Interview de André-Georges Clep, Directeur du CESI

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Publié le 17 novembre 2006

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Capcampus :

Pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel ?

André-Georges Clep

Ingénieur de l'ESIEA et titulaire d'un DESS d'administration des entreprises (Paris-Dauphine), j'ai commencé ma carrière en tant qu'ingénieur informaticien au CEBTP (Centre Expérimental du Bâtiment et des Travaux Publics), puis au Centre d'Assistance au Calcul Technique de la Fédération Nationale du Bâtiment dont je suis devenu le directeur adjoint.

A cette époque, j'ai eu une première expérience de la formation en tant que professeur d'informatique au Centre des Hautes Etudes de la Construction (CHEC).

J'ai poursuivi mon parcours à la Direction de SSII spécialisées dans la fourniture de solutions informatiques "clé en main" aux entreprises du BTP, aux bureaux d'études et aux architectes.

Entré au cesi en 1991 comme directeur régional du cesi Grand-Est (trois établissements à Nancy, Strasbourg et Reims), j'ai quelques années plus tard, été nommé à la coordination nationale des centres de l'école d'ingénieurs, et assuré la direction du centre le plus conséquent : celui de Paris Bagneux.

Suite à une réorganisation du Groupe cesi, je me suis vu confier en janvier 2005 la direction de l'école d'ingénieurs du cesi qui compte 12 centres en France et 3 centres associés en Espagne, Allemagne et Algérie.

Depuis cette date, je suis également membre du Comité Exécutif du Groupe cesi qui comprend, outre son école d'ingénieurs, une école supérieure d'informatique appliquée – l'EXIA, ainsi qu'une structure spécialisée dans la fourniture de prestations de formation en inter et intra-entreprise et dans la formation de techniciens – cesi entreprises.

Capcampus :

Quel est le profil nécessaire pour être un bon Directeur ?

André-Georges Clep

Il n'y a pas de profil type. Il vaut mieux qu'il apprécie le monde de la formation bien sûr, mais il doit avoir des qualités de chef d'entreprise et être avant tout un bon manager. Il doit avoir une sensibilité "ressources humaines" forte, car la gestion de ces ressources est essentielle dans un organisme dont la richesse principale est constituée des femmes et des hommes qui le composent. Il doit également être gestionnaire, car les problèmes de financement des formations sont toujours présents et, même si on peut parfois le regretter, la dimension économique est importante.

Capcampus :

Quelle a été la décision la plus difficile que vous ayez prise en tant que directeur ?

André-Georges Clep

Probablement celle d'abandonner la direction de la région Grand Est du Groupe cesi que j'ai occupée pendant 12 ans pour prendre des responsabilités nationales au sein du Groupe comme directeur de son école d'ingénieurs.

 

  • L'Ecole

Capcampus :

Pouvez-vous nous présenter votre Ecole et ses spécificités ?

André-Georges Clep

Elle a été créée 1958 par des grandes entreprises comme Renault, la Snecma ou la Télémécanique avec un double projet :

-Un projet social et humaniste pour permettre à des techniciens à fort potentiel d'accéder au métier d'ingénieur dans le cadre de l'éducation tout au long de la vie,

-Un projet industriel pour fournir aux entreprises des ingénieurs immédiatement opérationnels capables d'encadrer la production et de manager des projets.

Depuis sa création en 1958, l'école d'ingénieurs du cesi est un outil essentiel de promotion sociale. Elle est l'école de ceux qui n'ont pas eu la possibilité de passer par les cursus classiques d'étudiants et les classes préparatoires.

Le projet social de l'école s'est prolongé et renforcé avec la mise en oeuvre de ses formations d'ingénieurs par la voie de l'apprentissage réalisées en partenariat avec des entreprises et des branches professionnelles.

Aujourd'hui 1/3 seulement des élèves qui intègrent l'école sont issus de milieux aisés, contre 2/3   dans les écoles d'ingénieurs classiques.

En 2005, l'école aura accueilli dans ses 12 centres plus de 900 élèves en formation d'ingénieurs généralistes et en formation d'ingénieurs de spécialité (près de 300 élèves ingénieurs en formation continue et plus de 600 apprentis ingénieurs ayant signé un contrat d'apprentissage avec une entreprise).

L'école est, et de loin, celle qui forme le plus d'ingénieurs par cette nouvelle voie d'excellence que constitue l'apprentissage.

Elle a dernière elle, plus de 47 ans d'innovations pédagogiques et a été précurseur en matière de formation d'ingénieurs par cette voie. Elle a su développer une véritable pédagogie de l'apprentissage dans laquelle elle est associée à ses quelques 1100 entreprises partenaires pour former leurs futurs ingénieurs.

L'école, très proche du monde industriel, travaille en partenariat avec les branches professionnelles, notamment la métallurgie, mais aussi le BTP, la chimie, la branche ingénierie...

A noter qu'elle est aussi la 1 ère école d'ingénieurs en France à avoir mis en place un système de management par la qualité (SMQ) certifié conforme à la version 2000 de la norme ISO 9000 par l'AFAQ.

Capcampus :

A partir de quelle(s) procédure(s) recrutez-vous vos élèves ?

André-Georges Clep

Les candidats de niveau minimum bac+2 ou plus (et 3 ans d'expérience professionnelle minimum pour la formation d'ingénieurs en formation continue), qui se présentent à titre individuel ou envoyés par leur entreprise, passent des tests de niveau dans les matières scientifiques et des tests de motivation.

Dans le cas de l'apprentissage, si ces tests sont satisfaisants et qu'ils sont déclarés admissibles, il leur faut alors trouver, souvent avec l'aide de l'école, l'entreprise qui va les recruter et avec laquelle ils vont signer un contrat d'apprentissage sur 3 années.

Capcampus :

Avez-vous des projets à réaliser à court terme (fonctionnement de l'école, ouverture à l'international...)?

André-Georges Clep

Oui bien entendu ! La poursuite de l'intégration du e-learning dans les formations de l'école, la mise en œuvre d'une pédagogie d'apprentissage par problème (APP) dans certains cursus, le développement de nos partenariats à l'international, le renforcement de notre rôle naturel d'interface entre les entreprises et les structures de recherche appliquée ...

Capcampus :

Quel est le positionnement international de votre Ecole ?

André-Georges Clep

Le déploiement à l'international de l'école est une composante importante de son développement, et nous avons des projets en cours de réalisation.

D'ores et déjà, des partenariats ont été signés avec deux universités britanniques pour permettre à l'école de proposer à ses élèves des doubles diplômes, favoriser leur mobilité et permettre l'accueil d'étudiants étrangers.

Nous venons également de déposer une demande d'accréditation d'un Mastère Spécialisé en partenariat avec une université canadienne.

A   noter aussi que tous nos élèves doivent réaliser, dans le cadre de leur formation, une mission à l'étranger de 10 semaines obligatoire pour l'obtention de leur diplôme.

Capcampus :

Selon vous, comment faire face à la compétition américaine qui place toujours ses écoles parmi les meilleures ?

André-Georges Clep

Attirer des étudiants étrangers, si possible les meilleurs, voilà bien un enjeu majeur pour l'avenir de nos écoles d'ingénieurs et nous n'avons pas que les Etats-Unis comme concurrents, quand ont sait que la France ne vient qu'en 4 ème position des pays dans lesquels les étudiants étrangers vont faire leurs études, après les USA bien sûr, mais aussi la Grande Bretagne et l'Allemagne.  

Capcampus :

Pouvez-vous nous citer trois arguments qui inciteraient les étudiants à venir étudier dans votre Ecole ?

André-Georges Clep

•  Les taux de placement de nos ingénieurs diplômés, supérieurs aux taux moyens des écoles classiques, ce qui est notamment dû au fait que tous les élèves sortant de notre école disposent d'une expérience de l'entreprise et ont des compétences professionnelles immédiatement opérationnelles.

•  Les méthodes pédagogiques de l'école, centrées sur l'élève ou l'apprenti ingénieur : l'accompagnement   des élèves et apprentis ingénieur par un système de double tutorat, tutorat à l'école par un ingénieur formateur et tutorat en entreprise, pour les conseiller et les guider dans la construction de leur projet professionnel.

•  La proximité de l'école avec le monde industriel et ses partenariats avec les branches professionnelles et les entreprises

  • L'enseignement supérieur dans l'actualité

Capcampus :

On oppose souvent les formations universitaires aux Grandes Ecoles, pensez-vous que seule la sélection fasse la différence ?

André-Georges Clep

La mise en place du LMD a constitué pour les universités, en tous cas pour certaines d'entre elles, une opportunité de revoir leur offre pour tenter de mieux répondre aux besoins des étudiants (licences et Masters professionnels).

La concurrence faite aux écoles d'ingénieurs est ainsi devenue plus active, même si un diplôme d'ingénieur d'une grande école reste encore aujourd'hui plus attractif qu'un Master professionnel.

Les formations d'ingénieurs sont aussi censées donner des compétences plus larges et plus diversifiées permettant une plus grande adaptabilité des ingénieurs à un monde du travail en perpétuelle évolution. Il faut que les écoles veillent à maintenir cet avantage, comme celui d'une proximité plus grande avec les entreprises et d'une meilleure adéquation à leurs besoins.

Capcampus :

Pensez-vous que l'excellence française appartienne au passé ?

André-Georges Clep

Dans un contexte national, européen et international extrêmement concurrentiel, l'enseignement supérieur français et notamment les écoles d'ingénieurs doivent se battre pour exister et développer leur notoriété à l'international et ce combat n'est pas gagné d'avance quelle que soit la qualité de leurs enseignements.