Interview de Joseph PARISOT Etudiant à l'ESSEC Président de l'Association humanitaire «The Bridge Year»

Voyager engagé : Joseph nous parle de son projet de voyage autour du monde soutenu par la fondation Nicolas Hulot ( Coup de Cœur 2014)

Publié le 17 septembre 2014

Vous présidez l'Association « The Bridge Year » :

La Rédaction

Quel est l'objet de cette association ?

Joseph PARISOT

Extrait du Statut de The Bridge Year :

« Cette association a pour but de permettre de voyager engagé. The Bridge Year (www.the-­bridge-­year.com), permet aux jeunes d'agir dans des organismes sociaux/environnementaux qui leurs confieront des missions dans l'éducation, le bâtiment, l'environnement, etc.

L'association constitue une liste d'organismes intéressés pour accueillir des volontaires sur des périodes d'un mois ou plus dans des pays en voie de développement. Grâce à l'Association, la base de données sera accessible à des étudiants qui pourront ainsi effectuer des missions humanitaires à court terme plus facilement et sans frais de dossier. Le deuxième objectif est de communiquer sur les valeurs du voyage engagé pour pousser les jeunes à découvrir le monde en s'impliquant dans des actions locales. »

La Rédaction

Comment est-­elle née ?

Joseph PARISOT

Initialement un voyage engagé rythmé par des missions humanitaires d'un mois dans différents pays, The Bridge Year a évolué au cours des préparatifs de l'année passée. J'ai compris que l'impact social de mon voyage serait beaucoup plus durable en créant une base de données d'organismes comme ceux que je cherchais à aider.

Aujourd'hui, trouver une mission de volontariat pour un mois sans payer de frais de dossier est extrêmement difficile sur internet. C'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. L'association tente de répondre à deux besoins, complémentaires de surcroît. Créer une association c'est aussi un gage de crédibilité et un meilleur moyen d'accéder à des financements. >

La Rédaction

Est-­elle exclusivement composée d'étudiants ?

Joseph PARISOT

Le Conseil d'Administration est composé de quatre étudiants, des amis et mon frère, qui ont manifestés leur intérêt pour le projet. Cependant, nous comptons de nombreux adultes parmi nos 50 adhérents. Vous avez un projet imminent de tour du monde : >

La Rédaction

Quel en est l'objectif ?

Joseph PARISOT

J'appelle ce projet l'Année Pont (The Bridge Year). Ce "Pont" symbolise le passage d'étudiant au monde professionnel, celui du monde occidental aux pays en développement, celui d'être humain qui a reçu à celui qui se donne. Il y a un grand fossé à traverser et ce voyage en est le pont, celui qui permet de s'épanouir tout en partageant. Je construis ce pont qui permettra à d'autres étudiants de suivre mes pas.

J'aime le monde dans lequel je vis et ce projet est pour moi l'occasion de mieux l'apprécier tout en le rendant meilleur.

La Rédaction

Que requiert l'organisation d'un tel voyage ?

Joseph PARISOT

Du cran !

Il y a deux ans je rencontrais l'administration de l'ESSEC pour parler d'un vague projet de Tour du Monde. Cela fait maintenant un an que je travaille quotidiennement sur ce projet (environ 2 heures par jour).

Se lancer seul dans une telle aventure pour un an donne le vertige, surtout lorsque l'on réalise que les préparatifs se concrétisent. Six mois avant le départ le projet commençait à prendre forme et je n'arrivais plus à dormir, réalisant que le rêve deviendrait réalité.

Les témoignages de voyageurs aux longs cours sont précieux, et encourageants. Personne de mon entourage personnel ne pouvait me conseiller mieux que des experts de la route. Après des heures à travailler sur mon ordinateur il m'est arrivé de haïr mon projet, de me rendre compte que j'y consacrais trop d'énergie en plus de concours, d'examens, de la rédaction de mon mémoire.

Le voyage est ce qu'il y a de plus simple à organiser car il s'agit de pure logistique ! En revanche, la création de l'association, des éléments de communication (site, plaquettes, vidéos, logo, etc...), la recherche de partenaires, le démarchage des médias, apprendre sur le secteur du volontariat requièrent beaucoup de patience et de professionnalisme. Je me considère aujourd'hui autant entrepreneur social que voyageur.

La Rédaction

Quelles solutions avez-­vous imaginées pour son financement ?

Joseph PARISOT

  • Crowdfunding : 1010 euros rassemblés auprès de 39 donateurs

  • Appel à adhésion à l'association : 1330 euros rassemblés

  • ­Réserve Parlementaire (suite à un entretien avec l'élu de ma circonscription) : 2000 euros

  • Prêt bancaire à mon nom : 15000 euros

La Rédaction

Bénéficiez-­-vous de soutiens, de partenariats ?

Joseph PARISOT

  • Le projet a reçu le soutien officiel de Nicolas Hulot via sa Fondation qui a d'ailleurs nommé « The Bridge Year » Coup de Cœur 2014.

  • L'assurance internationale ACS sponsorise le projet en m'offrant ses services au cours de cette année de voyage.

La Rédaction

Partez-­vous seul ?

Joseph PARISOT

­Initialement mon colocataire, et excellent ami de l'ESSEC, Yann Gloux devait aussi être dans le coup. Mais il est tombé amoureux entre temps. N'ayant pas trouvé d'ami désireux de faire le grand saut avec moi, j'ai décidé de partir seul. C'est un excellent moyen d'aller plus facilement vers l'autre et d'apprendre sur soi-­même. Je suis ravi à chaque rencontre que je fais durant mon voyage, et il y en a beaucoup. Je ne suis jamais seul.

La Rédaction

Etudiants et actions humanitaires :
Pensez-­-vous que les étudiants sont suffisamment partants pour s'engager dans des missions humanitaires ?

Joseph PARISOT

Les jeunes partent de plus en plus vivre des expériences à l'étranger comme j'ai eu la chance de le faire à Singapour, au Mexique et en Irlande. Vivre plusieurs mois dans un pays au niveau de vie bien différent de la France permet de prendre conscience de la chance que nous avons d'être français, de pouvoir étudier et voyager. Cela provoque chez les jeunes une envie d'agir auprès de la population qu'ils côtoient durant leur période d'études à l'étranger.

Ce n'est pas pour rien que de nombreux organismes de volontariat international font payer plusieurs centaines d'euros de frais de dossier à des volontaires désireux de donner de leur temps. Payer pour donner de sa personne me semble contradictoire et représente une vraie barrière à l'engagement de nombreux jeunes désireux d'aider. Mon objectif est de faciliter l'accès au volontariat international en mettant les jeunes et les ONG directement en contact, et cela gratuitement.

La Rédaction

Quelles sont les qualités requises pour mener à bien une telle action quand on est étudiant ?

Joseph PARISOT

  • Ne pas être débutant dans la langue locale puisque la plupart des missions se passent au contact des locaux et qu'il est important de pouvoir communiquer avec eux.

  • Les missions de volontariat courtes ne demandent pas de compétences particulières étant donné que les missions confiées aux volontaires se veulent « terrain ».


  • La principale qualité est la motivation, suivie de l'ouverture d'esprit. Un volontaire doit se rendre disponible quand l'ONG dont il fait parti lui fait signe. L'entrée en matière peut être surprenante, voir difficile étant donné le dépaysement de certaines missions, mais c'est en réitérant l'expérience que l'on y prend goût et que l'on apprend sur soi-­-même.


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