Axel Kahn et Christian Godin : L'Homme, le Bien, le Mal

Stock, « Les essais », 2008, 401 pages.

Publié le 10 mars 2009

Dans un débat sans concession, le philosophe Christian Godin, professeur à l'université Blaise Pascal de Clermont- Ferrand pousse dans ses retranchements Axel Kahn, biologiste et généticien très connu aujourd'hui président de l'université Paris V, pour l'amener à préciser, voire à justifier ses prises de position sur des sujets qui concernent au plus haut point chacun d'entre nous et au-delà l'évolution de nos sociétés.

Militant pour une morale sans transcendance, autrement dit sans Dieu, Axel Khan, contrairement à beaucoup de philosophes qui plaident pour un relativisme des critères du Bien et du Mal, juge nécessaire la référence à des règles morales à vocation universelle, qui seules ont été capables, dit-il, de faire émerger l'homme de son animalité.

Partant de ce point de vue, longuement discuté dans le prologue et la première partie de l'ouvrage, les deux interlocuteurs en envisagent ensuite les implications dans les situations concrètes de la vie. Nous suivons alors leur dialogue passionnant et parfois leurs divergences tout aussi passionnantes à propos de sujets aussi fondamentaux que la sexualité, la libre disposition du corps, la pornographie, la prostitution, la procréation, la génétique, la vieillesse, la fin de vie et l'euthanasie. La partie centrale, la plus longue de leur entretien, concerne les problèmes éthiques liés à la naissance et à la mort. Médicalisation de l'existence humaine, statut de l'embryon et du fœtus, avortement, eugénisme, problèmes induits par le diagnostic prénatal, clonage, vieillesse et problèmes qu'elle induit tels que le suicide et l'euthanasie sont quelques uns des sujets débattus en étroite liaison avec la conception de la morale définie au début.

Dans une troisième partie intitulée « La vie bonne et la vie réelle », la réflexion s'élargit au « sophisme du progrès », à la question de l'humanisme, du rapport quotidien à autrui, à l'individualisme et à la violence, au sens moral de la sexualité, à la morale de la décision publique et à la démocratie comme moindre mal et condition de la vie bonne. Afin d'échapper à la fin de la morale et de l'humanité pour l'homme, Axel Khan propose en conclusion cette réponse : « Un avenir ouvert et humain est celui où nos semblables n'auront pas perdu l'habitude de penser, à leur avenir, à leurs responsabilités, aux autres », faisant écho ainsi à son ouvrage antérieur Raisonnable et humain ?

Cet ouvrage stimulant, écrit en une langue toujours accessible aux non-spécialistes, mérite une large diffusion.


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