Interview de Angèle Riguidel, créatrice d'objets d'art

Détournements, réinvention, les objets perdent leur usage premier et gagnent en personnalité

Publié le 17 novembre 2006


 

Capcampus est allé à la rencontre de Angèle Riguidel, créatrice d'objets d'art. Détournements, réinvention, les objets perdent leur usage premier et gagnent en personnalité (ils ont tous un petit nom!).

Interview de la créatrice sur son métier, ses conseils. Rencontre:

Capcampus
Pouvez-vous raconter aux lecteurs de capcampus votre parcours ?

Angèle Riguidel
J’ai toujours bricolé étant enfant, parallèlement je suivais des cours de dessin, peinture, gravure, sculpture. J’ai fais un Bac d’art appliqué à Caen, un BTS stylisme de mode à Cholet puis je suis entrée dans la vie active, j’ai travaillé huit ans dans le textile.

Il y a 5 ans j’ai eu l’occasion de changer de vie, je suis allé chercher mes réelles envies, c’était l’occasion de repenser aux priorités, à savoir : Qualité d’une vie familiale à la campagne tout en alliant un travail personnel.

Capcampus
D’où vous est venue l’envie de créer ?

Angèle Riguidel
La création est une façon d’être qui peut s’appliquer dans un travail ou dans le quotidien.

Tout le monde le fait sciemment ou inconsciemment, on se dit pas un matin « je vais créer », c’est une gymnastique quotidienne.

Capcampus
Qu’est-ce que vous voulez faire passer comme message à travers vos créations ?

Angèle Riguidel
En travaillant sur la récup, il y a une notion d’écologie, une prise de conscience face à la consommation, et une mise en valeur de l’objet. J’aime les objets et je veux les montrer et les faire ré-entrer dans les intérieurs.

Capcampus
Vous détournez les objets, faîtes de la récup’, un vrai travail de création. Qu’est-ce que vous préférez faire : créer à partir de rien, ou détourner un objet ?

Angèle Riguidel
Je ne crée pas vraiment à partir de rien. J’ai plutôt un dialogue avec les objets: c’est que c’est une démarche qui me convient.

C’est en faisant que l’on se trouve, tant qu’on n’est pas passé à l’acte de réaliser on ne sait pas de quoi on est capable Au départ on tâtonne et après cela devient évident.

Capcampus
Il faut avoir beaucoup d’humour pour créer une Lampe Curieuse ou Lampe Citronnette. Le résultat fait toujours sourire...

Angèle Riguidel
C’est le fait de laisser l’identité à l’objet, le mettre en valeur dans une autre fonction, avec son nom il ne pert pas ses racines.

Capcampus
Qu’est-ce que vous auriez aimer savoir sur ce métier avant de vous lancer ?

Angèle Riguidel
Plein de choses mais en même temps pas trop. Si l’on m’avait montré tout l’investissement personnel pour lancer ce projet, je n’aurais pas eu le même engouement et la même inconscience.

Le projet a commencé en 2001, c’est depuis 2004 que les choses paraissent se mettre en place; Avant, c’est surtout beaucoup d’énergie, il faut tout faire avancer en même temps et très vite.

Capcampus
Un conseil aux apprentis créateurs qui veulent se lancer dans l’aventure ?

Angèle Riguidel
Si l’on a vraiment envie de construire quelque chose il faut essayer jusqu’au bout des pistes, et si ça ne marche pas c’est de toute façon une expérience très riche à tous points de vue. Mes expériences professionnelles précédentes m’ont beaucoup aider. Quand j’ai commencé l’aventure à 30 ans, je ne crois pas que j’aurais eu la même maturité à 20 ans. Mais là, bien sûr, ça dépend des individus, chacun à son propre système pour avancer.

Capcampus
Quand on crée son entreprise, on devient plus gestionnaire (contrainte budgétaire)ou toujours créateur (libre cours à son imagination)?

Angèle Riguidel
Il y a un équilibre à trouver entre la création et la gestion (que l’on ne fait pas avec le même enthousiasme). L’un ne peut pas exister sans l’autre.

Les contraintes n’empêchent pas la création.

Il faut savoir au départ ce que l’on veut faire : si c’est être entrepreneur avec une grosse structure, on délègue et petit à petit on devient gestionnaire. Cela étant dit, je trouve très bien socialement de créer des emplois : c’est très noble.

Personnellement je ne veux et ne peux pas. Si j’ai fait un choix de travail personnel c’est pour avoir une souplesse, pouvoir avoir aussi une évolution personnelle qui n’engage personne d’autre. Cela n’empêche pas de travailler en collaboration avec d’autres créateurs sur des projets.

Capcampus
Votre objet de prédilection semble bien être la lampe. Y-a-t-il d’autres objets que vous aimez bien travailler ?

Angèle Riguidel
Effectivement le fil conducteur est la lumière, ça ne m’empêche pas de travailler autrement et parallèlement. Je ne dis pas que mon travaille ne glissera pas vers d’autres domaines, mais j’aime bien aller jusqu’au bout des choses, et temps que je n’aurais pas l’impression d ‘être allé jusqu’au bout je continuerais.

Capcampus
Avez-vous des projets ? Des participations à des salons en cours ? De nouveaux marchés à conquérir ?

Angèle Riguidel
Je prépare actuellement le salon Maison et Objet de septembre, c’est un salon professionnel international qui me permet de vivre de mes créations, la partie de la population intéressée par mes créations est infime.

S’il n’y avait pas ce genre de salon, je n’existerais pas. La partie distribution est un domaine primordiale que je n’envisageais même pas avant l’aventure.

Parallèlement je prépare des projets d’installation, pour des événements d’art contemporain.

Capcampus
Qu’est-ce que vous auriez fait si vous n’étiez pas devenue créateur ?

Angèle Riguidel
Sincèrement je n’en sais rien, je compose avec les objets, il en est de même des événements, je pense qu’aujourd’hui c’est une période difficile et s’adapter au système est une solution.