez. Le risque dans la recherche, c'est de partir et de
s'attarder sur des idées qui ne marcheront pas. Mais il s'agit de ne pas
non plus trouver des idées qui marchent si c'est simplement pour
réinventer la roue ou faire moins bien que ce qui a déjà été fait. C'est
pourquoi les recherches bibliographiques préalables sont si importantes.
Là-dessus, l'apparition d'Internet a permis de réaliser de gros progrès,
avec des outils du type
Google Scholar, qui permettent au chercheur de
connaître la plupart des articles existants sur son sujet voire de faire
le tri en utilisant les bons mots-clés. Un bon directeur de recherche va
donc être celui qui va réussir à bien recadrer l'étudiant de manière à
lui éviter de tomber dans les écueils qui menacent le chercheur et à lui
faire acquérir les bonnes techniques et les bons réflexes. C'est ce que
j'ai fait notamment avec plusieurs thésards dont deux anciens étudiants
de l'école qui ont décidé de se diriger vers la recherche en prolongeant
leur cursus par une thèse.
Sur quels sujets portent vos recherches ?
Mes recherches portent entre autres sur le traitement d'images et la
dématérialisation de documents. Ces travaux peuvent être très utiles
afin de réussir un jour à indexer des documents tels que des magazines,
des factures, des photographies ou encore des vidéos en extrayant des
informations et en conservant leur structure. Certains logiciels tels
que les OCR existent déjà pour récupérer le texte d'un document simple,
mais sont encore très imparfaits dès que l'information devient plus
complexe dans sa présentation. Google a déjà réussi à dématérialiser des
livres. Mais il faut à présent réussir à dématérialiser tout type de
document et à faire acquérir aux logiciels davantage de robustesse.
L'enjeu est donc très important. L'un des projets sur lequel je
travaille actuellement est le prolongement du projet de recherche
Scribo, qui porte justement sur le développement d'une
bibliothèque de traitement d'images fonctionnant sur le principe de la
dématérialisation.
Quelle part prenez-vous dans l'enseignement à l'EPITA ?
A l'EPITA, je donne des cours magistraux sur la modélisation orientée
objet, le langage C++ ou encore l'initiation en traitement automatique
d'images. En modélisation par exemple, j'apprends aux étudiants à
schématiser un logiciel, je présente les concepts qui régissent son
organisation, je fais même traduire aux élèves des phrases de français
en informatique... Le but final est de réussir à concevoir l'architecture
interne d'un logiciel de sorte qu'il soit facilement modifiable et
extensible.
Qu'est-ce qui vous plaît à l'EPITA ?
La spécificité de l'enseignement à l'EPITA, qui est faite pour me
plaire, c'est l'équilibre existant entre fondamental, concret et
pragmatique. Je participe à cet équilibre en appuyant davantage, pour ma
part, sur la partie fondamentale. Ce qui est extrêmement agréable
lorsque l'on enseigne dans cette école, c'est également l'ambiance
particulière qui y règne. On est plongé dans un véritable bain, l'EPITA
est une école où l'on sent la présence d'un esprit. C'est ce qui rend le
campus très convivial et addictif.