La Tecktonik

Venue de Belgique, la Tecktonik s'est propagée en France via les soirées du club parisien le Métropolis. Décryptage d'une mode qui fait fureur chez les 12-25 !

Publié le 29 octobre 2007

Les générations se suivent et se ressemblent… Après la seconde guerre mondiale, on dansait le rock’n’roll dans des clubs à la mode, puis vint le twist dans les années 1960 et ainsi de suite. Peu importe l’époque, la nouveauté crée toujours une rupture avec les habitudes des aînés, entraînant inlassablement critiques et désapprobation, avant de finalement rentrer dans les mœurs - tôt ou tard.

Nous ne sommes plus en Amérique, mais en France et un peu partout en Europe, et le rock’n’roll des clubs branchés des années 50 s’est mué en une danse née en belgique puis au début du 3ème millénaire dans les soirées branchées du club parisien Métropolis. Une danse qui frappe par son dynamisme, qui exacerbe les codes « technos » déjà existant : c’est la Tecktonik. Sous l’apparente cascade de mouvement dégingandés qui inondent les pistes de danses, rien n’est toutefois laissé au hasard. Du style vestimentaire, en passant par la coupe de cheveux - à tendance il est vrai androgyne – sans oublier les playlists des DJ’s à la mode, tout n’est qu’ordre est minutie. Chalouper sa démarche, se maquiller d’une étoile noire autour de l’œil à la mode de l’ancestral groupe de hard rock « Kiss », porter des vêtements rayés et exécuter ses mouvements dans un ordre mille fois répété devant le miroir de sa salle de bains… C’est plus qu’une danse, c’est un rituel !

Il est à ce titre inévitable de comparer la Tecktonik au mouvement hip-hop, qui a su s’imposer, dans d’autres lieux et d’autres conditions, dans les années 1980-90’. Quand la danse sort des lieux qui lui sont réservés, des salons d’hier ou des clubs d’aujourd’hui, quand le monde qui entoure la jeunesse se mue en piste de danse improvisée, quand le seul langage qui rassemble est une succession de mouvements excentriques, peu importe le style, le maquillage ou les regards désapprobateurs : du rock’n’roll à la Tecktonik en passant par le smurf, chaque génération marque l’époque de sa griffe : 2007 sera Tecktonik, ou ne sera pas !
A.P

Le style

Difficile de remonter dans l'histoire de la coupe de cheveux qui nous mène désormais à ce consensus qu'adoptent volontiers tous ces fans de "hard-tech". Mi punk mi... on ne sait pas trop, c'est un style totalement à part. Mais c'est une part importante de la panoplie. Sympathisants au mouvement, vous ne serez jamais un "vrai" avec votre coupe de Harry Potter !

Encore le style

Le jean slim remonté sur une chaussette à motifs bariolés. Voilà la quintessence du style et des "minimu requirements" pour obtenir le précieux sésame afin de se défouler en bandes dans les clubs branchés de la capitale et d'ailleurs. Qui a eu cette idée ? C'est une vraie question. Footballeurs, rugbymen, il est temps de recycler vos chaussettes !

"La Polémique"

Passons maintenant outre les oripeaux nécessaires à l'acceptation par la communauté d'un individu désireux de se joindre à ce mouvement tecktonik. Revenons à la jacquette de cette compilation que nos braves écoliers, collégiens et lycéens s'arrachent à tour de bras. Que voyez-vous en haut à gauche ? Cet aigle rappelle étrangement le « Reichsadler » (l'aigle du Reich). Pourtant certains aficionados de la galette numérique nous affirment que "la Tecktonik n’a aucune idéologie, et reste apolitique" et ajoutent même que l'aigle est utilisé dans le monde entier comme animal héraldique et n'est plus à mettre en rapport direct avec le nazisme. De quel mauvaise foi serais-je pour ne pas me satisfaire de ces explications... Lisez-donc la suite pour avoir un exemple de cette irrésistible envie journalistique de mettre les gens face à leurs contradictions.

NAZIS ?

Sur le site du club Metropolis, on peut voir ce genre de flyers pour annoncer des soirées. C'est vrai que j'ai été tellement suspicieux à l'égard de ce mouvement à la vue d'un aigle que je m'étais dit un instant qu'elle pouvait être liée -indirectement- au nazisme. Alors que lorsque je vois ce flyer, je dois avouer que rien ne me paraît vraiment anormal... A part peut-être la casquette de l'armée allemande...ou encore le masque à gaz et la fumée... Certains fans n'ont peut être pas passé assez de temps sur les bancs de l'école pour en arriver à la 2nde Guerre Mondiale. D'autres oui.

Et de vous à moi, lorsqu'on prend la responsabilité d'afficher autant de symbole nazis pour annoncer une soirée, on a forcément une motivation derrière. A quand une soirée organisée dans des chambres à gaz reconstituées avec des serveuses anorexiques ? ...Allez j'arrête, c'est la mauvaise foi qui me rattrape. J'oubliais : j'ai vu quelques sponsors dans les affiches de certaines soirées, dont un que j'ai particulièrement apprécié la teneur apolitique. Il s'agit de la marque de vêtement Aryan Wear (www.aryanwear.com). Dire que j'ai osé parlé de nazisme...
Alex Péron.