Interview de Clémentine AUTAIN, adjointe à la jeunesse au maire de Paris

Son parcours, la politique de la ville pour les jeunes ...

Publié le 19 septembre 2007

VOTRE PARCOURS EN QUELQUES MOTS :

CAPCAMPUS

L’histoire pour vous, toute une passion ?

Clémentine AUTAIN

Oui ! Je garde un excellent souvenir des mes années de fac, à Saint-Denis, pendant lesquelles j’ai pu faire un lien entre mes sujets d’étude et mes préoccupations militantes : j’ai eu ainsi l’occasion de soutenir un DEA sur l’histoire du MLF (Mouvement de libération des femmes).

CAPCAMPUS

Pouvez vous nous résumer votre parcours en quelques étapes ?

Clémentine AUTAIN

Mon premier engagement est le féminisme. J’ai milité au Collectif national pour le droit des femmes, avant de co-fonder une association mixte en faveur de l’égalité entre les sexes, Mix-Cités. Un peu plus tard, j’ai participé à la création de la Fondation Copernic, qui se propose de « remettre à l’endroit tout ce que le libéralisme fait fonctionner à l’envers », et suis toujours investie dans son animation. Je suis parallèlement devenue rédactrice en chef puis co-directrice du mensuel Regards, dans lequel j’interviens encore régulièrement. Depuis mars 2001, je suis élue à Paris, dans le 17e arrondissement, et adjointe au Maire de Paris chargée de la jeunesse. Je suis apparentée communiste.

CAPCAMPUS

Vous voilà aujourd’hui adjointe à la jeunesse au maire de Paris. Quelles sont les qualités requises selon vous pour exercer un tel poste ?

Clémentine AUTAIN

De l’obstination et de la force de conviction ! Il faut savoir faire avancer les projets malgré les lourdeurs et les pesanteurs qui peuvent devenir vite envahissantes !

CAPCAMPUS

Très jeune vous êtes entrées en politique? Comment motiver les jeunes qui doutent de plus en plus des politiques / de la politique?

Clémentine AUTAIN

Je ne suis pas « entrée » en politique comme on entre en religion ! Mais c’est vrai que le débat, la confrontation des idées m’ont toujours intéressée. Je n’imagine pas la politique comme une carrière : elle ne se réduit pas à un mandat électif, heureusement. Et je n’imagine pas me désintéresser de la politique de sitôt. Il y a plein de façon différente de s’investir. Ceci dit, il est clair que les jeunes peinent à trouver leur place dans ce champ : ils sont avant tout perçu comme un fardeau ou une menace, et très rarement comme une ressource pour la collectivité. Et il y a un problème évident de représentativité ! D’une manière générale, notre système politique peine à inclure en son sein des minorités bien déterminées : jeunes, femmes, personnes issues de l’immigration.

QUESTIONS D'ACTUALITE :

CAPCAMPUS

Il existe à Paris des conseils de la jeunesse. Pouvez vous nous dire en quoi consiste ce conseil 100% jeune?

Clémentine AUTAIN

Ce sont des structures de démocratie participative ouverte à tous les jeunes de Paris. Il y a un conseil par arrondissement et un Conseil parisien de la jeunesse. L’idée, c’est d’offrir aux jeunes la possibilité de dialoguer avec leurs élus, de donner leur avis sur les grands enjeux qui animent la Ville (les transports, l’environnement, le logement, etc.) et de monter des projets à l’échelle parisienne. Ils disposent d’un vrai budget : 200 000 euros pour les conseils d’arrondissement et 80 000 pour le Conseil parisien de la jeunesse. Il y a également un site Internet : www.cpj.paris.fr, sur lequel je vous vous invite vivement à surfer.

CAPCAMPUS

Comment peut ont faire partie de cette assemblée de 108 membres?

Clémentine AUTAIN

Tout le monde peut y participer. Il suffit de s’inscrire dans le CJA de son arrondissement. Aujourd’hui le CPJ est organisé en 4 commissions thématiques, et plusieurs événements sont donc en préparation pour cette année.

CAPCAMPUS

Pouvez vous nous donner des exemples de propositions issues de ce conseil qui sont aujourd'hui concrétisées?

Clémentine AUTAIN

Tout le long de la mandature les élu-es ont été interpellés par les jeunes. Je pense notamment au Plan de Déplacements parisien : les jeunes ont sollicité une rencontre avec Denis Baupin pour comprendre les contours et enjeux du projet. En 2005, le CPJ a monté une vaste opération de lutte contre les discriminations en organisant un événement de grand ampleur. Ils ont travaillé en collaboration avec la Première adjointe, Anne Hidalgo mais aussi avec l’élue en charge des affaires sociales, Gisèle Stievenard et Khedidja Bourcard, adjointe à l’intégration. Avec la concertation et la collaboration d’élu-es de nombreux autres projets ont ainsi vu le jour. En ce moment, le CPJ réfléchit à une vaste campagne de sensibilisation sur les relations Paris/banlieue. Ils s’apprêtent donc à travailler en lien avec le maire et de l’élu en charge des relations avec les collectivités.

CAPCAMPUS

Quels sont les domaines les plus discutés par les membres de ce conseil?

Clémentine AUTAIN

Nous venons de réaliser une enquête auprès des jeunes membres des CJA qui confirme ce que nous observions déjà depuis la création des Conseils de la jeunesse. Il ressort que les thèmes sur lesquels les jeunes ont envie de travailler sont le plus souvent liés aux questions de discrimination, de précarité et plus généralement à la question environnementale. La prévention, des MST notamment, mais aussi les campagnes de sensibilisation par exemple sur les violences faites aux femmes ou encore sur les inégalités hommes/femmes sont aussi au cœur de leurs préoccupations.

CAPCAMPUS

Logement : une vraie galère pour les étudiants en particulier dans les grandes villes. Quelles solutions la ville de paris peut elle apporter aux nombreux étudiants venant faire leurs études à PARIS ?

Clémentine AUTAIN

Pour les étudiants et tous les jeunes en général ! La pénurie de logement à Paris est sans doute le problème le plus crucial, et qui touche d’abord, évidemment, les classes populaires et les populations les plus fragiles. Sur la durée de la mandature, nous avons mis le paquet : 30 000 logements sociaux, 3500 logements étudiants et 1500 places en foyers de jeunes auront été financés. Mais la situation est critique, et l’impulsion doit venir de l’Etat. Tant que celui-ci, a minima, n’obligera pas les communes concernées à respecter la loi SRU (qui fixe un seuil de 20% de logements sociaux à attendre pour les communes dépassant un certain nombre d’habitant), et ne lancera pas de plan de construction massive de logements, la mobilisation des collectivités locales restera insuffisante.

CAPCAMPUS

Pouvez vous donner quelques exemples d'initiatives de la mairie de Paris dans ce domaine?

Clémentine AUTAIN

Nous avons par exemple mis en place un forum d’information sur le logement ouvert à tous les jeunes, qui concentre sur une journée et un lieu l’ensemble des informations et conseils indispensables pour tout savoir sur la recherche de logement, la colocation, les aides financières, les droits et devoirs du locataires, etc. Il est animé par les professionnels du secteur et aura lieu, pour l’édition 2007, le samedi 22 septembre à l’Espace d’animation des Blancs Manteaux, 48 rue Vieille du Temple dans le 4e arrondissement, dès 14h. C’est l’occasion de découvrir l’ensemble des dispositifs mis en place ou soutenus par la Ville de Paris dans ce domaine.

CAPCAMPUS

Votre pire souvenir depuis votre prise de fonction à la mairie de Paris

Clémentine AUTAIN

Les incendies d’immeubles insalubres, en avril et en août 2005, qui ont provoqué la mort de plusieurs dizaines de personnes.

CAPCAMPUS

Et le meilleur ?

Clémentine AUTAIN

L’annonce des résultats de l’élection municipale, en 2001, et la fête qui s’en est suivie toute la nuit sur le parvis.

CAPCAMPUS

Avez vous une devise dans la vie ?

Clémentine AUTAIN

Une formule utilisée par Gramsci : « il faut allier le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté ».

CAPCAMPUS

Un dernier mot à nos lecteurs étudiants ?

Clémentine AUTAIN

Investissez-vous dans votre quotidien, dans votre fac, dans votre ville ! Vous pouvez faire bouger les lignes, faire évoluer votre quotidien! On est toujours surpris par la force du collectif, lorsqu’on décide de s’engager vraiment. Et bonne chance !