Manu Larrouy : Des Mots Doux, Des Mots Durs

Sortie 2012 / Fontana

Publié le 23 octobre 2011

Manu Larrouy, ancien Mec à la Coule, est de retour avec un nouvel album qui en surprendra plus d'un!

Fort de sa rencontre avec Jean-Christophe Urbain, ancien guitariste et songwriter des Innocents, Manu Larrouy se plonge dans les sonorités synthétiques sans rien perdre de sa gouaille et sa poésie. « Des Mots Doux, Des Mots Durs » est un album qui parle d'amour et qui rappelle les premiers albums d'Etienne Daho, les productions de Jacno et les sonorités avant-gardistes de Taxi Girl. A découvrir avec le clip d'Ecris-moi, premier extrait.

Printemps 2009, un drôle de reggae ondule sur les ondes et y dépose une odeur de soufre propre à faire tousser en haut lieu. Trente ans après Gainsbourg, les chaloupes jamaïcaines et les paroles au vitriol s'accordent toujours à merveille lorsqu'il s'agit de faire grincer la bienséance française. Manu Larrouy est alors un Mec à la coule qui s'élève en 3 minutes bien balancées contre le bling-bling et les privilèges élevés en religion d'état. L'impact de la chanson est modeste, suffisant toutefois pour que l'on évite de prendre ce garçon à la légère et que l'on détecte aussitôt en lui de sérieuses promesses d'avenir. Sur la dernière plage de son premier album, Manu Larrouy faisait alors ses adieux à Toulouse, ville d'adoption qui l'a vu grandir et faire ses premières armes d'auteur-compositeur avant de se distinguer un peu plus au nord de la carte de France, en devenant « découverte » 2006 des Francofolies de La Rochelle.


Basé à Paris désormais, il choisit de prendre le temps de se réinventer à l'écart des particularismes régionaux, oublie le reggae et envisage d'autres horizons : Le prochain album sera un album de chansons d'amour.


En 2011, il s'agit presque d'un acte de bravoure, une (é)motion de défiance au cynisme ambiant, mais il plaît alors à Manu Larrouy d'être à contre courant. Une rencontre avec une fille, leurs accords et désaccords et la riche graduation, des ciels radieux aux nuages menaçants, que l'on trouve entre le coup de foudre et le mariage fournissent au bon moment la matière aux chansons. Une autre rencontre, avec l'ancien guitariste et songwriter orfèvre des Innocents, Jean-Christophe Urbain, lui permet d'assouvir d'autres désirs et de réaliser l'album pop qu'il porte en lui. Secondé par l'ingénieur du son Jean-Paul Gonnod (Phoenix, Cassius...), Urbain imagine en parfait accord avec Manu les orchestrations qui révèleront au plus juste, sans les dénaturer, les chansons ultrasensibles de ce disque composé au singulier, volontairement plus intime et confident que le premier.


Très vite, grâce à cet équipage de gens érudits, vont naître de savoureux conflits musicaux. Un peu comme dans les textes de Manu on y cultivera le goût des contraires, mélangeant par exemple du Mellotron, véritable machine à rêves psychédéliques, avec des sonorités synthétiques marquées années 80, jouant à fond des contrastes entre un chant plus apaisé et des musiques au contraire en pleine effervescence. C'est Toi sans moi, la chanson qui ouvre aujourd'hui l'album, qui donnera la mesure du reste. Manu cite Robert Palmer en référence, et ceux qui se souviennent de Johnny & Mary - ou de sa relecture par Placebo - verront exactement de quoi il parle. Il a aussi beaucoup écouté Daho, Lavoine et Darc, au grand bénéfice de son écriture et de sa façon désormais plus sensuelle de composer et d'interpréter.

Faussement frivoles par moments (Parachute, La bulle de savon), jouant au contraire sur l'émotivité et la mélancolie (le splendide Le Break), les chansons de Manu Larrouy sur cet album fonctionnent en regard les unes des autres, elles épousent les hauts et les bas sur lesquels s'étalonne toute histoire d'amour fusionnelle. Elles sont violemment vivantes, ardentes, impudiques (Dans mes nuits parisiennes, Le Prince charmant) même si elles sont habillées avec style. Complexes au fond malgré leur simplicité apparente... Son Stylo a l'encre parfois féroce mais c'est toujours en vue d'une recherche éperdue d'amour fou, quitte à en payer le prix fort.

Plus du tout Mec à la coule, osant parfois se montrer chancelant et vulnérable, Manu Larrouy retrouve toutefois son équilibre le temps d'un duo de comédie romantique sous Le Parapluie avec la charmeuse qui aura inspiré tout l'album. Et comme avec Toulouse sur le premier album, il rompt ici virtuellement avec la Céline en question sur la chanson crève cœur qui clôture l'album. Celui-ci, trouve tardivement son titre, ce sera « Des mots doux, des mots durs » symbole de la contradiction amoureuse contemporaine. Jean-Baptiste Mondino pose un œil bienveillant sur cet artiste sensible à son environnement et encré dans son époque.